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. Jeux pour mourir | Jean HANS | Comme neuf | 17.00€ | |
. Jeux pour mourir | goyot jean-paul | Etat moyen | 15.00€ | |
. Jeux pour mourir | stan prozak | Très bon état | 15.00€ | |
. Jeux pour mourir | breub | Très bon état | 9.90€ |
Info édition : n°3895
Enfin une bd qui sort du lot de mes lectures actuelles me plongeant dans une lente agonie. Je n'y croyais plus! Bon, c'est un Tardi tout de même! C'est bizarre de l'avouer de but en blanc : c'est peut-être l'oeuvre que je préfère de cet auteur. Il suffit parfois que je dise cela pour que cela soit suivi par des "une étoile" assassines. Je ne devrais peut-être pas faire cette confession. Mais bon, c'est la vie !
J'ai détesté Adèle Blanc-Sec. J'ai été très dérouté par Ici même pour son côté absurde. Puis, il y a eu les oeuvres sans concession sur la première guerre mondiale dont l'auteur s'est fait spécialiste.
J'ai quand même la nette impression qu'il excelle vraiment dans le polar. Déjà, Griffu et La Débauche m'avaient bien plu. On ne peut que constater une énorme maîtrise au niveau du scénario qui se tient de bout en bout. Le suspens est savamment dosé avec des rebondissements plein de surprises. D'une intrigue bien simple au départ, cela se complexifie au fur et à mesure de l'enquête.
Jeux pour mourir est une descente aux enfers pour 4 gamins des rues en 1950. Rien ne sera épargné à ces jeunes désoeuvrés. On a toujours un regard extérieur sans identification possible. Cela donne plus de mesure pour juger de cette oeuvre noire à l'ambiance prolétaire. Je conseille sans l'ombre d'une hésitation la lecture et l'achat.
Tombé par hasard sur cet album qui n'est pas le plus connu de l'auteur, et quelle réjouissance! Polar poissard, Tardi a réussi le pari si souvent déjoué de planter le roman noir en France, ici en banlieue parisienne. N'ayant pas lu le roman de Véran, je ne sais pas si cela revient au seul génie de Tardi. Toujours est-il qu'il a parfait ce qu'il faisait sur Nestor Burma: le décor de banlieue avec ses lieux phares et typiques (le train aérien, le café, les rues, immeubles et maisons) est très bien rendu. Les personnages, totalement aliénés, englués dans leurs désirs, leur naïveté et leur avarice, leur soif de biens matériels, le destin des ces prolos prêts par tous les moyens nécessaires à fuir cette ville minable, morne et moche, phagocytée par la capitale qu'ils ne voient jamais.
Ne croyez pas ceux qui disent que les couleurs sont criardes. Tardi a réussi à rendre la luminosité si particulière à l'Île-de-France au mois d'août par une solution assez audacieuse : la couleur orange inonde les pages. Le rouge et le brun sont orangés, la carnation est orangée, les façades sont oranges, la lumière d'août (qui pourrait être un titre bis) et sa chaleur inonde chaque page, chaque case, et les scènes nocturnes sont physiquement rafraîchissantes.
Et toujours quelques visions de cauchemar comme Tardi les aime tant.
Le résultat final (et là à mon avis c'est du fait de Tardi) est une sorte de Jim Thompson franchouillard - Thompson qui avait si bien réussi la ruralisation du polar noir habituellement urbain - bien plus réussi que les adaptations cinoche qui ont pu être commises ici ou là.
Quel énorme et magnifique travail de Tardi sur cet album de 1992 !
Quand on aime la touche inimitable de ce grand sachem de la BD, on ne peut que se délecter de ces 230 planches qui suintent le terrain vague, la gouaille, la vinasse et la Gauloise… Nul n’a son pareil pour décrire avec cet art consommé du détail les prolos, les petites frappes et les flics alcoolos d’une banlieue crasse en 1950. C’est du grand art !
En revanche, bien que le scenario adapté de G.C. Véran soit des plus aboutis, il est d’une noirceur abyssale… et sachez, lecteurs vaillants et enjoués, que, comme l’indique le titre, une déprime poisseuse vous attend immanquablement quand sifflera la fin de ces "Jeux pour mourir"…