Michel Vaillant
4. Route de nuit
Une BD de Jean Graton chez Lombard (Collection du Lombard) - 1962
09/1962 62 pages Format normal 100 à 150 euros 28240
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Ce livre a longtemps été ma BD préférée. Et je le relis encore avec gourmandise ! Parce que c'est le genre de récit qui participe à la "construction" d'un enfant en contant une aventure magnifique qui met en avant des valeurs positives et constructives
Si j'ai 600 BD à la maison, c'est à cause de "Route de nuit". Si j'aime tant qu'on me raconte de belles histoires en dessins et en mots, c'est aussi à cause de "Route de nuit". Si la BD est une passion dévorante, c'est toujours à cause de "Route de nuit".
L'album était dans la bibliothèque familiale et je l'ai lu 20 fois, 100 fois peut être. Grosbras, Boule, Jules, Marcetto, Régis, Benjamin et, bien sûr, Yves ont accompagné mon enfance à dévorer les histoires. Et mes décors d'enfance étaient Pelissanne, la nuit provençale, l'intérieur des camions et évidemment la national 7.
Car tout est absolument parfait dans cette aventure de Michel Vaillant ou Michel n'est quasiment qu'un personnage secondaire (Il n'est même pas présent dans la conclusion finale).
1er album ou l'action ne situe pas sur un circuit (juste un petit passage sympa à Monaco ou l'on parle de Maurice Trintignant, le papa de Jean Luc) , il raconte le quotidien des chauffeurs routiers des années 60 saupoudré d'une trame policière. Et c'est quasiment documentaire. Des planches entières racontent comment on conduit ces engins, d'autres racontent les relais routiers, la cohésion, le sens de la loyauté et de la fraternité.
On comprend que Jean Graton aime cet univers autant que celui des circuits de l'époque. les valeurs humaines sont les mêmes. Car à l'époque des Fangio et des Moss, la F1 n'était que cela: courtoise, fraternité, loyauté. Un champion pouvait laisser gagner une course un autre champion car il considérait qu'il le méritait d'avantage. C'était l'époque des gentlemen pilotes avant que l'argent détruise tout. Chez la fratrie des routiers, c'est la même chose. Et si les classes sociales sont aux antipodes. Les valeurs sont identiques.
Mais Jean Graton construit aussi une atmosphère de nuit autour d'une émission radio. Ces dessins sont somptueux de détails et d'ambiance. Il utilise à la perfection les couleurs qui lui sont possibles. Car ces aventures sont d'abord publié dans un journal et il est dans l'obligation d'utiliser un quadrichromie standard.
Les personnages, des principaux aux secondaires, sont tous d'une précision psychologique intense grâce à une multiplicité de petites histoires qui harmonisent merveilleusement la trame principale.
Il y a l'amitié entre Michel et Steve qui devient fraternel au travers de cette aventure qui lient les hommes les uns aux autres. Il y a la paternité de Jules pour Grosbras et puis pour Yves, de benjamin pour ce gavroche. Il y a la famille Vaillant, toujours. Et il y a le Marseille des années 60 et La nationale 7.
Et puis il y a la poursuite finale dans la nuit, la quête du fantôme blanc au travers d'une émission radio et d'un esprit de corps. Cette recherche monte crescendo jusqu'au dénouement. Graton gère comme toujours parfaitement cette montée émotionnelle.
Tout y est parfait, unique, absolument maitrisé avec des envolées sur la fraternité et les valeurs humaines. Et il y a l'enquête ou je mets quiconque au défi de trouver "le méchant" tout lecteur avant sa découverte par les protagonistes.
Et ça sent bon les années 60, Gilles Grangier réalisant "Gas-Oil" avec notre Jean Gabin national et toujours toujours la nationale 7.
Oserai-je dire que cet album est LE monument du 9ème art ? Oui, j'ose. Mais, vous l'aurez compris, je ne suis guère objectif puisque "Route de nuit" est l'un des piliers de mon enfance.
