In Waves
Une BD de
AJ Dungo
chez Casterman
- 2019
Dungo, AJ
(Scénario)
Dungo, AJ
(Dessin)
<Bichromie>
(Couleurs)
Rey, Jean-François
(Lettrage)
Béguerie, Basile
(Traduction)
Thompson, Craig
(Préface)
08/2019 (21 aout 2019) 364 pages 9782203192393 Autre format 371300
Avec beaucoup de finesse et de pudeur, AJ Dungo, immortalise les instants de grâce de sa relation avec Kristen. La légèreté et l’émotion des premières rencontres, la violence du combat contre la maladie, la noblesse de la jeune femme qui se bat avec calme. Il évoque en parallèle leur passion commune pour le surf, l’océan. Et évite très justement l’écueil du pathos en intercalant dans son récit personnel, un petit précis d’histoire du surf.
On croit souvent que la vie est éternelle, que les bons moments qu’on passe avec sa dulcinée vont durer. Quelquefois, cela s’arrête malgré la jeunesse de l’âge à cause d’une foutue maladie. C’est pourquoi, il faut profiter de chaque instant de bonheur comme si c’était le dernier. Vivre intensément et passionnément.
L’auteur a rencontré Kristen alors qu’il était un jeune adolescent. Même pas 10 ans après, elle est morte suite à sa maladie. La relation s’est construite au gré de ces moments de répit avant les rechutes. Il y a comme un apaisement, une reconnaissance de ces belles années pendant lesquelles l’amour a pris son envol. Comme si la confiance apporte le réconfort et la consolation. Rien ne pourra altérer ce qui a été vécu.
La majorité de ces scènes sont des morceaux de vie figés comme une compilation de moments suspendus. Cela libère une véritable authenticité qui laisse exprimer une vérité émotionnelle. Même le graphisme pourtant épuré et minimaliste suggère une profondeur de l’âme. Bref, les textes sonnent justes et nous touchent. De belles valeurs nous sont transmises. C’est beau, triste et percutant.
Il y a surtout cette passion pour le surf, instrument de liberté, dont on va découvrir toute l’histoire et la philosophie des plages hawaïennes en 1800 à ce jour. Le surf est surtout une métaphore. En effet, les vagues sont les fiancées de l’Océan. Rien n’est plus beau que de glisser sur les eaux pour affronter les mastodontes géants qui se brisent dans un flot d’écumes. Les vagues sont immortelles mais malheureusement pas les humains.
L’un des plus grands auteurs de comics à savoir Craig Thompson nous indiquait sur la préface qu’il s’agit du meilleur roman graphique au monde du moment. C’est fort. Je souligne en effet que c’est sans doute l’un des meilleurs romans graphiques de la décennie. C’est surtout un hommage étonnant et incroyablement touchant à l'amour et à la résilience. Je recommande bien entendu également sa lecture.
Reste le plus beau des cadeaux que fait l’auteur AJ Dungo en toute humilité à sa chérie disparue à savoir cette œuvre qui fait qu’elle existera pour toujours. On l’imagine alors debout sur sa planche avant qu’une déferlante se forme derrière elle pour la pousser sur de nouveaux rivages.
Très belle histoire on en sort ému par le récit mais aussi par le graphisme qui ajoute à la mélancolie.
De plus le scénario est très bien construit avec de multiples aller-retours entre d'une part l'histoire de cet amour détruit et l'aventure du surf, mas aussi entre les différentes époques, les récits n'étant pas linéaires. Belle découverte.
Je n’adhère pas vraiment aux éloges sur ce roman graphique... AJ Dungo avait promis cette BD à Kristen, sa compagne décédée. Promesse tenue, c’est beau et sincère.
Mais ma 1ère réserve vient du dessin. Il est certes d’une élégance raffinée, mais semble aseptisé, vectoriel, sans émotion aucune. Ce n’est pas, à mon avis, le type de graphisme qui convient à cette histoire-là. Car elle parle d’une double passion, celle du surf et celle qu’AJ éprouva pour Kristen. Et justement, ce dessin, avec ces aplats de couleurs monochromes, est complètement dépassionné. Il est esthétisant, lénifiant, sans rien d’humain ou de chaleureux. Il crée un immense silence entre le lecteur et le sujet, sans l’impliquer.
Seconde réserve, j’ai quand même été surpris par le ton très factuel du récit. Peu de dialogues, peu d'interactions entre personnages. Cela donne l’impression que le graphisme l’emporte constamment sur un texte beaucoup trop neutre. Parce qu’en plus de cette froideur ambiante, on ne pénètre jamais non plus dans l’intimité du couple. On est juste témoins passifs de leur relation distanciée et quasi platonique. Non que je veuille des détails bien sûr, cette pudeur est tout à fait justifiable. Mais sans l'humour, sans la proximité du quotidien, impossible de ressentir la complicité qui les unissait, ni empathie pour eux. Ce qui est embêtant pour un récit censé toucher la sphère émotionnelle. L’ensemble m’a donc paru extrêmement froid, alors qu’il aurait pu, qu’il aurait dû être autrement poignant. Pour moi, cette retenue contemplative a quelque chose de morne et d'inexpressif, de presque anesthésiant.
J’ai donc vécu bizarrement mon expérience de lecture, qui ne m’a pas laissé indifférent, mais pas du tout bouleversé.
C’est un livre original que je suis quand même content d’avoir dans ma collection, mais certainement pas le chef d’œuvre annoncé.
Bien aimée cette histoire du surf qui symbolise l’histoire de la vie et de l’amour, les vagues reviennent sans discontinuer mais ne sont jamais les mêmes, et permettent de surnager sur la perte sans oublier.
L’amour magnifiée par la culture hawaïenne est réellement touchant et la fluidité du dessin renforce la poésie de ce destin brisé rendu immortel par la magie de l’art.
Bien que pas un grand fan des romans graphiques, je me suis laissé emporter par celui-ci.
Superbe. Et c'est vrai, l'historique du surf permet de balancer l'histoire de Kristen qui sans ça ferait une BD un peu trop morose. Un des bouquins de cette rentrée.
La vie est un peu comme la mer : du mouvement, de la houle, des vagues, de l'immensité, aussi intense qu'insaisissable. J'ai beaucoup aimé surfer dans cet ouvrage au gré des pages. Les alternances de couleurs sont plutôt bien vu, et le récit est aussi didactiques (histoire du surf) que poignant. Car il s'agit bien d'une tragédie, narrée ici sans pathos mais avec ferveur. Vous finirez probablement comme moi avec de l'eau dans les yeux. :)