L'homme de l'année
16. 1989 - L'Inconnu de la place Tiananmen
Une BD de
Jean-Pierre Pécau
et
Gin
chez Delcourt
(Histoire & Histoires)
- 2020
Pécau, Jean-Pierre
(Scénario)
Gin
(Dessin)
Scarlett
(Couleurs)
Grateau, Laurence
(Lettrage)
Siner, Nicolas
(Couverture)
01/2020 (15 janvier 2020) 62 pages 9782413011255 Grand format 383636
15 avril 1989, la place Tian'anmen, la plus grande place de Pékin, est envahie par une foule d'étudiants qui réclament plus de démocratie. Durant deux mois, ils vont l'occuper sous les yeux ébahis du monde et le 4 juin, l'armée va intervenir, faisant des milliers de mort. Encore de nos jours, le massacre de la place Tian'anmen n'est pas évoqué librement en Chine, on parle de 6-4, le sixième mois, le quatrième jour de l'année du coq, ou de l'école des cicatrices.
La Chine est connue pour avoir envahi le Tibet pour ses richesses et chassé le paisible Dalaï-lama, fait des millions de victimes durant la révolution culturelle sans compter la mise actuelle dans des centres de rééducation de sa minorité ouïghours, avoir également malencontreusement disséminé par inadvertance sur toute la planète un virus mortel (qui a fait très peu de morts localement mais beaucoup dans les démocraties rivales) et bien entendu le massacre au char d’assaut de pacifiques manifestants étudiants le 4 juin 1989.
Excusez-moi si je n'admire pas vraiment les dirigeants de ce beau pays à la culture millénaire sans être une hyène folle. Ces mêmes dictatures (en incluant la Russie) qui viennent ensuite nous critiquer sur la gestion des gilets jaunes par exemple comme si c'était seulement comparable.
C'est totalement abject tout comme le fait de diplomates chinois de s'attaquer sournoisement à des blogueurs et chercheurs français qui commentent au nom de la liberté d'expression et qui sont jugés trop critiques à l'égard de Pékin. Ce n'est pas surprenant que ce pays se comporte de manière aussi brutale. Ce qui a changé, c'est qu'ils le font désormais ouvertement vis à vis des occidentaux.
J'ai lu récemment un ouvrage consacré au massacre de la place Tien-An-Men à savoir « TienAnMen 1989. Nos espoirs brisés ». Il est vrai que cette BD de fiction apporte plus d'images choquantes sur ce qui s'est réellement passé grâce aux travail des journalistes présents.
On se rappelle tous de cet étudiant anonyme qui s'était mis courageusement devant un char pour l'arrêter. Une image forte et symbolique mais qui cachait en réalité un véritable bain de sang inexcusable et impardonnable. A noter également le rôle des snipers chinois qui ont fait un carton. L'auteur va se concentrer sur l'histoire personnelle de cet étudiant.
Pecau va en effet nous livrer toute une histoire dont la fin ne tiendra absolument pas debout ce qui est franchement bien dommage. On a du mal à imaginer une telle vengeance auprès d'un mourant qui a perdu son fils durant cette tragédie. Je n'arrive pas à comprendre également le sens de cette photographie adressée à notre principale protagoniste. On arrive pas à faire le lien ce qui est décevant. Tout avait pourtant bien commencé pour démarrer ce récit qui va nous tenir en haleine.
On ne peut pas oublier de sitôt un tel massacre parce que des jeunes manifestent pour plus de libertés. Aucune excuse n'est valable mais malheureusement, l'impunité face au géant chinois est totale. C'est une froide leçon d'histoire.
Un huis clos entre une ancienne étudiante qui a vécue les événements et un responsable du régime vivant ses derniers moments.
Les nombreux flash-back permettent d'avoir une approche historique de l'événement : c'est l'intérêt principal de cet album.