#NOUVEAUCONTACT_
Une BD de Bruno Duhamel chez Bamboo Édition (Grand Angle) - 2019
09/2019 (28 aout 2019) 64 pages 9782818967270 Grand format 371312
Une fable sur les dangers du monde moderne et de sa main armée : les réseaux sociaux. Doug vit retranché à Castle Loch. Ancien photographe, il ne montre plus aucun cliché au public. Pourtant, quand au bord du lac, il shoote une créature étrange, il partage le cliché sur le réseau social Twister. Avec ce geste anodin à notre époque de réseaux sociaux omniprésents, il déclenche pourtant des événements qu'aucun n'est prêt à supporter. Le petit morceau de paradis qu'est Castle Loch devient un enfer alors que des légions de journalistes, d'écologistes... Lire la suite
Je ne connaissais absolument pas Duhamel et j'avoue que mon incursion dans son univers fut un vrai plaisir. J'ai découvert avec plaisir l'histoire de Doug qui photographie un monstre et publie sa photo sur le réseau social Twister. De cette simple publication vont découler des évènements totalement rocambolesques qui vont échapper au contrôle du pauvre Doug.
Le scénario de cette BD nous révèle tout simplement les vices et les conséquences que peuvent avoir nos publications sur les réseaux sociaux. C'est une vraie déferlante qui va s'abattre sur cette petite région peu habitée. J'ai vraiment adoré la façon dont Duhamel met en avant toutes les dérives de cet accès permanent à l'information. Les camions des chaînes de télé qui débarquent de partout, la horde de touristes, l'invasion de drones, tout cela est mis en scène de façon truculente. Tout au long de ma lecture, j'ai eu le sourire aux lèvres, fascinée par la façon dont Duhamel a mis en scène cette situation. Certaines scènes pourraient paraître presque poussées à l'extrême mais j'ai trouvé à titre personnel que au contraire, cela donnait du poids à la situation.
Le personnage de Doug est tout simplement dépassé par les évènements. Il ne pensait pas à la portée que pourrait avoir son geste et il va le payer très vite. Pour cet homme isolé, l'invasion de personnes qui va suivre sa publication, est un vrai choc. Il est entouré de personnes qui au contraire voient d'un bon œil, l'arrivée de tant de gens qui vont pouvoir remettre en route l'économie de la région.
Duhamel nous offre donc avec son scénario une analyse fine et drôle de l'impact des réseaux sociaux mais également de l'accès sans réel filtre de l'information. Il accompagne son histoire d'illustrations très colorées. Le paysage des Highlands éclate de beauté sur chaque vignette. En revanche, je suis un eu moins conquise par l'esthétique des personnages que je trouve un peu grossière.
J'ai donc vraiment apprécié le contenu de cette BD plus que son esprit graphique mais cela reste néanmoins une bonne analyse de notre société actuelle.
http://aufildesplumesblog.wordpress.com
Cet album traite de la thématique de l'emprise des médias en quête de nouvelles fracassantes. Cela se passe en Écosse où un photographe a saisi un monstre dans un lac assez célèbre pour une autre créature.
Cela renvoie incontestablement à la nouvelle de ce week-end qui concernait une arrestation en Ecosse de l'un des hommes les plus recherchés de France. Il y a cette quête du sensationnalisme sans même vérifier les sources et cela aboutit à l'arrestation d'un innocent. Comment ne pas faire le parallèle avec ce que dénonce justement cette bd ?
Pour le reste, c'est assez bien dessiné. Il y a une belle dose d'humour et de dérision face aux déchaînements médiatiques autour d'un vieil homme qui n'aspirait qu'à la tranquillité. Il est dommage que le récit soit dans sa seconde partie aussi alambiqué avec cette histoire de piratage informatique car tout y passe véritablement. Au final, la lecture reste assez sympathique.
Comme Yovo, je ressors de cette lecture assez mitigé. Et plus enclin à la sévérité au moment de "juger" ce livre.
Graphiquement, c'est du très bon travail. C'est LE point fort de cet album. Quand je vois certains décors, la lisibilité de l'ensemble, la facilité avec laquelle chaque personnage est caractérisé et immédiatement reconnaissable, Duhamel est un très bon dessinateur.
Son Ecosse n'est pas tout à fait conforme à la réalité, il le reconnait en début d'album pour n'y être jamais allé ; il manque l'humidité de l'hiver, et ça fait une sacrée différence. Mais enfin, ce n'est pas grave, car l'histoire présentée est une fable.
Pour le scénario, en revanche, au dela de la fable, j'y ai vu une succesion de clichés, certains insupportables (sur les catholiques, qui prennent cher comme trop souvent dans les oeuvres de fiction ; une cible facile et si caricaturée que bon nombre d'imbéciles sont persuadés qu'il s'agit de la réalité), d'autres bien vus, mais enfin globalement une histoire comportant trop d'éléments caricaturaux pour en faire une oeuvre forte.
Une adaptation en film ou en série tv nécessiterait un gros travail de fond et de réalisme, parce que sinon les excès de la caricature se retourneraient contre l'oeuvre. Trop d'excès tue l'excès, en quelque sorte, et enlève un peu de plaisir de spectateur.
C'est dommage car l'occasion était belle de prouver que le graphisme franco-belge classique est toujours autant d'actualité et reserve encore de belles surprises.
