Ma vie de réac
1. Ma vie de réac
Une BD de Morgan Navarro chez Dargaud - 2016
09/2016 (02 septembre 2016) 120 pages 9782205075144 Autre format 287069
On me traite de réac mais je ne le suis pas. Je suis lucide, c'est tout. Est-ce être réactionnaire de voir à quel point le monde court à sa perte ? N'est-ce pas normal d'être atterré par la bêtise crasse de notre époque? Une époque où les enfants commandent, où l'idiotie est cool, où le savoir est moqué, où on se demande si c'est pas machiste de tenir la porte aux dames ? Bon, je sais, parfois je m'énerve un peu trop, mais c'est plus fort que moi. Attaqué par la connerie, je réagis, c'est tout. Bon ok, je suis réac.
Cet album m'a fait rire de la première à la dernière page. Sans doute parce que je suis moi même un peu réac.
Je me suis reconnu maintes fois dans cet album. Que cela soit lors d'un repas de famille, en discussion avec des amis ou dans mon lit vers 1h du matin. Les paroles et pensées de ce vieux réac sont d'une justesse chirurgicale. Il fait mouche à chaque gag.
Le propos est souvent très juste et équilibré. Le réac en prend pour son grade, mais on ne sombre pas dans la propagande bobo.
J'ai lâché le livre au bout de 20 pages, vite lues et assez quelconques.
L'auteur n'est pas allé au bout de ses intentions, et a tenté de ménager la chèvre et (surtout) les choux.
L'auteur a voulu se moquer des réactionnaires (dont les intentions sont aussi -voir plus- nobles que celles des révolutionnaires), en épousant en apparence leur pensée, pour mieux la ridiculiser.
Et cela se comprend dès la couverture, où le réac est ridiculisé parce qu'il s'émeut de voir 2 hommes se marier.
C'est la technique des nouvelles ligues de vertu qui sévissent actuellement ; la normalité est montrée du doigt au nom du prétendu droit à la différence.
Car le droit à la différence ne peut s'appliquer qu'aux minorités ; la majorité est priée de s'écraser, et de justifier ses actes.
(et si vous êtes blanc, chrétien, français de souche, avec des principes de vie, des valeurs de charité, de patriotisme et marié avec quelqu'un du sexe opposé, vous allez prendre cher !)
Je pense qu'au contraire, l'auteur a cherché à équilibrer les choses, à essayer de rendre sympathique son personnage de réac, mais pour ne pas être accusé d'être un réac lui-même, il a du donner des gages à ces nouvelles ligues de vertu, et tourner en dérision les pensées finalement pleines de bon sens du réac.
Le résultat est décevant, et soulant au bout d'un moment, car ce n'est pas très drôle. Le constat de départ est juste, mais la chute des "gags" fait pschitt. Souvent, je n'ai pas réalisé que c'était la chute de l'histoire.
Bref, il y a mieux à lire en ce moment.