Kleos
INT. Kleos
Une BD de
Serge Latapy
et
Amélie Causse
chez Bamboo Édition
(Grand Angle)
- 2023
Latapy, Serge
(Scénario)
Eacersall, Mark
(Scénario)
Causse, Amélie
(Dessin)
Causse, Amélie
(Couleurs)
05/2023 (26 avril 2023) 132 pages 9782818998786 Format normal 469768
Un jeune et pauvre pêcheur grec, qui rêve de gloire, part à la folle poursuite de pirates... Kleos aphthiton, la gloire immortelle, c'est l'idéal héroïque dans la Grèce antique. En 499 avant J.-C., les Grecs vivent encore disséminés en petites communautés, mais ils partagent quelques points communs : un mode de vie, un panthéon et la langue grecque, qui les différencient des barbares.Baigné par L'Iliade et L'Odyssée, dont il connait chaque vers, le jeune Philoklès rêve d'exploits comme son modèle Achille. Alors, quand des pirates pillent son île... Lire la suite
Kleos, c'est avant tout l'histoire de Philoklès, fils de pêcheur, désireux de partir à l'aventure et de prouver sa vaillance aux yeux de tous. La réalité de l'époque, sa condition sociale et diverses péripéties viendront lui rappeler que rien n'est facile ni acquis d'avance.
Hommage aux légendes et anciens récits grecques, ce double album est fabuleux à bien des égards.
Premièrement, le dessin de l'autrice Amélie Causse est un plaisir de par sa clarté et son trait expressif. La mise en page est carrée et les séquences imagées faisant référence à la mythologie apportent de l'eau au moulin de ce pauvre Philoklès, à la fois victime et insupportable de par son caractère. Le mélange des genres est bien assumé entre récit d'aventures, touches humoristiques et tragédie pour un équilibre bien dosé.
Au final, un diptyque de très bonne facture quoiqu'un peu trop court.
Récit initiatique dont le protagoniste est un anti héros, hommage crypté aux grandes épopées et aux conteurs. Un scénario très documenté, non dénué d'ironie, fourmillant de péripéties mais sachant aussi se taire par moment. Une dessinatrice au graphisme original et pourtant au service de l'histoire, à la mise en scène d'une grande fluidité. Et une des plus belles couvertures de l'année selon moi.
Un récit propre, bien ficelé, presque trop même. J’ai bien aimé et ai trouvé l’album sympa, mais sans jamais apercevoir un quelconque souffle épique.
On suit notre (anti) héros qui se prend beignes sur beignes sans jamais abandonner.
C’est un récit qu’on pense à tort initiatique, je n’en dit pas plus mais c’est trompeur.
Les dessins sont en tout cas rudement beaux, et collent parfaitement à l’ambiance.
Bonjour Sega1708, Grand Angle à l'appareil. Nous sommes vraiment navrés du souci rencontré avec vos libraires et nous vous proposons de nous contacter directement pour que nous puissions résoudre votre problème. Envoyez-nous un message privé sur Facebook afin que nous puissions résoudre cela ensemble. Nous convenons que cela est assez inédit comme procédé, mais nous avions estimé que passer par les libraires serait la démarche la plus simple. Elle l'est dans la majorité des cas, mais comme pour toute chose, il se peut y avoir des ratés. Nous vous prions de croire qu'il n'y a aucune malice de notre part. On en discute pour que votre appréciation de l'album ne porte que sur sa qualité et non des soucis logistiques et commerciaux ?
Je suis bien aise des lire les critiques précédentes vantant la bonne volonté de l'éditeur qui permettrait au acheteur du tome 1 de l'échanger contre l'intégrale moyennant le paiement de la différence.
Il me semble évident que ces personnes ne se sont pas essayés à l'exercice.
En réalité, c'est impossible. J'ai contacté l'éditeur en direct qui m'a renvoyé vers les libraires... Le petit soucis étant que les libraires ne sont absolument pas au courant de cette procédure d'échange (j'en ai essayé 4 ou 5, grand ou petit, specialiste BD ou non). D'ailleurs aucun d'entre eux ne savaient que le tome 2 ne sortirait jamais
En résumé il ne s'agit pas d'un couac corrigé par l'éditeur, mais d'un couac doublé d'un enfumage.
Aussitôt paru cet album a fait parler de lui pour des raisons toutes autres qu’artistiques. Dans ce qui ressemble fort à un gros couac éditorial, les éditions Grand Angle ont opté pour une parution en deux albums (dont le premier est sorti en janvier dernier et auréolé de très bons échos) avant de faire machine arrière et de publier cette intégrale au lieu du second volume attendu. Un certain nombre de lecteurs s’en sont émus, craignant de devoir racheter le premier tome pour pouvoir lire la fin. Comme les éditions Delcourt l’avaient fait il y a quelques temps pour la publication tardive de l’intégrale de l’Histoire de Siloë, l’éditeur a pourtant proposé un remboursement du premier tome à l’achat de l’intégrale. Pas de malhonnêteté donc pour le coup mais une fort mauvaise pub dans une décision assez incompréhensible malgré le texte d’explication du scénariste qui ressemble plus à une rustine qu’à une vraie stratégie. Passons.
