Je suis leur silence
Je suis leur silence - Un polar à Barcelone
Une BD de
Jordi Lafebre
chez Dargaud
- 2023
Lafebre, Jordi
(Scénario)
Lafebre, Jordi
(Dessin)
Lafebre, Jordi
(Couleurs)
Tatti, Bruno
(Couleurs)
Sapin, Clémence
(Couleurs)
Rodrigues, Angelina
(Couleurs)
Roudaut, Stevan
(Lettrage)
Maubille, Geneviève
(Traduction)
10/2023 (13 octobre 2023) 105 pages 9782505119777 Format normal 483326
Barcelone, de nos jours. Eva Rojas, une jeune et brillante psychiatre, rechigne à répondre aux questions du Dr Llull. Pourtant, elle n'a d'autre choix que de collaborer pour espérer récupérer sa licence et exercer à nouveau son métier. Il y a quelques jours, Eva a été appelée en renfort par l'une de ses patientes, Pénélope, pour l'accompagner, en tant que personne de confiance, durant la lecture du testament de sa grand-mère. Si cette dernière est toujours vivante, cette réunion familiale n'en demeurera pas moins éprouvante. À son arrivée à Can... Lire la suite
Un vrai plaisir de lecture, le dessin de Lafebre est super et l'héroïne ,belle et couillue , m'a super emballé. Comme Zablo j'aurais grand plaisir à la retrouver, c'est si rare d'avoir un personnage féminin aussi emballant
J'ai eu du mal à arriver au bout de cet album assez bavard.
Le très bon dessin de Lafebre est un régal avec ses personnages aux mimiques cartoonesques mais manquant de nuances et de contraste au niveau des couleurs qui donne un ensemble assez plat.
Pour ma part, j'ai trouvé l'album un peu long et je n'ai fait que feuilleter les dernières pages pour finir l'enquête dont je n'avais plus grand intérêt...
C'est un plaisir de retrouver le trait de Jordi Lafebre dans "Je suis leur silence". Des illustrations dynamiques, un trait avec beaucoup de grâce et une expressivité qui n'est plus à démontrer (voir même une sur-expressivité avec l'utilisation de symboles divers et variés : fumées, nuages, flammes). Les personnages prennent vie, de manière caricaturale certes, mais ils savent vivre pleinement leurs émotions dans les cases. L'intrigue racontée au travers d'une consultation du personnage principal d'Eva chez son psychiatre (dans le style de Blast de Manu Larcenet), la conversation déroule les faits au fur et à mesure de manière fluide et agréable, les indices de l'enquête se révèlent petit à petit, c'est efficace, drôle, poignant. On voit l'efficacité d'une BD à savoir garder son lecteur au fil des pages sans pouvoir lâcher l’œuvre, pour "Je suis leur silence" cela fonctionne rudement bien. C'est une belle pièce du 9ème art, fraiche et moderne. J'ai juste du mal à comprendre exactement le sens derrière le titre "Je suis leur silence", surement un lien avec les 3 femmes de la vie d'Eva.
Je ne savais pas en lisant cette BD qu'il s'agissait du même auteur qu'un titre qui a eu un certain succès d'estime à savoir « Malgré tout ». Encore une fois, je dois reconnaître qu'il a manifestement beaucoup de talent.
En effet, on ne se perd pas dans les divagations ou le sensationnalisme. Ce n'était pourtant pas gagné avec une femme extravagante qui suit une psychothérapie en même temps qu'elle joue les détectives privés pour résoudre une affaire de meurtre sur fond de succession d'un domaine viticole.
C'est vraiment du grand art car le scénario est béton et même assez crédible. Je n'ai pas découvert par moi-même l'identité de l'assassin et du coup, la surprise sera de taille. Mais plus encore, c'est la manière d'amener les choses qui fait la force de cette œuvre vitaminée.
Que dire du graphisme ? Je l'adore car il met en valeur la belle ville de Barcelone dans une Espagne en pleine mutation économique.
On ne peut que recommander cette lecture qui apportera un peu de fraîcheur et de tonus dans le polar urbain.
