L'homme de l'année
13. 1888 - Le Véritable Jack l'Éventreur
Une BD de
Céka
et
Benjamin Blasco-Martinez
chez Delcourt
(Histoire & Histoires)
- 2018
Céka
(Scénario)
Blasco-Martinez, Benjamin
(Dessin)
Blasco-Martinez, Benjamin
(Couleurs)
Siner, Nicolas
(Couverture)
04/2018 (18 avril 2018) 54 pages 9782756085548 Grand format 325848
1888. Londres. Un mystérieux assassin s'attaque aux prostituées de Whitechapel. Les corps sont atrocement mutilés. Qui est capable de telles horreurs ? Scotland Yard échoue à arrêter celui qui devient le plus célèbre tueur en série de l'histoire. Un châle maculé de traces ADN nous permet de révéler, plus d'un siècle après l'affaire, l'identité du fameux Jack l'Éventreur et ce qui le poussait à tuer...
Sombre comme les rues de Whitechapel un soir d'hivers, le dessin est le point fort de cet album qui parvient malgré un format réduit (c'est le concept de la série qui veut ça) à retranscrire l'effroi provoqué par cet assassin et de ses turpitudes. Le scénario, rythmé, nous tient en haleine sur les 54 pages.
Plutôt malin de faire un album « dans la peau » de Jack l’Éventreur et non une enquête de plus en nous sortant un énième suspect improbable du chapeau. Ça change ! Dès le début, on sait qui sera notre coupable : Aaron Kosminski, déjà suspect n°1 de Scotland Yard. Et si on est renseigné dès le début (comme avec le Titanic dont on sait qu’il coule à la fin…), on découvre pourquoi il en est arrivé là... Le dessin de Blasco-Martinez a encore pris en épaisseur et se marie à merveille au scénario étudié mais fluide de Céka. Une bonne surprise, sauce hémoglobine !
Le sujet était potentiellement intéressant.
Malheureusement, le résultat est clairement décevant.
D'abord, les arguments en faveur de la culpabilité de ce Kosminski sont faiblards, et certains éléments clés et célébrissimes de cette affaire ne sont même pas évoqués (l'inscription sur le mur, les lettres au journal signées jack l'éventreur).
Enfin, l'honnêteté intellectuelle aurait du pousser les auteurs à insérer de sérieuses incertitudes sur l'authenticité du châle découvert dans le coffre.
La soit-disant découverte de l'ADN du tueur, sur le tissu, a été rapidement remis en cause par les scientifiques.
Après, les motivations de ce tueur présumé semblent assez faibles, et je n'y ai pas cru un seul instant.
Pire, je me fous royalement de son histoire ; j'espérais une enquête prenante, et j'ai eu droit à une histoire un peu à l'eau de rose, et pas vraiment passionnante.
Il y avait franchement mieux à faire, s'intéresser à un autre suspect, James Maybrick, dont le journal "intime" a été retrouvé dans les murs d'une maison bourgeoise, et dont la vie était autrement plus fascinante et sujette à un album de BD digne de ce nom.
Je ne conseille pas cet album, pour son scénario sans intérêt et raté.
Seuls les dessins sauvent l'ensemble du ratage absolu.
Les auteurs ont choisi leur "Jack l’Éventreur", en relatant l'histoire réelle du barbier juif d'origine russe Aaron Kosminski (suspecté à l'époque) et d'un mystérieux châle, réapparu 126 ans plus tard, lors d'une vente aux enchères à Londres (histoire toute aussi réelle).
Les dessins collent bien à l'ambiance.
Je regrette qu'il n'y ait pas eu un petit fascicule historique pour compléter l'album... En même temps, cette remarque pourrait être faite pour l'ensemble des albums de cette série.