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« La première chose à savoir sur mon frère : il est mort le jour de son dixième anniversaire. Ce qu’il faut savoir de moi : je suis né neuf mois après. Maman dit que je suis revenu. Personne ne nous connaît mieux qu’elle. Peut-être a-t-elle raison. »
Dans un mois, Jakob aura dix ans, l’âge auquel son frère est décédé, percuté par un bus alors qu’il était à vélo. Du coup, il a peur que l’histoire se répète et qu’il connaisse bientôt le même sort. Sa mère porte bien sûr une part de responsabilité dans cette peur qui s’est installée en lui, elle qui inventa la fable du retour à la vie de l’enfant chéri pour se protéger du passé. Chaque jour, ce mensonge fait toutefois peser sur les épaules du jeune garçon un poids qu’il n’a jamais demandé à supporter : il veut être à la hauteur, ne surtout pas décevoir une telle attente. Il prend d’ailleurs des leçons de piano comme son frère avant lui, allant jusqu’à jouer et s’approprier les chansons écrites par cet autre Jakob qu’il ne connaît pas, mais qu’il côtoie dans ses rêves. Son identité en devient floue ; il ne sait pas très bien quelle part de son imaginaire lui appartient et quelle part lui provient de son frère. Entre les deux, il y a un partage qui tient du mystique. Sous-jacente, il y a aussi une sorte de facilité qui pointe le bout de son nez : marcher dans les pas de l’autre, suivre un chemin déjà tracé, du moins jusqu’à ses dix ans. Au-delà, c’est l’obscurité, l’inconnu, d’où la peur de ne pas survivre à la date fatidique.
Loin d’un professeur de piano qui voit dans les traits de Jakob ceux de son frère, loin d’une mère qui rejoue le drame en boucle et d’une école où il n’a jamais trouvé sa place, Jakob cherche une échappatoire auprès de son amie Miranda. Sa joie de vivre, les risques qu’elle prend, les petits dangers auxquels elle se confronte au quotidien… tout cela devrait permettre à Jakob d’enfin voler de ses propres ailes, de profiter de la vie. Une zone d’ombre reste néanmoins à explorer : celle entourant la disparition d’un père qui a pris la fuite pour tourner le dos à cette histoire de résurrection.
La confusion qui caractérise l’identité de Jakob est au centre du livre et le volet graphique se devait de la souligner. Avec un trait tantôt épais, tantôt très fin, Joanna Hellgren parvient à donner forme à cette indécision qui habite le personnage de Jakob. L’autrice compose ainsi de grandes fresques où les dessins ne prennent jamais le pas sur les mots, et inversement. Cet équilibre, fragile, est maintenu du début à la fin ; la calligraphie, soignée, confère au texte toute son importance. L’ensemble rend une impression de douceur et accorde une place prépondérante au vide, au blanc qui emplit les pages. Comme un écho à l’existence d’un petit garçon souvent ostracisé, partagé entre crainte et curiosité.
Psychothérapie de choc d’un gamin sur qui pèse le fantôme d’un frère aîné mort jeune. Le sujet est intéressant et la façon de le traiter, en restant sur un propos enfantin, est profonde. C’est le dessin qui m’a gêné…
Trait sale à l’encre + lavis. Personnages difformes, avec des perspectives étranges, qui me mettent un peu mal à l’aise, ce qui est sans doute recherché compte tenu de l’histoire.
« La première chose à savoir sur mon frère : il est mort le jour de son dixième anniversaire. Ce qu’il faut savoir de moi : je suis né neuf mois après. Maman dit que je suis revenu. Personne ne nous connaît mieux qu’elle. Peut-être a-t-elle raison. »
Dans un mois, Jakob aura dix ans, l’âge auquel son frère est décédé, percuté par un bus alors qu’il était à vélo. Du coup, il a peur que l’histoire se répète et qu’il connaisse bientôt le même sort. Sa mère porte bien sûr une part de responsabilité dans cette peur qui s’est installée en lui, elle qui inventa la fable du retour à la vie de l’enfant chéri pour se protéger du passé. Chaque jour, ce mensonge fait toutefois peser sur les épaules du jeune garçon un poids qu’il n’a jamais demandé à supporter : il veut être à la hauteur, ne surtout pas décevoir une telle attente. Il prend d’ailleurs des leçons de piano comme son frère avant lui, allant jusqu’à jouer et s’approprier les chansons écrites par cet autre Jakob qu’il ne connaît pas, mais qu’il côtoie dans ses rêves. Son identité en devient floue ; il ne sait pas très bien quelle part de son imaginaire lui appartient et quelle part lui provient de son frère. Entre les deux, il y a un partage qui tient du mystique. Sous-jacente, il y a aussi une sorte de facilité qui pointe le bout de son nez : marcher dans les pas de l’autre, suivre un chemin déjà tracé, du moins jusqu’à ses dix ans. Au-delà, c’est l’obscurité, l’inconnu, d’où la peur de ne pas survivre à la date fatidique.
Loin d’un professeur de piano qui voit dans les traits de Jakob ceux de son frère, loin d’une mère qui rejoue le drame en boucle et d’une école où il n’a jamais trouvé sa place, Jakob cherche une échappatoire auprès de son amie Miranda. Sa joie de vivre, les risques qu’elle prend, les petits dangers auxquels elle se confronte au quotidien… tout cela devrait permettre à Jakob d’enfin voler de ses propres ailes, de profiter de la vie. Une zone d’ombre reste néanmoins à explorer : celle entourant la disparition d’un père qui a pris la fuite pour tourner le dos à cette histoire de résurrection.
La confusion qui caractérise l’identité de Jakob est au centre du livre et le volet graphique se devait de la souligner. Avec un trait tantôt épais, tantôt très fin, Joanna Hellgren parvient à donner forme à cette indécision qui habite le personnage de Jakob. L’autrice compose ainsi de grandes fresques où les dessins ne prennent jamais le pas sur les mots, et inversement. Cet équilibre, fragile, est maintenu du début à la fin ; la calligraphie, soignée, confère au texte toute son importance. L’ensemble rend une impression de douceur et accorde une place prépondérante au vide, au blanc qui emplit les pages. Comme un écho à l’existence d’un petit garçon souvent ostracisé, partagé entre crainte et curiosité.
Psychothérapie de choc d’un gamin sur qui pèse le fantôme d’un frère aîné mort jeune. Le sujet est intéressant et la façon de le traiter, en restant sur un propos enfantin, est profonde. C’est le dessin qui m’a gêné…
Trait sale à l’encre + lavis. Personnages difformes, avec des perspectives étranges, qui me mettent un peu mal à l’aise, ce qui est sans doute recherché compte tenu de l’histoire.