Le scénariste Mark Eacersall a fait une entrée en matière remarquée dans le neuvième art en utilisant sa grande technique narrative acquise dans l’audiovisuel pour proposer deux excellents policiers (Gost111 et Cristal 417) et le primé Tananarive. Comme souvent il s’associe à un co-scénariste, pour l’occasion un spécialiste de la Grèce antique, pour proposer un étonnant récit d’apprentissage dont les dessins doux d’Amélie Causse pour son second album ne cachent pas la rudesse de l’itinéraire. Car si ce n’est pas une descente aux enfers qui nous est narrée, c’est tout de même un sacré mur de la réalité contre lequel s’écrase le jeune Philoklès. Apparaissant très sur de lui, jusqu’à tenir tête à des nobles de sa communauté, son odyssée (pour laquelle les auteurs s’amusent à tisser des références plus ou moins évidentes avec les récits d’Homère) va le ramener au quotidien violent et très terre à terre des grecs du cinquième siècle avant JC. Blessé, mis en esclavage, il va devoir tester ses talents de conteurs pour atteindre le statut qu’il visait. Mais son destin sera cruel, comme les mythes de l’Olympe.
Au travers de ce personnage plus passif que sympathique, les auteurs cherchent à déconstruire les mythes, ceux d’un Age d’or où les humains étaient finalement logés à la même enseigne que leurs homologues des siècles précédents et suivants: cultiver la terre, éviter les bandits, se fondre dans un ordre social immuable. Bien peu glamour pour celui qui a la tête dans les récits épiques. En suivant un fil que l’on n’attend pas, Eacersall et ses comparses parviennent à entourer cette froide réalité par un pont entre les mondes: celui des légendes narrées par les aèdes et qui propulsent un pécheur sur les flots, celui des rois pirates qui ne pourront échapper à leur destin mortel que par le récit de leurs exploits. Une fiction sur le pouvoir du récit dans un univers terrestre qui fait peu rêver. Une jolie mise en abyme pour une BD élégante et intelligemment bâtie.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2023/05/25/kleos/
Ma note ne concerne pas l'album en lui-même mais le procédé éditorial.
Petit rappel des faits: en début d'année 2023 sort le premier tome de Kleos. Prix public 16,90€.
L'album est sympathique et j'attends donc le tome 2... Qui semble-t-il ne sortira jamais !
En effet, 3 mois après la sortie du tome 1 paraît une intégrale incluant toute l'histoire. Prix public 24,90€.
Comme un sentiment de s'être fait avoir ....
Je tiens à dire que j'ai réceptionné la version intégrale de Kléos. Les auteurs ont fait le choix de la sortir en lieu et place du tome 2 suite aux nombreuses plaintes de lecteurs qui trouvaient que le diptyque n'était pas adapté. C'est vrai que c'est la première fois que j'entends cela dans le monde de l'édition de la bande dessinée.
J'ai eu immédiatement une pensée pour ceux qui ont acquis le tome 1 et qui doivent acheter à nouveau cette version complète afin d'avoir la fin de ce récit. Mais bon, chose inédite et pluôt cool: ils peuvent ramener le premier tome en échange de cette version complète moyennant un supplément.
Il est vrai que la mode n'est plus du tout au longue série. J'ai revendu dernièrement l'ensemble de mes « Hauteville House », non pas que je n'aime pas, mais j'en ai vraiment marre de ces longues séries interminables qui font mal au porte-monnaie et qui occupe beaucoup de place sur une étagère. Les auteurs pensent que c'est lié au phénomène des séries que l'on regarde désormais sur une saison entière afin d'avoir bien en tête le récit complet. C'est vrai que je réagis un peu de la même manière. On ne peut que se satisfaire de cette démarche qui s'adapte aux lecteurs d'aujourd'hui.
Sur le fond, il s'agit d'un pauvre jeune pêcheur issu du peuple qui part en quête d'aventures et de gloire afin d'obtenir justice face à une bande de pirates. Il est question d'héroïsme mais surtout de découverte de soi et de ses limites. On est loin des super-héros de la mythologie grecque. Tant mieux car cela rend ce récit beaucoup plus crédible et terriblement humain.
Autant dire que j'ai littéralement adoré car tout est parfait au niveau de la maitrîse scénaristique qui fait preuve d'une excellente maturité. A noter que la fin est vraiment poignante sur le fameux prix à payer. On n'en ressort vraiment pas indemne. C'est sans doute l'un des meilleurs albums sur le sujet de la mythologie grecque.
Un mot sur le dessin d'Amélie Causse pour dire que le trait est précis. Les couleurs douces et lumineuses procurent un véritable plaisir de lecture. Ce charmant graphisme colle bien à ce monde de la Grèce antique.