Chef de file de l’école hispanique doté d’une très solide formation technique, Jordi Lafebre est arrivé chez nous par la grâce de monsieur Zidrou qui lui a offert de jolis projets, lui permettant aujourd’hui de devenir un auteur complet avec un sacré sens des dialogues et des situations. Son précédent album Malgré tout avait été accueilli par des avalanches de fleures et l’auteur embraye trois ans après par un génial one-shot de cent pages qui se dévore avec un plaisir continu.
L’idée de créer un personnage (qu’on espère récurent vu le plaisir de la rencontre) de psy pour une enquête non-officielle est brillante en ce qu’elle permet tout un tas de saillies sur la galerie de personnages, que ce soit au travers des cases de narration issues de la séance chez le psy ou de bulles de dialogue direct. La répartie de la foldingue est absolument savoureuse notamment lorsqu’elle se confronte à la troupes de mâles Alpha qui habitent ce milieu de la grande bourgeoisie catalane. Vous l’aurez compris, le scénario se construit à partir de cette séance initiale et nous raconte cette improbable enquête entrecoupée par les interruptions du psy ou des trois voix de femmes qui habitent notre héroïne dysfonctionnelle… mais terriblement attachante. Eva est bien sur la première qualité de cet album: jeune femme forte et brillante qui n’a peur de rien et cohabite avec ses quelques problèmes d’alcool, de tabac et de passé familial. Ses tribulations vont nous envoyer dans le monde des vignobles et des secrets de (grosses familles) ainsi que des magouilles agro-réglementaires lorsque des intérêts économiques sont en jeu.
Lafebre accompagne son scénario déjà fourmillant d’idées par un dessin semi-réaliste excellement dynamique, dans la ligne de Blain ou Gomont mais en se rapprochant de la finesse graphique de ses homologues espagnols. Outre la dynamique des corps, l’auteur utilise toutes les possibilités du dessin pour faire parler ses cases, émettre des sons ou créer du mouvement. Les lecteurs de Malgré tout ne seront pas surpris par la fluidité de lecture et l’attachement très fort aux personnages.
Auteur complet au sommet de son art, Jordi Lafebre est de ceux pour qui la BD semble si facile à dessiner et à lire en nous rappelant pourquoi nous sommes si durs dans nos avis BD sur ce blog et pourquoi la BD est vraiment un art total!
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2024/06/17/je-suis-leur-silence/
Le type même de l’album « sympa », dans tout ce que ça peut impliquer de positif et de négatif. Une légèreté bienvenue au départ, mais qui donne finalement un album qui manque de caractère. C’est un peu paradoxal. Un peu comme si l’originalité et le décalage étaient de surface.
Même ressenti pour le dessin et les couleurs. Il y a du style, mais devant le manque de variation, j’ai fini par me lasser. Ça m’a un peu fait le même effet que « The time before » de Cyril Bonin : une patte singulière qui intrigue, mais une uniformité qui lasse.
Peut-être que l’album est tout simplement trop long, en fait. J’aurais bien vu un truc plus resserré, dont on aurait retranché tout ce qui a tendance à faire traîner les choses en longueur.
Ça reste globalement plaisant à lire, mais j’étais content aussi d’arriver au bout.
Inutile de lire le nouveau Gaston...
Si la couverture ne me branchait pas trop au départ, j’ai finalement pris mon pied ! Et pourtant, je l’ai lu dans des conditions affreuses... mais pas autant que la situation dans laquelle se trouve l’héroïne : après avoir été invitée chez une patiente, elle se retrouve nez-à-nez avec un cadavre... Les problèmes lui collent ainsi à la peau pendant tout l’album, sans que cela n’entrave sa curiosité, parfois un peu malsaine pour une psychiatre...
Car, ce personnage féminin est particulièrement attendrissant, sortant des carcans de la BD classique : que ce soit au niveau de sa physionomie, souple et élancée, de son look, libéré et élégant (d’ailleurs elle n’est pas sans me faire penser à l’autrice Cy), ou de sa personnalité émancipée et extravertie.
Le rythme est effréné et j’ai gloussé comme un dindon du début à la fin : face à la grande indépendance de l’héroïne et ses prises de décisions désabusées, qui fait avancer l’histoire à elle seule, avec son humeur changeante, ses petits mensonges ou au contraire son honnêteté déconcertante, ses prises de bec, son hygiène de vie décomplexée, ses manies rigolotes, ses névroses utiles...
