Julie, Claire, Cécile
23. Ton mec à moi !
Une BD de Bom et Sidney chez Le Lombard - 2009
04/2009 (16 avril 2009) 46 pages 9782803624553 Format normal 87753
Ça n’est pas la grande forme à la coloc ! Claire sort les griffes dès qu’un jupon s’approche à moins de trois cents mètres de son Alex, Cécile s’empiffre pour tromper son célibat et Julie découvre les turpitudes de la femme larguée. Du coup, nos trois copines essaient d’autres palliatifs: se jeter à corps perdu dans l’écologie de quartier ou adopter un chiot bien plus mignon et affectueux que ces abrutis de mecs ! Si 22 albums nous ont appris une chose, c’est que Julie, Claire et Cécile ne retiennent jamais longtemps les leçons de la vie…
Me retrouvant stagiaire dans une bibliothèque, et affecté en particulier à la bande dessinée, j'ai pu constater avec surprise que non seulement Julie, Claire, Cécile existait encore – alors que j'imaginais la série arrêtée depuis les années 80 – mais qu’en plus elle était pas mal empruntée. Bon… Conscience professionnelle oblige, je décide d'en lire un. J'ai pris le dernier, sans doute pas un bon choix parce que contrairement aux autres, il est majoritairement composé de gags en une planche, et parce que les séries s'essoufflent souvent naturellement. Mais bon, il n'y avait plus que celui-là.
J'avais un a priori négatif, je l'avoue, mais ce que j’ai lu était pire encore. Les scénarios sont d'une indigence absolue, frappant souvent en dessous de la ceinture avec la volonté manifeste de bien souligner le gag bien gras. Je dois avouer que je ne m'attendais pas à ces blagues de bistro, plutôt à des histoires cuculs typiques de scénariste-homme voulant écrire pour des filles mais là même pas. Tous les stéréotypes sont au rendez-vous – une séquence de nettoyage dans un jardin public donne lieu à un incroyable défilé, du baba-cool des années 70 à la gothique –, toutes les filles sont d'une incroyable bêtise (et les hommes des bellâtres aussi bêtes, je vous rassure), et si les évolutions technologiques sont prises en compte dans les décors, le tout apparaît dix fois plus ringard que le pire des Bécassine. Quand on pense que c'est à ce scénariste que l'on a refilé la destinée de Modeste et Pompon (pauvre Franquin, Greg, Goscinny et cie) ou de Chlorophylle (pauvre Macherot)...
Quant au dessin, la finesse y est tout autant absente. C'est presque déprimant à voir. Loin de moi l'idée de dire qu'un beau dessin doit nécessairement être bien proportionné, avec des notions d'équilibre et de perspective. En soit je m'en fous, sauf que là le dessinateur veut faire du dessin réaliste, et il lui manque clairement les bases. Il suffit de regarder la couverture pour s'en rendre compte – il y a vraiment un problème sur la fille en maillot rouge –, à l'intérieur c'est pire, tout semble balbutiant et de nombreuses fois j'ai du vraiment m'arrêter face à des visages si grossièrement raté... sans compter la rigidité absolue des personnages (retour à la couverture, on a l'impression qu'ils sont collés là, sans cohérence, et flottent dans le rien).
C'est vraiment étonnant, on a vraiment l'impression que tout le monde s'y est mis pour faire l'album le plus bancal qui soit. Presque un cas d'école...