Info édition : DL non précisé mais un AI du 20 octobre 1969. Dos toilé rouge. Alternance de planches couleurs et N&B.
Info édition : DL 4e trimestre 1983. Avec 6 pages d'introduction de Claude Moliterni et Pierre Couperie, avec la collaboration de Philippe Druillet, Charles Cohen, André Couture, Paul Daubannay.
LE joyau de l'histoire de la bande dessinée, indépassé et probablement indépassable. McCay fut le Michel-Ange, le Leonardo et le Jérôme Bosch de cet art tout juste naissant. Sans lui, il n'y aurait probablement jamais eu de Moebius ni de Chris Ware. Peut-être pas de Calvin & Hobbes non plus. Ni de Satoshi Kon si ça se trouve. Et je ne parle même pas de séquences d'animation telles que le cauchemar de "Dumbo". Ça va même au-delà du cadre des "petits miquets" fixes ou animés : McCay fut un génie de l'art tout court et le plus fabuleux représentant de l'Art Nouveau.
Son seul et unique défaut : il faut absolument le lire en grand format. L'idéal étant l'édition Taschen au format quasi d'origine, monstre magique de près de 10kg pour lequel il faut avoir des bras de Popeye et désormais - hélas aussi - vendre un rein.
Je n'aime pas en général les vieilles bandes dessinées que je trouve souvent dépassées. Cependant, on me répète souvent que c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes. Dois-je alors en conclure que ce sont les vieilles peaux qui font les meilleures soupes?
Ici, c'est différent car nous avons l'une des toutes premières bandes dessinées au monde qui est considérée comme une oeuvre majeure. Little Nemo est né en 1905 c'est à dire il y a plus de 100 ans ! Il était publié dans un journal chaque jour qu'il fallait lire pour suivre les aventures de ce petit garçon rêveur âgé de 6 ans.
Bref, on touche à l'histoire même de la bande dessinée dans ce qu'elle a de plus sacrée. L'auteur a véritablement réalisé une oeuvre visionnaire dans son approche. Il y a même de sacré trouvailles qu'on peut admirer compte tenu de l'époque. Ainsi, chaque planche se termine par le réveil de Nemo où il se fait tirer soit en tombant ou par ses parents. J'ai bien aimé également les enchaînements entre les planches où les éléments du décor s'adaptent au rêve.
Il est vrai que dans le genre, j'avais comme les lecteurs de l'époque une petite préférence pour Pim Pam Poum dans un registre plus humoristique. Little Nemo est une invitation au rêve dans ce qu'il a de plus féérique.
Winsor McCay a tout inventé. Pas tout, non. Mais beaucoup. Quand on pense
que son Little Nemo a commencé à paraître en 1905, on ne peut s'empêcher
de dire qu'il fut le plus grand visionaire du 9e Art. Ses cadrages, le découpage
de ses planches, ses mises en perspectives, l'utilisation primordiale de la
bulle... tout est là. McCay a su exploiter à merveille avant quiconque toutes les
possibilités que pouvaient offrir le medium BD, et ce à une époque où la bande
dessinée se résumait souvent à des images figées acolés à un texte purement
explicatif.
MacCay construit ses perspectives parfaites, invente sa mise en page
intelligente, imagine ses cadrages grandioses, et nous donne ainsi à lire des
planches véritablement époustouflantes, foisonantes de poésie, d'inventivité et
d'imagination. Little Nemo rêve tout comme Winsor McCay devait également
être un grand rêveur, mais éveillé celui-là. À chaque semaine son rêve, à
chaque rêve sa planche, et à chaque planche un pur bonheur. Little Nemo ira
de mondes en univers, d'univers en mondes, croisant sur sa route des
personnages hauts en couleur comme le mauvais Flip, le docteur Pill ou
encore cet espiègle sauvage des îles Océaniennes.
De la grande bande dessinée. Chaque page est une vraie merveille.