Mawda - Autopsie d'un crime d'État
Une BD de Manu Scordia chez La boîte à bulles - 2024
03/2024 (06 mars 2024) 192 pages 9782849534908 Format comics 496208
La nuit du 17 mai 2018 sur une autoroute belge, une camionnette transportant des migrants tentant de passer en Grande-Bretagne est prise en chasse par des policiers. Cette course-poursuite se solde par la mort d'une petite fille de deux ans, Mawda, atteinte en pleine tête d'une balle tirée par un policier. Un drame qui fait grand bruit dans l'opinion publique. Les jours suivants, plusieurs versions des faits se sont succédé, émanant du Parquet et relayées par la presse : l'enfant serait morte d'un traumatisme crânien car les migrants se seraient... Lire la suite
Cette BD met l’accent sur un horrible drame survenu en Belgique alors que les autorités locales ont pris en charge un véhicule qui refusait d’obtempérer et qui transportait des émigrants en situation d’irrégularité. Une balle perdue a troué la tête d’un bébé de 2 ans dans les bras de sa mère.
Inutile de dire que les parents ont été arrêté et maltraité alors qu’ils ont vu leur fille mourir sous leurs yeux dans l’indifférence général des policiers. Ces derniers ont même accusé les parents d’avoir jeté leur enfant du véhicule en marche afin de se dédouaner de cette situation embarrassante. A noter que les médias assez complaisants vis-à-vis des sources policières ont repris en chœur cette version maquillée des faits. Bref, un vrai scandale d’état.
Je sais qu’on vit une époque où l’immigration ne passe plus auprès d’une grande majorité de la population. Il n’y a plus de compassion, d’humanité face au drame que vivent ces migrants venant de pays où ils sont menacés de mort. On ne quitte pourtant pas son pays natal pour rien.
Mais de là, je ne peux me résoudre à accepter que la police les abat à vue comme du vulgaire bétail ou des terroristes. Certes, le passeur n’a pas respecté l’obligation de s’arrêter aux injonctions des forces de l’ordre. Les pauvres gens à l’intérieur de la camionnette n’y peuvent rien. Certes, les policiers essayent de faire leur boulot et dans des conditions qui ne sont pas faciles. Tout cela est compréhensible. Mais bon, on ne tire pas sachant que cela peut entraîner la mort de manière aléatoire. Le pire étant par la suite de cacher cette bavure policière de façon éhontée.
Evidemment, pour beaucoup de nos concitoyens, les forces de l’ordre doivent faire respecter la loi par tous moyens à leur convenance et cela implique l’usage des armes si la personne ne coopère pas. Du coup, la plus horrible des morts peut trouver une justification qui ne paraît pourtant pas admissible si on analyse les faits de fond en comble comme l’a fait l’auteur.
Cette BD a le mérite de présenter les choses de manière objective même si cela parait à charge contre les policiers qui sont passés dans l’art de la brutalité. Certes, mais les faits sont là de manière incontestable. Je n’ai pas aimé cette connivence malsaine entre les autorités policières et la Justice ainsi que les médias.
Il est vrai qu’on peut dire comme c’est indiqué dans un mot sur la postface que c’est toute la société qui est malade avec ce problème de flux migratoire. On ne se comporte plus avec humanité. On en est arrivé là.