Mademoiselle Else
Une BD de
Manuele Fior
chez Delcourt
(Mirages)
- 2009
Fior, Manuele
(Scénario)
Fior, Manuele
(Dessin)
Fior, Manuele
(Couleurs)
Schnitzler, Arthur
(Adapté de)
09/2009 (23 septembre 2009) 83 pages 9782756015491 Format comics 91676
Pour sauver son père de la ruine, Mademoiselle Else, une jeune femme très convoitée, sollicite l'aide financière d'un ami de la famille, qui exige en échange une faveur : voir Else nue pendant un quart d'heure. Désemparée, elle n'ose imaginer se plier à une telle humiliation. Dès lors, des pensées nébuleuses virevoltent dans son esprit torturé pour n'entrevoir qu'une issue possible : le suicide.
Ce titre est passé totalement inaperçu lors de sa sortie. Il faut dire qu'avec toutes les productions, celles qui ne font pas de publicité à grand renfort de campagne marketing sont plutôt vite oubliées. Dans ce cas, il ne reste plus que la solution du bouche à oreille.
Je sais que la collection Mirages chez Delcourt propose des romans graphiques intimistes assez intéressants en règle générale. Celui-ci échappera-t-il à la règle ?
On pourra tout d'abord être frappé par le graphisme. Il fait un peu vieille France mais il colle parfaitement à l'ambiance fin de siècle dernier voulu par l'auteur dans le milieu de la bourgeoisie en villégiature. C'est d'ailleurs tiré d'un roman d'Arthur Schnitzler écrit en 1924. On aura droit à différents codes visuels assez bluffants comme des contre-plongées.
Je regrette simplement de voir une jeune femme de 19 ans qu'on croirait beaucoup plus vieille sur certaines cases. Il y a comme une déformation peut-être voulue du dessin. C'est très souvent flou comme pour imaginer la beauté. En tout cas, c'est une belle expérience graphique avec un talent de l'auteur indéniable. Encore un jeune auteur italien me direz-vous !
Pour le reste, il s'agit d'un drame plutôt classique. Je m'attendais sans doute à quelque chose de différent et de plus percutant. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour sauver un père de la ruine ! La Belle Epoque avait ses règles assez strictes. On revit véritablement une certaine ambiance au milieu de ce microcosme malgré un statisme apparent du récit.
Bref, c'est difficile de se faire une idée précise tant c'est différent de toutes les productions actuelles. Cela ne sera pas une lecture facile d'accès au grand public, c'est certain. Il faut aimer la lenteur et la mélancolie qui trouvent un certain charme dans ce récit.