L'homme de l'année
4. 1967 - L'Homme qui tua Che Guevara
Une BD de Wilfrid Lupano et Gaël Séjourné chez Delcourt (Histoire & Histoires) - 2013
10/2013 (06 novembre 2013) 54 pages 9782756035376 Grand format 199132
Octobre 1967, la tentative d'insurrection armée en Bolivie échoue. Che Guevara est blessé, capturé, et enfermé dans l'école de La Higuera, un petit village de montagne. Il y passe 18 heures, avant d'être exécuté sur ordre des autorités boliviennes et de la CIA. Ce jour-là, un jeune soldat prénommé Mario a regardé la Révolution droit dans les yeux et l'a abattue d'une rafale de mitraillette...
Le Che Guevara est devenu au fil du temps une figure emblématique. Il est à la fois un héros romantique et un combattant révolutionnaire. Cet ouvrage lui rend un bel hommage. En effet, il est présenté comme un saint que la CIA a fait abattre comme un chien au beau milieu d’un village bolivien. Je doute que cela puisse correspondre à la réalité. On observera également que le service de soins de Cuba est magnifié. Bref, à bas le capitalisme sauvage et le pays phare qui véhicule ces valeurs ! Bon, très peu pour moi; cependant je respecte cette vision des choses.
Il y a bien entendu une autre réalité derrière la gueule d'ange et le beret étoilé. Ceux qui l'ont connu aux premières heures de sa fulgurante carrière portent, en tout cas, un autre regard sur le «guérillero romantique». Anciens compagnons d'armes ou victimes, ils brossent le portrait d'un être froid, brutal et autoritaire. Et aux mains tachées du sang de nombreux innocents. Bref, vous me verrez jamais porté son T-shirt !
On va se concentrer sur le destin de l’homme qui a abattu le combattant communiste. On évitera les clichés en le présentant comme l’idiot du village qui va devenir paranoïaque. L’auteur s’est servi d’une anecdote assez révélatrice de celui qui a combattu le système cubain pour ensuite bénéficier de ses bienfaits. Il reconnaît néanmoins que l’information est invérifiable. Bon, ce n’est qu’une hypothèse qui a fait l’objet d’une bd.
Au final, c'est sans doute l'un des titres les plus réussis de cette saga consacrée à l'homme de l'année. J'ai surtout aimé le fait que les auteurs s'attache à l'humain et non au mythe. L'angle était inattendu ce qui rend cet album très intéressant.
Le Che, ça n'est pas qu'un joli faciès sur un t-shirt tout rouge pour les concerts d'été. Croyez-le ou non, le Che a existé! Mais oui! Plus qu'une idole, ce fût un leader charismatique et révolutionnaire qui connût une fin tragique. Oui, mais quelle fin?
C'est bien cela que cet album nous propose d'investiguer: comment a-t-il été réellement mis fin aux jours du Che? Qui fût la main assassine? Comment une personne sans envergure a pu avoir un impact aussi important sur une partie de la marche du monde? Et comment ce quidam vit, depuis, avec ce poids sur la conscience?
Un nouvel album de la star du scénario (Lupano), cela devrait faire mouche. Malheureusement, et pour la première fois, je trouve cette production de notre cher scénariste assez pauvre. Son approche est intéressante, à savoir principalement suivre le bras exécuteur après son méfait et analyser quelle est sa vie depuis et avec quelle force il arrive (ou pas) à vivre avec ce passé. Toutefois, bien que l'idée soit intéressante, la réalisation m'a énormément déçu. Je ne suis jamais rentré dans cette histoire.
Il y a un mélange entre les faits du passé et du présent qui n'est pas difficile à suivre mais qui ne me semble pas être très pertinent. Au final j'ai même ressenti que l'histoire est une non-histoire. C'est peut-être tendance actuellement dans le domaine du journalisme (où une enquête qui débouche sur rien vaut malgré tout la peine d'être contée) mais en bande dessinée où c'est l'imagination qui guide l'histoire, c'est à remiser aux oubliettes dès que possible.
Le dessin n'aide pas le propos du scénariste. La sur-utilisation des ombres crayonnées (faisant apparemment partie du style de l'auteur) est selon moi un peu lourde et non convaincante. Pour le reste le dessin est de bonne facture mais trop lisse et pas personnel.
Au final, cet album est une vraie déception d'autant plus que j'en attendais sans doute trop. Il faut croire que Lupano doit pouvoir se reposer de temps en temps.
bon, Fred Blanchard, directeur de collection, persiste à donner dans le très moyen, mais ce qui sauve cet album sans rythme, c'est un beau dessin et de très belles couleurs...Quant au scénario de Lupano,(si vous voulez du béton, précipitez vous plutôt sur le redoutable et excellentissime "Singe de Hartlepool" où il s'est s'est surpassé) c'est du vite et bien torché...Bof, bof, bof....