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Ce petit traité d'humanisme à la française nous montre les bienfaits de la société parisienne du XVIII ème siècle. Depuis Ravaillac en 1610, jamais individu n’avait osé attenter à la personne sacrée du Roi. En 1757, alors que Louis XV sort du Château, un homme se précipite et lui porte un coup au flanc. Il s’appelle Robert-François Damiens. Il va subir les conséquences de cette tentative de régicide car Louis XV s'en tirera avec quelques égratignures.
On ne saura rien sur les motivations de cet homme ce qui aurait mérité un développement. Non, on va plutôt vivre une lente agonie liée à son supplice sur la place publique. Il sera écartelé et brûlé car il s'est rendu coupable du crime suprême : celui de lèse-majesté. La journée sera rude. Une foule immense assiste à ce spectacle, les balcons des maisons de la place de Grève sont loués jusqu'à 100 livres. Alors que des femmes du grand monde croient se faire bien voir du roi en trouvant plaisant le spectacle, la foule gronde car les exécuteurs, horrifiés, n'ont réussi leur œuvre qu'au bout de soixante reprises !
Cela nous montre également les méthodes de l'ancien régime. Celles du nouveau régime ne seront guère meilleures...
Un album d'exception qui s'attache à nous décrire, à travers l'exécution de
Robert François Damiens (auteur d'une tentative d'assassinat sur la personne
du roi), la société parisienne du XVIIIe siècle. L'album s'articulera donc ainsi :
le calvaire du suplicié comme fil rouge (et aucun détail morbide ne nous est
épargné), avec autour une ribambelle de rôles secondaires sur qui l'auteur se
fixe de temps en temps : deux lettrés qui discutent, un couple fraîchement
constitué, un père et son fils... et un personnage central que l'on trouve en la
personne de Sanson, bourreau du roi qui exécute ici son premier condamné.
Chacun de ces personnages raconte sa propre version de l'évènement, avec
pour narateur principal Limul Goma, collectioneur chevroné du XXe siècle (du
moins semble-t-il).
On a ainsi une construction intelligente et recherchée du récit qui instaure un
rythme des plus prenant.
Le tout est porté par un trait réjouissant, à la fois clair, libre et fouillis.
L'utilisation de dialogues "modernes" n'hésitant pas à pencher vers
l'anachronisme volontaire sonne quant à elle toujours juste, et la volonté de
semer ici ou là des éléments et des personnages historiques est un atout
supplémentaire.
En somme Hautes Oeuvres est un album brillant, agréable à lire et vraiment
réjouissant. Un seule regret : trop court!