Jonathan
12. Celui qui mène les fleuves à la mer
Une BD de Cosey chez Le Lombard - 1997
10/1997 56 pages 2803612704 Format normal 5 à 10 euros 3946
Revenu au Népal Jonathan croise son ami Dorje qui finit par lui demander d'aller enquêter au sujet d'une amie à eux qu'il aimerait faire venir à Londres, pour un concert, Yamtzung, Jonathan retourne donc au Tibet, à la recherche de la chanteuse...
Après 10 ans, Jonathan revient. 10 ans également que Cosey transforme son travail d'artiste par le biais de ses romans graphiques. voici la 3ème période de l'auteur.
le temps d'un Tibet fantasmé est révolu. le temps de la contemplation et des grands espaces aussi. Cosey veut raconter le génocide d'un peuple, la destruction d'une culture par le colon chinois. Un long préambule écrit exprime le besoin de Cosey à rendre compte.
Jonathan est toujours un témoin privilégié d'une petite histoire qui raconte la grande. il y a du Jo Sacco désormais chez Cosey. Mais la narration est alambiquée. Les ellipses du passé s'intègrent mal dans celle du présent. Et puis je me suis perdu aussi dans la multitude des personnages, dans, parfois aussi, leurs ressemblances physiques. Et cela heurte la lecture, cela la perturbe. Cosey veut raconter une histoire et il va vite. Trop à mon gout. La puissance de ses silences narrative n'est plus car elle a disparu.
Question dessin là encore Cosey va à l'essentiel. Les décors ne servent plus une ambiance mais son histoire. Il privilégie le portrait et le gros plan. Son travail devient minimaliste. A l'instar d'un Hugo Pratt, chaque trait de crayon doit avoir son importance. ce minimalisme qui doit servir toujours et encore la narration ne profite pas à l'ambiance. les pages entières ou le silence était d'or, ne sont plus.
Les couleurs, là encore, sont des aplats. Il n'y a plus de recherche dans la texture, ni dans les dégradés.
Malgré tout cela, il y a des images iconiques, des recherches pour indiquer une émotion dans un seul dessin. Il y a ce besoin de raconter le vrai, la réalité et ne plus être dans le fantasme. Jonathan devient un véritable témoin d'un monde qui détruit d'autres mondes.
Cette histoire qui aura une suite dans le prochain album est une remise en question du travail de l'auteur. le tome 12 n'est pas réussi à mon goût car j'ai tant aimé le travail de Cosey auparavant et il m'est difficile d'en faire le deuil.
Il n'empêche. je ressens le besoin de transformation de l'auteur qui prend un nouveau départ avec un risque véritable à déplaire ses afficionados tel que je suis.
Et on ressent malgré tout cette force inouïe. Très bientôt lorsque l'auteur sera à nouveau maitre de son nouveau style, il sera peut être à nouveau grand.
Si le dénouement policier était cousu de fil depuis déjà l'album précédent (ainsi d'ailleurs que les raisons de la vraie trahison), c'est surtout les relations Kate Jonathan qui une fois encore font le sel de l'album.
La fin, forcément en suspens, laisse entrevoir d'autres suites possibles, histoire de rassurer les lecteurs même si l'on a l'impression que les chemins sont bien partis pour s'écarter définitivement.
De la belle ouvrage !
Le GRAND dyptique tibetain . celui qui m'à peut être le plus remué , mais surtout révolté de mon ( notre ?) impuissance devant ces evènements bouleversants . mais est on vraiment impuissants ....commencons déjà par le lire et y réfléchir .
à travers une merveilleuse histoire Cosey sans avoir l'air d'y toucher nous raconte l'occupation du tibet par les chinois .Il raconte la douleur des tibétains , les interrogations de certains chinois , la perte incommensurable de patrimoines , et nous renvoie devant nous mêmes . et le moins que l'on puisse dire , c'est qu'il y reussit . on ne sort pas intact de cette lecture .
à poursuivre parait t'il avec le bouddha d'azur , que je n'ai pas encore eu la chance de lire ...