Mais, en plus de ce personnage particulièrement bien pensé, que j’aurais plaisir à revoir... Jordi Lafebre maîtrise son art. Il sait jouer avec notre frustration et éclairer les dessous de l’image... Il se sert également de toute une palette de gags pour nous faire rire, allant de l’humour badin jusqu’au comique macabre. Et pourtant, il partait de loin, tant la mort et les questions d’héritage sont des sujets délicats...
Au final, un chef-d’œuvre drôlesque du neuvième art, au scénario complexe (quelque part entre les thèmes des jeux de société La course à l’héritage et le Cluédo) et progressiste (féministe...), mais surtout qui nous faire rire à chaque page, à chaque vignette...
Ce n’est peut-être pas un très bon polar, mais je m’en contrefous... parce que c’est une BD excellente, à l’humour génial et dans l’ère du temps !
...La relève est là.
Je ne suis pas sûr de savoir que penser de ce livre – j’ai trop d’avis partagés, voire contradictoires, selon ce que je regarde…
Bon, globalement, le dessin, j’ai bien aimé – je ne sais pas s’il y a un style espagnol mais le peu de dessinateur que je connaisse de ce pays (Gimenez et Munuera) ont tous ce style vif, élancé, des traits nerveux sur des personnages fins tout en énergie dynamique. Et j’aime bien.
Pour les couleurs, j’ai trouvé ça à la fois cohérent, selon les lieux, les situations, la nuit, le présent, le rêve ; à la fois basique, on prend un ton, on met deux nuances et c’est souvent fini (même s’il y a de joli jeux de lumière et d’ombre ici et là).
Le personnage central est sympa à suivre, son côté décalé et cynique, sûre d’elle et s’en fout la vie… Mais comme elle est toujours assez mono-expressive avec, en plus, un côté j’m’en-foutisme, qu’il n’y a pas d’évolution, ça m’a un peu lassé…
Un peu pareil avec ses visions : intéressantes, décalés, sympathiques, mais redondantes…
Et elles sont comme les autres personnages, personne n’évolue vraiment, personne n’a réellement de sentiments variés, le psy est toujours neutre ou en colère, la victime est toujours neutre ou un sourire en coin…
D’ailleurs, j’ai toujours eu du mal avec les histoires de famille ou les histoires avec trop de personnages. Alors là, les frères, les sœurs, cousins, tante, nièce, je me suis parfois paumé. C’est pas que ça soit super compliqué mais quand on parle du même personnage en disant une fois l’oncle, le frère ou le second fils, moi, ça me largue…
C’est comme l’histoire en soi : à la fin, nickel, ça se tient bien. Mais pour y arriver, on discute d’un tas de trucs que j’ai mis de côté, en me disant, bon, ok, on verra…
Et finalement, tout se recoupe et j’ai tout compris et c’est cool.
Mais j’ai à la fois suivi ça d’un peu loin, sans trop m’attacher, et en me disant ok, nickel au final.
Un balancement pour lequel je n’arrive pas totalement à tomber d’un côté ou de l’autre, c’était trop bien ou bon ça va ; le moment était fort agréable et long ; beaucoup de tension et de suspense mais une linéarité qui affadit le truc…
Mais globalement cool quand même.
Quelle belle découverte!
Cette psychiatre détective nous régale tout au long de cette aventure.
L'histoire est très bien construite, avec cette Eva qui raconte sa semaine passée à un confrère pour qu'il réalise une analyse de personnalité. Des rebondissements jusqu'au bout.
Des personnages excellemment bien campés et toujours en opposition les uns aux autres. L’inspectrice qui ressemble à Angela Merkel, des cuistres à tous les coins de rues qui se font remettre en place par l’héroïne, des femmes "fantômes" piquantes et très comiques... Bref tous les personnages sont bien campés et avec ces dialogues ciselés ce récit est jubilatoire.
Le dessin est léger et alerte,. L'auteur joue avec nous. Il y a plein d'idéogrammes jouissifs qui rendent tout cela très vivant.