Cet album est certainement l'un des meilleurs de la série, avec "le retour de Steve Warson", mais ce serait trop réducteur de ne nommer que celui-là, tant les 17 premiers albums sont de pures merveilles.
Il faudra rendre un jour ses lettres de noblesse à cette série, et à son auteur ; un incomparable raconteur d'histoire et un graphiste de génie.
Effectivement, cet album nous fait plonger en immersion dans le monde des routiers de la Nationale 7 des années 60, et on y est, on y respire le gasoil et la sueur, la nuit nous enveloppe et nous oblige à lutter contre le froid et l'endormissement.
J'envie les jeunes lecteurs de l'époque, qui pouvaient découvrir chaque semaine des BD d'une qualité jamais égalée depuis, une BD soit-disant brimée par la censure, mais qui donna d'incomparables chefs d'oeuvre, dont cet album.
La patine du temps et la nostalgie d'une époque révolue (et que je n'ai pas connu, pourtant !) ajoutent ce supplément d'âme qui rend la série immortelle.
Très inspiré du "Gas-oil" de Gilles Grangier, "Route de nuit" est le premier Michel Vaillant qui ne sente pas l’huile de ricin, mais le cambouis et le coup fourré et fleure bon le doux parfum de la chaussette et du maillot de corps. Un album où il faut y fourrer son nez, dans la collection du Lombard, of course. D’ailleurs pour une fois que notre sympathique champion n’appuie pas dessus, les 64 pages jaunies sentent le champignon. Non, non ce n’est pas madame qui prépare une fricassée, c’est la douce odeur du style rétro. Et de l’aventure. Pour une fois, celle-ci n’est pas au coin de la rue, mais de la route, de nuit en l’occurrence.
Pour l’occasion nous faisons la connaissance de nouveaux amis. Régis, le fourbe, tout droit sorti de "L’affaire Saint-Fiacre" de Maigret. Ben, l’oncle qui saoule un peu et emballe maman Douleac. Espérons qu’elle ne le trouvera pas trop collant. Sans oublier Yves, le minot de Marseille, qui "tourne mal". Un comble pour notre as du volant. Et puis il y a le méchant, mû par l’appât du lucre, qu’on ne découvre qu'à la page 61. Je dois avouer que je me suis bien fait avoir. Ah ça oui, alors ! Tout ça pour finir son voyage au bout de la (route de) nuit "fait comme un rat". "Fait comme un rat !" J’ai toujours rêvé de la placer celle-là. Route de nuit ? Ce dont on fait les rêves.
un très bel album qui prouve que GRATON pouvait sortir des circuits;pour la premiere fois les personnages secondaires ont beaucoup de relief :Yves,sa mère et Régis sont des caracteres que l'auteur utilisera de nouveau.il y a un côté réac (cheveux longs = voyou )mais qui passe quand même;Michel et Steve y poussent la chansonnette (Bécaud).
Merci de nous faire découvrir un autre monde que celui de la course, à travers le monde des routiers qui savent dans le besoin s'entraider, si le cas ce presente.
Le scénario, nous tiens, du début jusqu'à la fin. Une pure merveille.
A n'en pas douter l'un des chef-d'oeuvres de Graton et de la série. La découverte du monde des routiers dans les années 60 est très appréciable et sympathique.
I loved this album when I was a child. Now, at 49, I've read it again and I understand why. It has charm, but this arises with no mystery from the fine drawing, the agile script, without loose threads, the lively outline of all characters -main and secondary-, the minute documentation and, not least, from an enthusiasm which engages the reader to the last page.
Of course, most of the "M. Vaillant" series is excellent, a great and sustained accomplishment in the Art of Bande Desinée, and this very album (in spite of being quite aside the usual racing world) is, for me, one of the best.
Un album sans auto de course, qui nous fait plonger dans la Provence des années soixante...
De jolis camions, des relais routiers qui invitent au voyage...Une ambiance particulière....Sans doute le plus typé des albums de ce héros immortel...