La mille et unième nuit
Une BD de Étienne Le Roux et Vincent Froissard chez Soleil Productions (Metamorphose) - 2017
10/2017 (25 octobre 2017) 80 pages 9782302063938 Grand format 312572
Le Sultan Shariar gouverne en imposant ses vues à la ville de Rum. Marié à Scheherazade, une conteuse qui tient le peuple éveillé, il accepte un pari fou lancé par le lion roi, Baali'm : lequel d'entre eux sera jugé le meilleur roi ? Leur juge sera un vieil homme dont la femme et le fils ont été respectivement transformés en âne et en singe par Lilith, la femme de Salomon, dans d'étonnantes circonstances...
Encore une nouvelle variation sur le thème des 1001 nuits avec une belle Shéhérazade obligée de conter des histoires à un sultan sanguinaire qui n'hésite pas à décapiter ou à étrangler ses conquêtes au petit matin. La ruse de Shéhérazade est de faire continuer le plaisir en racontant la suite de ces histoires passionnantes.
Malgré tout, il y a une certaine forme d'originalité à travers une trame générale au milieu de toutes ces petites histoires. Le sultan sera confronté en effet au roi Lion. Il y a également l'intervention de Lilith qui a le don de transformer des humains en âne et en singe.
J'avoue que c'est beau visuellement malgré quelques personnages un peu figés et peu expressifs. Cependant, j'ai eu quelques petits problèmes dans ma compréhension de ce scénario parfois alambiqué. La fin m'est apparue comme un peu incongrue.
Malgré tout, cela demeure un bel ouvrage où la magie peut opérer.
Je n'ai pas réussi à m'imerger dans l'histoire autant que je l'aurai voulu. Cela mérite peut être une deuxième lecture. Ceci dit, les dessins et les couleurs sont magnifiques et évoquent un songe tout du long. Rien que pour le plaisir des yeux, de dénicher chaque détail de chaque planche, je recommencerai cette lecture ! :)
Attention chef d’œuvre! Je croyais que la claque du printemps Il faut flinguer Ramirez était un objet rare, pourtant quelques mois plus tôt Étienne Le Roux et Vincent Froissard avaient sorti un album dont la couverture et le thème (les mille et une nuits) m'avait attiré... mais comme on ne peut pas tout lire j'ai laissé passer le temps! Le sujet donne lieu à des essais réguliers, pas toujours réussis. La sortie de l'album dans la très prestigieuse collection Métamorphose était un bon signe... totalement confirmé en devenant l'une des pièces maîtresses de la très graphique collection de Soleil. Cette collection me plait par-ce qu'elle est l'une des rares à mettre autant d'importance à l'aspect matériel de ses albums et à ses finitions. Cela a son revers, l'absence systématique d'infos sur les auteurs et de bonus.
La série Nils d'Antoine Carion s'était faite remarquer par son esthétique générale mais également par ses couvertures et maquette absolument sublimes. Sur La mille et unième nuit on est dans le même standard, qui vous fait pleurer les yeux avant d'ouvrir l'album avec une couverture et une tranche gaufrées et dorées, ceci étant harmonieusement accompagné par des cadres ouvragés revenant sur un certain nombre de pages de l'album. Le dernier album dont le travail de fabrication m'avait autant marqué c’était Les Ogres-Dieux.
Mais contrairement à ce dernier l'album de Le Roux nous propose une histoire impressionnante de simplicité, de fluidité et qui nous transporte littéralement au pays des Djinn. La bonne idée est d'imaginer une fin aux mille et une nuits mais de ne prendre finalement que le cadre (les personnages du Sultan Shéhérazade et sa sœur Dinarzad) pour partir sur une histoire libre mais totalement influencée par les contes orientaux. Ainsi il sera question de marchand voyant sa caravane prise dans une tempête pas si naturelle que cela, du roi des Djinn et du roi des lions, de fléaux naturels, de duplicité et de transformations...
Ces bonnes idées scénaristiques sont accompagnées par une voulez de détails rigolos et diablement esthétiques comme ces tapis volants aussi courants que des dromadaires. L'illustrateur a adopté une technique que je n'arrive pas à définir et qui semble utiliser un papier non lissé qui donne un relief incroyable aux planches. On a un mélange de crayon et de craie je pense mais je me demande s'il n'y a pas une retouche numérique (comme Chloé Cruchaudet sur Groenland-Manhattan) pour donner cet effet flou qui donne une folle classe a chaque case. J'ai passé un temps déraisonnable a lire cet album tant il n'y a pas une seule case banale!
Les joyaux sont souvent simples et se laissent contempler a l'envi. C'est le cas avec ce magnifique album qui habille une histoire qui aurait pu faire partie du recueil des Mille et une nuit. De quoi hésiter à le ranger banalement au milieu de sa bdtheque...
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