It's lonely at the centre of the Earth
Une BD de
Zoé Thorogood
chez Hi Comics
- 2024
Thorogood, Zoé
(Scénario)
Thorogood, Zoé
(Dessin)
Thorogood, Zoé
(Couleurs)
Thorogood, Zoé
(Encrage)
Thorogood, Zoé
(Couverture)
Le Dain, Maxime
(Traduction)
01/2024 (17 janvier 2024) 208 pages 9782378871147 Format comics 491555
Dans une exploration artistique autobiographique, Zoe Thorogood dépeint six mois de son quotidien qui sombre au fil des jours dans une profonde mélancolie. Elle offre un regard intime et méta-narratif sur son existence, celle d'une artiste dont la création est la raison de vivre, révélant sa lutte pour la santé mentale - à travers les hauts et les bas de l'anxiété, de la dépression et du syndrome de l'imposteur - alors qu'elle se forge une carrière prometteuse dans l'art séquentiel.
Traversant une période délicate, commencer It's Lonely at the Centre of the Earth de Zoe Thorogood il y a quelques semaines n'était pas la meilleure des idées. Beaucoup d'éléments sont entrés en résonance, m'ont perturbé dans ma lecture et m'ont forcé à m'arrêter à plusieurs reprises. A froid, le bouquin peut se voir comme une longue litanie, avec peu de perspectives à l'horizon. Et à ce titre, il peut souffrir de comparaison avec ce qui existe en BD autobiographique. Je pense particulièrement au formidable Journal de Fabrice Neaud, remis en lumière récemment par sa réédition et sa suite inédite, où dans ce dernier sont dressés des constats systémiques sur la vie d'un jeune gay en province qui subit l'hétéronormativité ambiant dans les années 90, en conjonction avec la précarité et la misère sexuelle que vivait l'auteur.
Ici, Zoe Thorogood n'appose aucun contexte particulier, et n'avait sans doute pas la prétention d'aller plus loin, le sujet reste la prison de sa maladie mentale. Son prisme. Celui par lequel fuse de saisissantes fulgurances graphiques, qu'elles soient réalistes, éclatées, esquissées ou grotesques, pour raconter un monde intérieur fait d'une immense détresse, de lâchetés et de haine de soi.
Thorogood anthropomorphise une partie de son entourage, et personnifie quelques facettes d'elle-même, ainsi que la maladie elle-même, un mélange du sans-visage des Voyages de Chihiro et autre chose sur lequel je n'arrive pas à mettre le doigt. Il est forcément d'un noir qui absorbe toute lumière, l'abîme qui cache le monde extérieur que Zoe peine retrouver. Cette porte vers l'extérieur qui est peut-être le seul enjeu que les lecteur.ice.s auront à se mettre sous la dent. Ce qui est dans l'air du temps dans un pan de la littérature actuelle (fictions, livres de bien-être, etc...), déployant une mécanique de l'épanouissement de soi.
Ne serait-ce que certaines compositions de pages, le bouquin a le mérite d'exister, et je ne doute pas qu'il va faire sa petite place dans les sensations du début d'année. Quand à savoir si je le considère comme quelque chose de marquant, ou comme un livre-pansement qui va se perdre dans l'oubli au milieu des autres autobio-dépressives...