Hé! Mademoiselle !
Hé ! Mademoiselle !
Une BD de Yatuu chez Delcourt (Humour de rire) - 2014
06/2014 (04 juin 2014) 9782756052335 Format comics 218275
Comme toutes les filles, Yatuu a subi les assauts lourds et incessants des primates de la rue. Comme toutes les filles, elle a tout tenté. Puis elle s'est décidée. La meilleure façon de lutter, c'est encore le gag. Au nom de toutes et à l'aide des anecdotes de ses copines, elle compile ces histoires, entre créativité et vulgarité, et propose des solutions... La prochaine fois, on saura quoi répondre !
Les crocodiles de Thomas Matthieu avait abordé exactement le même sujet à savoir le harcèlement de rue qui touche principalement les femmes. Or, je suis l’œuvre de Yatuu qui a déjà réalisé « Moi, 20 ans, diplômée, motivée... Exploitée ! »ainsi que Génération mal-logée !. Ce titre est sa dernière production. le principe est celui d'une fille qui se fait aborder lourdement dans la rue par un ou plusieurs mâles en chaleur.
C'est tout de même à lire car c'est abordé de manière différente et sous l'angle assumé de l'humour. L'auteure semble être une spécialiste pour tourner en dérision certains problèmes de société pourtant difficiles. Les hommes sont traités comme des primates qu'il faut éduquer même si cela parait mission impossible. Elle ne tombe pas dans le stigmatisme car elle a inversé les rôles au cours de deux-trois gags ce qui donne une situation désopilante qui nous fait prendre conscience du phénomène. Par ailleurs, il y a encore des garçons bien mais ils payent pour tous les autres relous. Bref, la manière de lutter de l'auteure, c'est le gag et même s'il paraît agaçant à la longue.
J'ai bien aimé le jeu « chercher le non relou » à la manière d'où est Charlie ? J'avoue ne pas avoir trouvé. Heureusement qu'il y a la réponse en fin de BD. J'apprécie toujours également la même fraîcheur du trait même si le décor est plutôt minimaliste. Bon point également pour retranscrire le doux langage des cités et de montrer certains hommes dans toute leur bassesse lamentable. le rappel de la loi en fin de volume paraît dans ce contexte assez adéquat. C'est visiblement l'application qui semble poser problème.
Les critiques n'ont en général pas été tendres avec cette œuvre qualifiée de parution estivale féminine revendicatrice. D'autres y ont vu une forme de trivialité confinant au malaise (sic !). Le pire étant toujours lorsqu'il s'agit de plume critique féminine traîtresse. Au contraire, j'ai trouvé cette BD décomplexée et assez intelligente dans le concept même si cela paraît moins élaboré que Les Crocodiles pourtant écrit par un homme.