La malbête
1. Monsieur Antoine en Gévaudan
Une BD de Aurélien Ducoudray et Hamo chez Bamboo Édition (Grand Angle) - 2015
04/2015 (01 avril 2015) 46 pages 9782818932896 Grand format 242529
Dans les traces de la bête du Gévaudan… En 1765. Antoine de Beauterne, porte-arquebuse du roi, arrive sur les terres de la célèbre bête. Il va être confronté à l’indicible. Cadavres à moitié dévorés, chasseurs reconvertis en bandits de grand chemin… Un allié inattendu va pourtant changer le cours des choses : Barthélemy, 11 ans, habile à la fronde, accepte de devenir son palefrenier, malgré l’exécution par ordre royal de son père protestant.
La malbête est encore une évocation de la fameuse bête du Gévaudan qui terrorisa cette région au cours d’une période bien définie du Moyen-Age. Ce loup géant fit de nombreuses victimes entre 1764 et 1767 dans l'actuelle Lozère. On estime qu’il y a eu entre 88 et 124 cas recensé. De nos jours, 18 attaques de requin à la Réunion dont 7 mortel depuis 2011 ont provoqué une grave crise dans ce département d’outre-mer français. On imagine ce que cela devait être pour la Lozère à une époque où les médias n’existaient pas.
Il est vrai que la littérature et le cinéma ont souvent exploité cette histoire qui dépasse le fait divers. On se souvient tous par exemple du fameux Pacte des Loups de Christophe Gans avec une théorie pour le moins intéressante. Il faut savoir qu’il existait 20.000 loups en liberté à cette époque mais ils fuyaient plutôt l’homme. Visiblement, ce loup pas comme les autres agissait un peu comme le requin solitaire du film The Reef.
J’ai beaucoup aimé les réflexions du porte-arquebusier du roi Antoine de Beauterne sur les inégalités. Il arrive à percevoir chez un jeune garçon protestant du potentiel. Il faut voir au-delà des apparences des êtres. Il est vrai que j’apprécie ce réalisme qui confère à cette œuvre une bonne dose d’humanité.
Au final, je n’ai pas été déçu par ce premier tome bien au contraire. On suivra ce diptyque de qualité avec le plus grand plaisir. Si on connait tous le destin de la bête, on ne sait rien de celui du jeune Barthelemy.
Cette histoire n’est pas uniquement celle de la bête du Gévaudan. Elle mêle personnages historiques et personnages de fiction, et traite aussi de sujets telles les frictions entre religions protestantes et catholiques ou encore la jalousie d’un fils volage. Avec un dessin « semi-réaliste » les auteurs nous offrent une BD de bonne facture même si dans ce premier volume l’action est minimaliste.