La horde du Contrevent
4. Alticcio
Une BD de
Éric Henninot
chez Delcourt
- 2024
Henninot, Éric
(Scénario)
Henninot, Éric
(Dessin)
Georges, Gaétan
(Couleurs)
Roudaut, Stevan
(Lettrage)
Damasio, Alain
(Adapté de)
10/2024 (16 octobre 2024) 76 pages 9782413078883 Grand format 504254
À peine arrivé à Alticcio, Golgoth provoque un incident diplomatique dont les conséquences compromettent gravement les chances de la Horde d'atteindre l'Extrême-Amont. Confronté aux intrigues de cours et à la disparition d'un Caracole soupçonné de traîtrise, Sov affronte pour la première fois de son existence les véritables enjeux politiques de la mission qui leur a été confiée.
C'est un pur bonheur à lire, je l'ai dévoré comme les trois précédents. Je suis archi fan de cette série, et comme je n'ai pas lu le livre, c'est plus facile pour moi d'apprécier sans avoir à comparer avec le roman. En tout cas, bravo pour cette géniale adaptation ! J'attends la suite avec impatience. À conseiller, car cette histoire ne ressemble à rien de ce qu'on a l'habitude de voir en BD.
La Horde parvient enfin à Alticcio, cité aristocratique nichée au fond d’un gigantesque défilé rocheux, dans d’immenses tours en tuyaux d’orgue. C’est là que se trouve les écluses de la porte d’Urle, seul passage possible vers l’Extrême-Amont. A condition que l’exarque, le tout puissant seigneur des lieux, daigne les ouvrir…
Changement de décor radical !
Il est d’abord déstabilisant de voir la horde, habituée à des conditions de survie dantesque, se vautrer ainsi sur des coussins de soie et boire dans des verres en cristal à la cour d’Alticcio. Mais la rupture de style proposée par ce nouveau chapitre est bienvenue après la traversée un peu trop « bizarre » de la Flaque de Lapsane. La parenthèse d’Alticcio, riche en complots, manigances en tous genres et inégalités sociales, dynamise l’ensemble de l’histoire par sa parfaite scénarisation. Il y a moins d’action, forcément, mais les hordiers principaux (Sov, Caracole, Oroshi, Golgoth, Erg) gagnent énormément en épaisseur à cette occasion. Le rythme général peut éventuellement souffrir d’à-coups, mais il tient en haleine d’un bout à l’autre de l’album, avec l'émergence de nombreux enjeux. Et les 4 dernières pages, qui accélèrent brutalement la narration, font office de véritable rampe de lancement pour la prochaine destination, Norska.
Éric Heninnot laisse éclater son talent à travers un dessin varié, alternant entre personnages à la caractérisation impeccable, décors somptueux, et ambiances immersives. A noter que les couleurs de Gaëtan Georges sont magnifiques et contribuent beaucoup à la lisibilité et l’atmosphère de l’ensemble. D’ailleurs moi qui suis féru d’éditions noir et blanc, j’ai toujours délaissé celles de La horde du contrevent car sans la couleur, les planches sont trop brouillonnes à mon goût, en raison de l’omniprésence du vent (travail difficile très bien rendu par l’auteur).
La seule chose qui m’a fait lever un sourcil est la joute verbale, clé de voûte attendue du récit. Elle est brillante certes, mais sonne un peu comme une battle de rap. Je suis notamment perplexe sur le vocabulaire utilisé. Je pense à des mots comme « caravelle, cargo, carmélite, Carrare » désignant des objets, des personnes ou des lieux qui ne sont pas censés exister dans le monde de la Horde… Mais bon, admettons.
En conclusion, ce 4ème tome est indéniablement réussi. Il justifie le délai de parution et conforte « La horde du contrevent » comme une série de grande ampleur.