Il fallait que je vous le dise
Une BD de
Aude Mermilliod
chez Casterman
- 2019
Mermilliod, Aude
(Scénario)
Mermilliod, Aude
(Dessin)
Mermilliod, Aude
(Couleurs)
Winckler, Martin
(Préface)
Mermilliod, Aude
(Préface)
04/2019 (08 mai 2019) 150 pages 9782203153738 Format normal 366341
La rencontre de la dessinatrice Aude Mermilliod et du romancier Martin Winckler. Deux voix pour rompre le silence sur un sujet encore tabou, l’IVG. Si elle donne le choix, l’IVG ne reste pas moins un évènement traumatique dans une vie de femme. Et d’autant plus douloureux qu’on le garde pour soi, qu’on ne sait pas dire l’ambivalence des sentiments et des représentations qui l’accompagnent. L’angoisse, la culpabilité, la solitude, la souffrance physique, l’impossibilité surtout de pouvoir partager son expérience. Avec ce livre, Aude Mermilliod rompt... Lire la suite
Quand on est un auteur de bd, on possède un avantage : on peut exorciser ses douleurs intimes en les partageant avec les lecteurs anonymes pour mieux apaiser ses souffrances. Pas besoin d’un psy. C’est assez pratique surtout si cela ne va que dans un seul sens. Bien entendu, les femmes qui ont partagé les mêmes problèmes peuvent trouver du réconfort dans cette lecture. C’est d’ailleurs la raison principale de la démarche de l’auteure. Il fallait que je vous le dise comme indique si bien le titre.
Cette bd sera à déconseiller à ceux qui manifestent contre le droit à l’avortement dans ce qu’il appelle communément le droit à la vie. On les retrouve également contre le mariage gay ou contre le fait de débrancher une machine. Ce sont à peu de choses près les mêmes réfractaires. Pour autant, je me dis que s’ils pouvaient quand même la lire pour essayer de comprendre que l’avortement n’est jamais une partie de plaisir pour celle qui subit cette épreuve. Si cela pouvait seulement leur faire changer d’avis au lieu de jeter la première pierre.
J’ai bien aimé le graphisme plutôt sympathique de cette bd qui offre beaucoup de lisibilité avec cette quadrichromie. A noter également l’existence de deux parties. Si la première se penche sur l’expérience vécue par l’auteure dans une sorte d’autobiographie, la seconde sera celle d’un praticien au niveau de la médecine. On s’apercevra de toute l’humanité de ces docteurs dans l’acte de pratiquer l’avortement.
Au final, deux témoignages assez intéressants sur un phénomène un peu tabou et polémique dans notre société actuelle.
Ce roman autobiographique traite d'un sujet sensible: l'avortement. C'est avec beaucoup de sensibilité et de pudeur que l'auteure Aude Mermilliod nous livre son histoire et son expérience de l'IVG. À travers son histoire personnelle, le lecteur découvre le parcours d'une femme qui se retrouve confrontée à ce choix douloureux. Pour alimenter son récit, Aude Mermilliod a fait appel au témoignage de Martin Winckler, médecin qui dénonce les violences obstétricales.
Le scénario est construit de façon vraiment intelligente, alternant des moments de la vie de l'auteure avec des moments de la lutte de Martin Winckler pour le droit à l'IVG. Au- delà de l'histoire émouvante, j'ai découvert le combat qu'a été ce droit à l'avortement. Avec beaucoup de justesse, Aude Mermilliod nous livre son ressenti et ses émotions sans tomber pour autant dans le pathos.
Je pense que certaines scènes de ce roman graphique au sujet fort peuvent choquer. Beaucoup de vignettes dévoilent des corps nus. De manière personnelle, je trouve que ces vignettes sont les plus fortes émotionnellement car elles montrent le corps de la femme dans sa réalité. Je me suis identifiée assez vite au personnage. Bien que n'ayant pas connu cette situation, en tant que femme, je me suis vraiment sentie concernée. Comment ne pas se questionner sur ce qu'auraient pu être nos propres réactions? Ce roman graphique, bouscule et interroge. Il pousse à la réflexion mais dénonce également certaines pratiques obstétricales. J'ai donc découvert "l'envers du décor" avec beaucoup de désarroi. Le récit de Martin Winckler complète donc à merveille le témoignage de l'auteure en ajoutant une caution médicale et historique. Il met ainsi en avant les progrès qui ont été faits mais également, ceux qu'il reste à faire.
L'esthétique quant à elle s'accorde parfaitement au propos. Les dessins sont assez sobres, avec peu de détails, laissant ainsi toute sa place à l'histoire. Les ambiances de couleurs changent selon la temporalité mais aussi selon le narrateur. Les décors sont minimalistes.
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