Malone
1. Faux pas
Une BD de Michel Rio et Pierpaolo Rovero chez Casterman (Ligne Rouge) - 2007
01/2007 46 pages 2203392533 Format normal 60318
Dans une zone pavillonnaire anonyme, un homme s’introduit discrètement dans une maison, visiblement rompu à l’exercice. C’est un tueur, venu attendre dans sa cachette le journaliste Pierre Brémond, alors occupé à finaliser un dossier très compromettant pour Alexandre Alberti, célèbre financier international. Pourtant, au lieu de remplir son contrat, le tueur propose au journaliste un très surprenant marché : exécuter son propre commanditaire, Alberti, en échange d’une photo que Brémond conserve sur son bureau – un simple portrait de sa femme et... Lire la suite
Comment ne pas faire le parallèle avec la série Le Tueur de Luc Jacamon et Matz, publiée également chez Casterman, dans la collection "ligne rouge" ? Même si le thème est différent, on ne peut que faire allusion à cette formidable série à la lecture de "Malone".
J'ai été vraiment bluffé par ce premier numéro de ce diptyque. Ce premier opus alterne sans cesse scènes bavardes (voire très bavardes), et scènes muettes.
Nous suivons le parcours d'un tueur cynique et froid, que l'aspect souvent silencieux de certaines pages, rend encore plus mystérieux.
Je déplore pourtant certains effets de style à la "matrix" (voir page 16 ) qui n'apporte rien à l'histoire et font plus sourire qu'autre chose, atténuant ainsi le côté spectaculaire de l'intrigue.
Le scénario de Michel Rio repose essentiellement sur le personnage du tueur (dont on ne connaît même pas le nom tout au long de cet épisode); élément assez paradoxal pour une série qui s'intitule "Malone", du nom du commissaire divisionnaire chargé de l'enquête, que l'on découvre seulement à la fin de l'album.
J'ai apprécié la maîtrise scénaristique mettant en évidence le sang froid de ce tueur, sans état d'âme et calculateur.
Convaincu par cette série, j'en conseille évidemment la lecture.
Suberbe !
Des dialogues magnifiques...
Un concept et une façon de voir et percevoir le monde exposée par tueur si puissants et argumentés qu'on se sent attiré par ce personnage.
Le commissaire Malone attend la fin du premier album pour faire son apparition et de par ses déductions, on est impatient de voir la confrontation avec le tueur.
Le héros laisse sa place de personnage principal et c'est bien...
Un dyptique bien construit...
Rarement une bande dessinée n'aura délivré une telle puissance introspective et réflexive. Si l'histoire (belle, mais assez conventionnelle) pourrait se résumer en un assez court paragraphe, il n'en ait pas de même des réflexions philosophiques du mystérieux tueur. C'est lui que nous suivons, c'est lui le personnage principal, non pas le commissaire Malone. On dirait, paradoxalement, que de par sa position extrême (celle d'enlever la vie) c'est lui qui arrive le mieux à objectiver de manière froide mais visiblement lucide l'humanité, son rapport au monde et la façon dont l'homme a d'interagir avec ses semblables en se fourvoyant dans des raisonnements subjectifs qu'il croit justes, alors qu'ils l'aveuglent.
Le découpage narratif et graphique consiste en une alternance entre des séquences chargées de textes avec d'autres qui en sont dépourvues. Les dessins sont très réalistes, dans la tonalité du scénario. Quant aux couleurs, pour ma part, ce panorama de gris, de noir, de brun ou de vert terne, me semble participer à la froideur du contexte : un tueur à gages froid, quasi insensible, qui évolue dans des sphères sordides. D'autant plus que ce tueur ne semble pas être très bien dans sa tête...
On aimerait pouvoir dire du mal de cet album car finalement les dessins ne sont pas terribles, le début de l'histoire est bavard et même verbeux !, l'assassin-méticuleux-propre-sur-lui-très-professionnel-mais-qui-a-un-coeur-sous-sa-gabardine fait quand même très cliché.
Eh bien malgré tout cela, ça fonctionne !
En fait on veut surtout savoir ce qui a lié le tueur et la jeune veuve (elle a des faux airs d'Emmanuel Béart jeune).
On verra avec le second album ce que vaut vraiment la série. En attendant, voici un très gentil moment de détente.
Peu de dialogues, des planches bien construites... On est loin cependant de l'impact que représente la série culte Le Tueur de Jacamon/Matz. Le deuxième volume situera cette BD dans la catégorie géniale ou moyenne.