Mutafukaz
INT. Mutafukaz
Une BD de RUN chez Ankama Éditions (Label 619) - 2018
05/2018 (04 mai 2018) 596 pages 9791033505303 Autre format 332367
Mutafukaz s'inspire de la science-fiction des années 50 en y mêlant des ingrédients contemporains, comme le hip-hop et le catch. Ce cocktail en fait une bande dessinée à l'atmosphère sombre, paranoïaque mais toujours fun et second degré.Une compilation des tomes 1 à 5 contenant des planches revues ainsi que des planches inédites
Quelle déception qu'a été cette lecture!
Premièrement, analysons ce que le dos de la couverture arbore fièrement :
1) Violence -- Pour être violent, c'est violent. Sang, tueries, décapitations... tout y passe. Pas de problème ici.
2) Langage grossier -- D'accord, c'est grossier. Ça amène un autre problème par contre... c'est à peu près 95 % du dialogue de l'histoire.
3) Sexe -- Alors là, non. Sur les 572 pages que font cette intégrale, il n'y a qu'une page... UNE que l'on pourrait considérer comme étant 'sexe'. Fausse publicité?
4) Discrimination -- Mouais... Chinois contre Japonais, quelques commentaires sur certaines ethnies... je dirais que c'est pas vraiment le nœud de l'histoire.
5) Drogues -- Hein? Quelles drogues? J'ai souvenir d'une référence à des stéroïdes... mais sinon?
6) Original Gangsters -- D'accord, il y a des gangsters. Par contre, s'ils sont originaux... c'est discutable.
Imaginez votre film de mafioso préféré. The Godfather... Goodfellas... Casino... Scarface... Et là imaginez que 95% du dialogue soit des "***** ta mère je **** ta **** va te faire ****"... encore.... et encore.... et encore.... et encore.... et que ce soit tout ce qu'il y ait! Je parierais qu'il n'y a pas 10 planches sur les 572 où il n'y a pas quelqu'un qui se fait traiter de taré!
J'imagine Run devant ses planches... "Ah ouais on va lui faire dire BOUM VA **** ça va être trop flippant! Et là il va rétorquer T'ES UN VRAI CONNARD! haha trop marrant! Et là lui va dire...."
Parce que lancer des obscénités à n'en plus finir, c'est la meilleure façon de masquer un scénario que l'on n'est pas capable d'écrire.
Et voilà où réside le problème avec Mutafukaz. Les dialogues sont nuls. Nuls mais vraiment vraiment nuls. À tel point que je m'ennuyais carrément. On dirait une histoire écrite par des gamins de première. Mais l'idée, à la base, est bonne! Ça se veut épique et grandiose avec des fils tissés dans tous les sens! Malheureusement, le dialogue ne tient pas la route! C'est sans intérêt! C'est monotone et monocorde!
Et c'est sans parler de la pseudo-philosophie à 5 sous que l'on trouve tout au long de l'histoire... "Si Dieu a tout créé, qui a créé Dieu?" Bon, vous voyez le genre. Il y a également énormément de clichés... genre Wily, l'éternel couard en qui ses amis continuent de croire malgré tout parce que... parce que? Parce qu'il faut bien un personnage débile qui trompe nos héros sans cesse voyons! Saura-t-il se racheter à la fin vous croyez? SUSPENSE!!! (non pas vraiment)
S'il y a quelque chose de bon par contre, c'est bien le dessin de Run. Le style change tout le temps, c'est on ne peut plus original. Parfois en couleurs, parfois en noir et blanc, parfois entre les deux. Run s'amuse à varier les genres et le design graphique est absolument superbe.
C'est dommage parce que côté graphique, c'est 10/10 facile! Mais les dialogues ne sont pas au rendez-vous! C'est puéril! Enfantin! Un rêve d'adolescent (sans le sexe)!
Si vous aimez le genre, allez plutôt lire Lorna, de Brüno, par exemple. Ou encore mieux, allez lire la grande série Donjon de Trondheim et Sfar. Vous aurez quelque chose d'un peu plus intelligent à vous mettre sous la dent, tout en étant trash!
Run est un excellent dessinateur... mais il devrait peut-être se contenter de dessiner les histoires des autres.