Les maîtres des îles
1. Aux Vents des Antilles : Martinique 1845
Une BD de Stéphane Piatzszek et Gilles Mezzomo chez Glénat - 2019
08/2019 (21 aout 2019) 64 pages 9782344025673 Grand format 372909
La liberté n’existe que si elle est universelle 1846, Saint Pierre, Martinique. Eliza Huc quitte le couvent Sainte Agnès pour retourner au domaine familial, une plantation de békés tenue par sa famille depuis plusieurs générations. Alors que son père et son frère sont encore au continent, Eliza doit subir l’autorité martiale de son grand-père, un homme dur et ancré dans une vision ancienne du monde. Comme aux pires temps de la traite négrière, pourtant interdite depuis plus de vingt ans, celui-ci continue d’exploiter, persécuter, fouetter et violer... Lire la suite
Avec Gilles Mezzomo aux crayons, je savais que seul le scénario pouvait pécher (pour moi), car j'aime beaucoup son style même s'il est peut-être un peu "ancienne école".
Et toujours, appuyé par le travail fantastique de la coloriste Céline Labriet (de belles couleurs, pas ou peu d'effets numériques).
Je n'ai pas été déçu, je reproche assez souvent (dans ma barbe) aux scénaristes de trop s'appuyer sur le travail des dessinateurs mais une BD est avant tout une histoire, avec de la lecture où une scénette ne doit pas tenir sur trois planches.
Ici, le scénariste a bien dosé, on a une belle histoire (ou triste, ou révoltante, à vous de choisir), nous ne sommes ni assommés de textes ou de long dialogues, ni passés par des planches vides contenant trois mots et deux onomatopée.
Je ne me suis pas ennuyé un instant, et surtout j'ai très envie de connaitre la suite.
Les personnages m'ont touché et c'est bien ce qui compte.
Avec une héroïne "héroïque", la situation pourrait sembler manichéenne au premier abord mais elle ne l'est pas tant que ça, le grand-père et la jeune fille n'ont pas été élevés dans les même conditions.
La jeune fille a grandi durant une période de troubles, de doutes, de changements, il semble presque normal qu'elle fasse preuve de rebellion. Elle et son grand-pêre se comportent exactement comme la société de leur époque respective.
Bref, pour moi la seule lecture du premier opus est un émerveillement.
Je n'ai voulu ni lire autre chose ni regarder un film le soir après la lecture. Je me suis plongé dans quelques articles sur cette période à la place...
Nous avons l'archétype de la jeune héroïne Eliza Huc qui vient de sortir de l'école des bonnes sœurs pour rejoindre la plantation familiale située en Martinique dans les Antilles en 1845 dans les pires moments de l'esclavage.
Il est question d'un monde en plein changement avec de nouvelles lois un peu plus protectrice pour les esclaves et l'industrialisation qui aura un effet sur les productions agricoles de l'île.
On va assister à des scènes assez cruelles qui démontrent que les propriétaires blancs n'étaient prêt à rien lâcher de leur pouvoir. Notre jeune héroïne qui a fleurté avec un black va l'apprendre à ses dépend. Le jeune esclave en question qui devait satisfaire les moindres caprices de sa maîtresse va en perdre la main au sens propre du terme.
J'avoue avoir eu un peu de mal avec ce graphisme que j'ai trouvé un peu vieillot et trop classique mais c'est une affaire de goût tout simplement. Il faut s'y habituer.
Au final, c'est une véritable saga historique et familiale, sociale et politique, ayant pour cadre la Martinique ainsi que les plantations de canne à sucre. Pour mémoire, les esclaves se sont soulevés sans attendre le décret de 1848 proclamant la fin de l'esclavage. Bref, cela va être la fin des maîtres des îles pour notre plus grand bonheur.