Mort au Tsar
1. Le gouverneur
Une BD de Fabien Nury et Thierry Robin chez Dargaud - 2014
08/2014 (22 aout 2014) 54 pages 9782205071665 Grand format 221903
Moscou, 17 septembre 1904. Sur le parvis du palais du gouverneur général de Moscou, une foule révoltée par la misère brandit bâtons, pierres et légumes pourris. Au balcon, le gouverneur Sergueï Alexandrovitch lâche son mouchoir. Geste prémédité ou mouvement involontaire ? Peu importe, c'est le signal : les soldats tirent dans la foule. Dans un contexte politique explosif, où le peuple s'organise pour lutter contre le régime autocratique, cet épisode signe l'arrêt de mort du grand-duc. Dans ce premier tome, les auteurs présentent la personnalité... Lire la suite
Histoire très prenante qui se dévore littéralement. Décidément F. Nury a le don de nous emporter dans son univers. Mais malgré ce plaisir évident, j'ai trouvé que les recettes de narration, surtout le caractère des héros, étaient identiques à d'autres récits. Ainsi le "terroriste/révolutionnaire" avec son aspect violent et cynique ressemble fort à ce qu'il y a dans Katanga. Il en va de même dans le premier volume pour le caractère de l’aristocrate russe (pleutre et plutôt gentil!).
Mais bon l'ensemble est efficace.
Après nous avoir concocté La Mort de Staline, Fabien Nury et Thierry Robin abordent celle d'un membre de la famille Romanov à savoir le grand-duc Sergueï Alexandrovitch, gouverneur général de Moscou. Ce dernier a malencontreusement assassiné 47 personnes, dont des femmes et des enfants, le 17 septembre 1904 qui s'étaient révoltées contre la misère. Autant dire que ses jours étaient comptés car les anarchistes en ont fait la cible n°1.
Le premier tome se concentrera sur le point de vue de cet aristocrate russe. Le second sera celui du terroriste ayant réussi la mission au cri de "mort au Tsar". C'est une bonne idée que ce portrait dressé car on vit dans la psychologie du personnage en découvrant sa famille et ses proches. On sent du remords et un esprit torturé de quelqu'un qui sait qu'il va mourir. Bref, on le trouverait presque sympathique malgré un geste ou une maladresse inexcusable.
Cet album n'aborde pas la révolution de 1917 mais nous sentons déjà les prémisses. J'aime beaucoup le style de ces deux auteurs. Ce duo de choc nous fait vivre un pan de l'histoire de la Russie des Tsars.
Fabien Nury se sent à l’aise avec n’importe quel scénario et « Mort au Tsar » n’y déroge pas. L’histoire captive dès ce mouchoir blanc qui tombe en provoquant une tuerie que le gouverneur, grand-Duc Sergueï Alexandrovitch oncle du Tsar Nicolas II, lâche malencontreusement donnant un signal meurtrier à la troupe contre des manifestants. Celui-ci portera le poids de cette tragédie tout au long des pages de ce premier tome qui laisse en suspens la vie du gouverneur. Superbe, comme toujours.
Une histoire, deux albums pour l'illustrer selon la vision de deux protagonistes. Le coup est classique, mais ça fonctionne toujours. Ce tome est le moins intéressant des deux, malgré la personnalité complexe et contradictoire du personnage principal, le gouverneur de Moscou Sergueï Alexandrovitch (noble obligé de mener la politique tsariste, mais sensible aux malheurs du peuple). Je suis resté un peu sur ma faim, malgré le dessin très distingué de Robin que j'affectionne particulièrement.
Sur fond d'histoire bolchévique, suivez la déroute physique et psychologique du gouverneur Alexandrovitch. Un album intéressant qui vaut le coup d'être lu. Mais pas forcément possédé.
Après le très réussi "la mort de Staline" Fabien Nury & Thierry Robin nous reviennent avec "Mort au Tsar", véritable chronique d'une mort annoncée du Grand Duc Sergueï Alexandrovitch, gouverneur général de Moscou et accessoirement oncle du Tsar Nicolas II, en 1905.
Fort bien documenté,on entre dans l'intimité des Romanov et on suit avec avidité l'instant fatal.
Dans une Russie où les prémisses de la révolution d'octobre se font sentir, Fabien Nury nous propose là un récit haletant, surprenant (les lettres de menaces de mort, par exemple, sont d'une grande courtoisie) et réussi presque à rendre le Grand Duc sympathique.
Le style de Thierry Robin colle parfaitement à l'histoire, avec des doubles pages saisissantes sur l'armée tirant sur la foule.
Proposé sous la forme d'un diptyque, cet album peut toutefois se lire comme un one shot. (le second volume sera, je crois, la même histoire sous l'angle des scélérats - terme regroupant les anarchistes et les révolutionnaires- chez les Romanov).
Un très bon album pour débuter cette rentrée.