La maison Usher
Une BD de
Jean Dufaux
et
Jaime Calderón
chez Delcourt
- 2023
Dufaux, Jean
(Scénario)
Calderón, Jaime
(Dessin)
Calderón, Jaime
(Couleurs)
Chailleux, Philémon
(Lettrage)
Poe, Edgar Allan
(Adapté de)
11/2023 (22 novembre 2023) 54 pages 9782413038184 Autre format 485838
« Comment deviner ce qu'elle recèle, cache, vit. Tout voyageur préfère passer son chemin devant la maison Usher... » Ainsi débute ce récit d'horreur gothique revisité où Edgar Allan Poe lui-même s'invite chez la famille Usher au destin aussi funeste qu'inéluctable...
La Chute de la Maison Usher est une des nouvelles les plus célèbres de l’immense Edgar Poe, qui a inspiré nombre d’œuvres musicales, cinématographiques ou BD. Netflix vient de diffuser la première saison d’une variation audiovisuelle et au moins trois autres adaptations BD sont déjà parues avant cette originale version de Jean Dufaux.
L’originalité de ce one-shot est d’élargir librement l’histoire du personnage principal en imaginant une classique fuite devant un créancier violent. Le surgissement surnaturel d’un fiacre semblant sorti des Enfers permet à Damon Price, cousin du riche Rodrick Usher (son ami d’enfance dans la novelle) d’échapper à un assassinat et de découvrir la fameuse maison qui donne son titre au récit et fait office de personnages à part entière. Cet ajout permet d’installer une atmosphère vénéneuse et de caractériser cet antihéros qui abuse de l’amour d’une belle prostituée et de multiplier les antagonistes redoutables de violence avant de confronter le personnage à la maison et son propriétaire. Dufaux fait également œuvre de facétie en insérant Edgar Poe dans le récit avec une mise en Abîme intellectuellement très attrayante où l’auteur raconte au personnage son propre récit…
Les planches de Jaume Calderon (qui spécialisait jusqu’ici sa redoutable technique sur des récits historiques) nous plongent immédiatement dans une ambiance que ne renierait pas Tim Burton, où les grandes cités de la côte Est ne sont encore que des bourgades aux maisons de bois et aux ruelles tortueuses et où les brumes de la campagne n’attendent plus que de laisser émerger esprits et non-morts… La violence du récit de Jean Dufaux est sèche et le scénariste ne laisse que peu de possibilité de compassion pour son personnage qui va se retrouver (un peu facilement) dans les griffes d’Usher. S’agissant d’un conte noir le lecteur n’attend pas tant de la vraisemblance que de l’immersion et en la matière le projet est tout à fait réussi. Ainsi lorsque le maître des lieux nous conte le destin tragique de sa sœur entre chandeliers gothiques et qu’il promène son invité dans les marais environnants on n’est guère surpris de voir surgir des forces surnaturelles aussi normales à cet emplacement que le cocher aveugle qui a sauvé Price ou la maison dont les portraits semblent vivants. Dans ce type de récit le personnage n’est qu’un focus à une narration linéaire. Pour une adaptation d’un classique on peut dire que les auteurs réussissent à nous surprendre, ce qui était une gageure.
Avec des planches somptueuses, un texte inspiré et une action qui évite de limiter le projet à de la seule horreur gothique, Dufaux et Calderon nous proposent avec ce one-shot une élégante proposition fantastique qui sait enrichir le matériau d’origine et, cerise sur le gâteau, permet de lire le texte de Poe présent en fin d’album et lui comparer l’adaptation. On a trouvé pire comme découverte d’un texte célèbre.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2024/01/06/la-maison-usher/
Quelle superbe couverture, avec ce titre incrusté en relief et cette tranche toilée en violet qui se marie parfaitement aux teintes de cette magnifique femme descendant l’escalier.
La contemplation de cette illustration a provoqué un éblouissement à mes yeux.
Les œuvres de Calderon sont d'une splendeur exceptionnelle, elles sont réalistes, le trait est très précis, la colorisation est parfaitement adaptée à l'atmosphère.
Mais voilà, tout s’arrête là pour moi.
Les illustrations sont impeccables, mais le scénario ne m'a pas du tout captivé, il est trop rapide et complètement confus, quelle est l'utilité de cet écrivain dans cette histoire. Malheureusement, je n'ai pas réussi à entrer dans ce récit.
Je vais rapidement oublier cette BD, à l'exception des graphismes.