Le labeur du diable
1. Première partie
Une BD de Fathi Beddiar et Babbyan chez Glénat - 2022
09/2022 (21 septembre 2022) 80 pages 9782344043196 Format normal 455731
Dérapage en beauté: un loser magnifique.Los Angeles.Webster Fehler, 40 ans, souffre du mal existentiel qui touche la majorité de la population angeleno : la dépression. Son quotidien ne se définit qu'à travers l'isolement et la frustration. Webster n'a personne à aimer, ni à qui parler. Il subit le poids d'une existence au rabais dans un cabinet d'avocats où il n'essuie que mépris et reproches. Jusqu'au jour où le destin intervient d'une façon sournoise : Webster trouve une sacoche égarée qui renferme un badge de policier et une arme chargée. Cette... Lire la suite
Cette introspection qui se passe dans la ville de Los Angelès ne fait pas trop rêvé. On est confronté à la dépression d'un homme qui vit seul et qui file sur ses 40 ans entre isolement et frustration. Il faut dire que l'entourage que cela soit les voisins, les passants ou les collègues est plutôt hostile à son égard sans véritable justification légitime.
Par ailleurs, la ville nous est présentée comme dangereuse avec ses mafieux locaux régnant sur les quartiers. Il y a également de la prostitution partout. Inutile de vous indiquer que c'est pour un lectorat assez avisé. Les premières cases ne manqueront d'ailleurs pas de vous choquer. On commence fort avec une ambiance assez crasseuse voulu par les auteurs.
La découverte d'une sacoche va le transformer et cela conduira à un drame sans précédent qui mettra la ville des anges à feu et à sang. Comme dit dans la BD, c'est en milieu hostile que les instincts barbares se bonifient.
Un trait dynamique, bien servi dans un bon découpage des planches, rend le récit quand même nerveux. La colorisation est toute en finesse et « joue » bien des ombres portées.
J'ai bien aimé pour son côté mature et adulte avec des réflexions qui font mouche comme celle de glorifier avec des statues érigés dans les places des villes le conquistador sanguinaire Juan Rodriguez Cabrillo qui a bâti toute sa fortune en transformant les êtres humains en esclave. Par ailleurs, j'ai adoré la scène chez l'employeur quand il obtient un licenciement à l'amiable avec indemnités pour cause de harcèlement moral.
C'est une lecture âpre mais qui ne laisse pas indifférent avec une narration assez envoûtante et malsaine. Cela m'a fait penser un peu à du Jodorowsky mais c'est différent dans sa modernité. J'ai toujours aimé un traitement plus adulte des histoires. Là, je suis servi.
Dans un univers à la "chute libre", en bien plus sombre, cet homme pète un câble et remet tout en question sur notre système de société !!
Beaucoup aimé..