J'espère aussi que Duhamel ira vers une série plus classique dans le scénario, avec une histoire de longue haleine sur plusieurs albums, parce que j'ai quand même vu de belles choses dans ce "nouveaucontact". Mais ça, c'est mon souhait de lecteur, et pas une sentence définitive sur ce que cet auteur doit faire de sa carrière.
Un album résolument satirique qui dénonce la toxicité des réseaux sociaux et leurs multiples effets pervers. Duhamel a de bonnes intentions et beaucoup d’idées, mais à trop vouloir en dire, le message devient lourd et se dilue un peu dans les clichés. Idem pour le dessin qui peut être élégant et nuancé, par moment, puis passer sans prévenir à la caricature facile. Le personnage principal, par exemple, ne m’a semblé ni très expressif ni vraiment sympathique.
Malgré tout, le scénario et son effet "boule de neige" reste plaisant et assez addictif. Je n’ai pas pu le lâcher avant la fin.
Au final, je dirais que c’est un album inégal, alternant le très bon et le moyen. En comparaison, l’excellent « Le retour » était à mon avis plus fin et abouti.
Une excellente bande dessinée traitant de l'emballement médiatique que peuvent générer les réseaux sociaux. Le trait reste très "classique", très franco-belge et cela colle parfaitement avec la narration. Franchement j'ai beaucoup aimé.
Des ravages des réseaux sociaux sur la lande écossaise... De la BD "classique", au sens noble du terme, comme dans musique classique. il faut suivre Duhamel, d'abord parce qu'il ne nous emmène pas dans des séries interminables mais sur des one shot, ensuite parce qu'il aborde des thèmes rarement traités en BD.
La couverture hautement énigmatique ne nous dit pas si l'on a affaire à un délire sur le Loch Ness ou sur Internet mais donne bien envie d'ouvrir l'album, avec ses tons bleus que semble apprécier l'auteur. Ce dernier a inséré en début et fin d'ouvrage différents textes humoristiques présentant les avertissements "légaux" avant de lire l'album ou un florilège de pages web absurdes illustrant son propos sur Twi(s)tter. De petits bonus qui ne vont pas jusqu'au cahier graphique ou dossier mais sont bien agréables et prolongent l'immersion. Ça mets en bouche et j'aime ça.
Doug MacMurdock vit seul sa maison au bord d'un Loch écossais. Il est misanthrope et photographe amateur en mal de reconnaissance. Le jour où il décide de publier sur le réseau social Twister le cliché improbable d'une créature inconnue son monde bascule dans le grand maelstrom d'un monde médiatique en effervescence...
J'ai découvert Bruno Duhamel sur Le retour, formidable biographie d'un artiste fictif revenant sur son île natale de Santorin. J'ai prolongé le plaisir sur son précédent album Jamais, jouissive rébellion d'une vieille aveugle refusant de quitter sa maison sur le poinds de effondrer avec la falaise... Avec cet auteur on est en terrain connu et l'on retrouve avec son Doug le même caractère bien trempé, un peu anarchiste, un peu violent, à la répartie cinglante et aussi prompt à se mettre dans la crotte que de conspuer les bassesses du genre humain. Certains auteurs nous lassent en donnant l'impression de recycler leur concept thématique et graphique; ce n'est pas (encore) le cas de Duhamel, notamment par-ce que sa passion se ressent à la lecture, avec une énergie que seul un Wilfried Lupano transmet aussi bien dans ses BD. J'avais déjà fait le lien entre les deux auteurs sur le personnage de Madeleine dans le précédent album et ici on prolonge cette proximité d'univers comme jamais: radicalité du personnage, trognes poilantes (le militaire cerné, j'adore!), propos politique subversif... les deux auteurs sont assurément cousins!
Graphiquement c'est très maîtrisé. Son style, issu du dessin d'humour, a évolué depuis quelques albums en s'affinant doucement vers plus de réalisme. S'il aime toujours autant nous pondre des trognes et regards très expressifs, tout est précisément dessiné, premiers comme arrières-plans avec un soucis du détail remarquable et des couleurs vraiment agréables. Duhamel est en outre un excellent scénariste qui gère son découpage très efficacement en jouant sur les césures de case, de page et ellipses qui accentuent les scènes drôles. Il semble tenir à se référer aux bibles de la BD d'humour puisque après le poissonnier d'Asterix dans Jamais, il nous introduit une scène de lama cracheur directement issue de Tintin.
Duhamel est totalement dans le comique de situation, qui fonctionne absolument sur les deux premiers tiers de l'album. Dès que le héros disparaît pour nous montrer les conséquences de sa publication sur Twister on perd un peu l'effet comique pour quelque chose de plus attendu avec l'hystérie collective qui prends les différents groupes militants, avec un message plus ciblé sur Twitter. Du coup, si l'on comprend la nécessité de rentrer dans le cœur de son propos la machinerie comique se grippe un peu, ce qui m'empêche de laisser le cinquième calvin de notation que j'envisageais un long moment. On n'est donc pas loin du chef d'oeuvre sur la première partie, grâce à une succession de scuds verbaux et la constance du personnage à assumer son radicalisme. Si vous adorez le Pierrot des Vieux fourneaux précipitez-vous en écosse pour tâter la barbe de Doug. Si Madeleine est sa sœur, Doug est son fils spirituel!
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