Un grand moment de bonheur y compris, surtout par jour maussade.
Il y avait trop de hyper autour de cet album, et j’ai longtemps procrastiné (entendez par là « lu autre chose ») avant de m’y mettre, pas peur d’être déçu. Le pitch ne me parlait absolument pas d’ailleurs.
Force est de constater que c’est un bon, un très bon album.
Le rythme est excellent, l’héroïne bien campée (on aime ou on aime pas, mais elle est réussie), le climax est intéressant. Le scénario est bon mais je n’ai eu aucune surprise finale, c’était assez attendu en ce qui me concernait.
Il n’empêche que j’ai pris bien du plaisir à suivre les déambulations barcelonaises de l’enquêtrice en herbe !
Au risque de plomber l'ambiance, je dois dire que j'ai été transporté par ce 'one-shot' pour ses qualités, mais pas entièrement convaincu en raison de plusieurs défauts.
Eva est une espagnole, docteure en psychiatrie. Dotée d'un look androgyne avec des tatouages partout (il paraît que c'est à la mode de se faire taguer le corps), elle est surtout d'un caractère hautement instable et bien bipolaire à souhait. Cette dernière va se retrouver dans une histoire d'héritage avec un cadavre à la clé. Tout en suivant une séance chez son psy, elle va nous relater son enquête.
Choisir une personne mentalement instable pour un polar sous le soleil de Barcelone est en soit une idée incroyable (cela me rappelle un peu la série 'Monk') et compte-tenu de son imprévisibilité, permet de déjouer les attentes du genre pour mieux jouer avec. Il y a un côté impertinent et parfois bien léger, de par ce personnage principal atypique mais également grâce aux dialogues.
Mais alors, qu'est-ce qui me pose problème avec ce 'one-shot' ?
Je suis fatigué par les touches de progressisme et l'obligation d'imposer des quotas dans les œuvres de fiction actuelles: sous-entendus et pas sous-entendus lesbiens, dénonciation du patriarcat, néo-féminisme 3.0 et femme voilée (hautement ironique au féminisme quand on sait que l'islam autorise le mari à battre sa femme via sa soumission).
Justement, parlons-en du vernis "féministe". Ici, il est assez manichéen et lourd: tous les hommes (à deux exceptions près) sont soit des coureurs de jupons/violeurs en puissance, des manipulateurs, des lâches ou des meurtriers en puissance. Même la femme de Francesc, Natalia, qui a l'air d'être méchante au départ envers Eva, se révèle être une victime de la gente masculine, encore la faute du patriarcat oppressif phallocrate mouhahaha !
Reste de beaux dessins, une enquête assez inhabituelle, surprenante (parfois peu crédible), l'ambiance estivale avec tout ce vin et la belle ville de Barcelone avec ses environs.
Dessins, dialogues en parfaite adéquation avec l'histoire proposée.Un pur moment de plaisir. Que du bon dans cette BD.
A mettre dans la hotte du Père Noel.
Un excellent polar qui parvient à mélanger humour, problématiques de santé mentale (très marquées au niveau de certains protagonistes et notamment le personnage principal), le suspense et l'environnement familial. Une atmosphère intimiste dans un huis-clos prenant. Le procédé narratif est appréciable et donne un rythme qui sort de la linéarité scénaristique. A certains égards, la narration me fait penser à "Malgré tout" alors même que les histoires sont totalement différentes. Un style qui associé à ce graphisme très particulier permet d'identifier la marque de Jordi Lafevre. Ce roman graphique est une pépite à découvrir.
Un très bon polar, bien que peu crédible au regard de l'extravagance de certaines situations et de leur caractère hautement improbable, dû à la personnalité extravertie et totalement déglinguée de l'héroïne de cette histoire. D'où l'humour très présent qui se dégage de cette histoire, et qui pour ma part ne m'a absolument pas dérangé (alors qu'en temps normal je préfère plutôt les ambiances polar "réalistes", plus noires) tant j'ai réussi à m'attacher au personnage principal.
Le dessin très dynamique est pour sa part fort plaisant et participe bien à l'atmosphère échevelée de cette histoire.