Les indésirables
Une BD de Kiku Hugues chez Rue de Sèvres - 2021
01/2021 (06 janvier 2021) 247 pages 9782810218097 Autre format 414787
Récit autobiographique où se confondent réalité et fiction qui interroge sur les choix entrepris par une société en cas de crise et sur capacité à reconnaître ses erreurs. Kiku a 16 ans. Américano-japonaise, elle se sent déconnectée de son héritage japonais et en sait peu sur l’histoire de sa famille qui cultive le secret. Alors qu’elle est en vacances avec sa mère à San Francisco, elle se retrouve brusquement dans les années 1940, propulsée dans un des camps qui a fleuri sur le territoire américain au lendemain de Pearl Harbor. Parquée, Kiku partage... Lire la suite
Sur le même sujet que celui des camps d'internement des americano-japonais en 1942 suite à l'attaque de Pearl Harbor, il y a eu la lecture de « Nous étions les ennemis ». C'est absolument scandaleux de mettre une partie de sa population dans des camps de prisonniers sous prétexte qu'ils ont des origines avec un pays devenu ennemi. On renie la nationalité et le patriotisme de ces individus en les privant de tout les droits pour des motifs raciaux.
On va assister à un véritable voyage dans le temps d'une adolescente Kiku qui est trimballée par sa mère sur les lieux de l'enfance de la grand-mère ayant vécu les camps. En toile de fond, il y a le discours haineux de Donald Trump sur fond de campagne électorale. On sait qu'il n'a pas été de main-morte avec les musulmans ou les mexicains pour défendre la soi-disante intégrité nationale.
La conclusion de cette œuvre se situe dans le devoir de mémoire mais également dans le fait qu'il y a comme une condamnation également sur les générations futures de ces groupe de personnes marginalisés avec des traumatismes dont on hérite. Les descendants de ceux qui ont subi des génocides en savent quelque chose. Ils peuvent également trouver la force de se battre pour lutter contre ces injustices et c'est ce qui se passera précisément avec la famille que l'on suit.
On retrouve beaucoup de similitudes avec l’œuvre « Nous étions les ennemis » tant le sujet est le même jusqu'à l'exécution de cet homme qui a essayé de rattraper son chien près des barbelés et qui a été abattu par les gardes. Je me rappelle également de l'épisode du formulaire qu'avait d'ailleurs repris assez sournoisement l'administration Trump contre les musulmans.
Cette BD joue un peu sur le surnaturel pour revivre les instants dans ces camps et montrer une réalité qui a été caché pendant bien des années comme pour effacer une partie de l'histoire honteuse du camp. Bien entendu, ces camps n'étaient pas comparables à l'horreur nazie des camps de concentration mais c'était quand même assez inhumain et injuste pour ces populations innocentes.
Une BD qui a réussie son pari avec une rare intelligence sur un sujet dont on a peu parlé. Voilà où peut conduire les discriminations et l'intolérance. Gageons à ce que cela n'arrive plus jamais dans nos démocraties occidentales.