Le monde d'Edena
5. Sra
Une BD de Moebius chez Casterman - 2001
09/2001 62 pages 2203345241 Grand format 30 à 50 euros 11397
Stel et Atana ont été séparés, mais, écrit Moebius en ouverture de Sra, « la force du désir qui pousse Stel vers Atana est telle que rien ne semble pouvoir stopper notre héros dans sa quête. » Ainsi ses pas le portent-ils au monastère de Sra, étrange village « olofène » – ce que signifie, comme chacun sait : « Réservé aux hommes déliés ». Mais déliés de quoi, au juste ? Travaillé dans une forme onirique et souvent poétique qui fait fréquemment penser à l’écriture automatique des surréalistes, Sra marque le point final de la vaste fresque du Monde... Lire la suite
Entre onirisme et réalité, "Le monde d'Edena" nous ouvre sur un monde nouveau. Le T1 introduit calmement l'univers, on pourrait même l’appréhender comme un T0 (forme de préquel). Les dessins, très épuré dans ce premier tome finissent par devenir plus organiques au fil du récit selon le monde dans lequel évolue les personnages. Dans son ensemble, la progression de la narration est bonne, beaucoup de questionnements sont soulevés au fils des tomes sans trop en dévoiler, une tension permanente et de belles surprises parsèment la série. Mais voilà que le T4 se termine sur une impression générale plutôt bonne, le T5 casse selon moi une partie de la dynamique et de la tension à cause d'une légèreté dans le scénario et les dialogues (plein de nouveaux mot inventés font leur apparition pour renforcer le coté extraterrestre, mais cela crée un certains flop tellement les mots semblent bidons ou dépassés).
Le plus décevant concernant la forme, c'est le dessin et les couleurs : simple au départ, peu de détails, des formes standards et des grands aplats de couleur. On ressent le minimalisme volontaire de son auteur. Heureusement, le trait se complexifie une fois arrivée à Edena, donnant lieu a de belles séquences onirique et organique. Dans le dernier tome, on retombe dans le minimaliste, voir même parfois un dessin qui semble bâclé et qui dénote avec la puissance de la narration. Les descriptions de l’œuvre en post-face du T1 et T2 qui montrent le cheminement de Jean Giraud/Moebius et son inspiration pour écrire cette série sont appréciés.
Si le récit sait toujours convaincre par la force des choses, les dessins et surtout les couleurs semblent d'un autre temps.
Sur la forme, je ne me m’empêcher de comparer cette série à celle du "Monde d'Arkadi", qui a lui aussi une approche fantastique et onirique, mais aussi un aspect terre hostile versus terre civile (le "Nid" de Moebius s'apparente à la ville "Dité" de Caza) . J'apprécie d'autant plus cette dernière série, avec un dessin et un style de Caza qui me transporte bien mieux : plus mystique, sauvage et d'autant plus organique.
Ouh là... C'est beau et foisonnant, on aime Moebius donc on s'y plonge, mais en ce qui me concerne j'ai un peu perdu pied et je cherche, comme le héros, Atana...
La bascule dans le rêve ou le cauchemar est brutale et la rupture avec l'intrigue des albums précédents m'a vraiment désarçonné... C'était peut-être le but...
Le "dénouement" nous fait un pied de nez et nous renvoie "Sur l'étoile" finalement... Je reste un peu sur ma faim mais les chutes à la Moebius c'est souvent ça alors d'accord on le suit :-)