Harleen
Une BD de
Stjepan Šejić
chez Urban Comics
(DC Black Label)
- 2020
Šejić, Stjepan
(Scénario)
Šejić, Stjepan
(Dessin)
Šejić, Stjepan
(Couleurs)
Moscow☆Eye
(Lettrage)
Šejić, Stjepan
(Couverture)
Di Giacomo, Julien
(Traduction)
Šejić, Stjepan
(Préface)
06/2020 (12 juin 2020) 180 pages 9791026816065 Format comics 395816
Après des études mouvementées qui ont entamé sa confiance en elle, la jeune psychologue Harleen Quinzel pense enfin avoir décroché le poste de ses rêves en étant embauchée à l'Asile d'Arkham afin d'apporter son soutien et son expertise aux plus grands criminels de Gotham. Mais il est un être au sein de cet asile qui va à la fois faire chavirer son esprit et son cœur : le Joker ! Petit à petit, Harleen va se laisser séduire puis sombrer dans un abîme de folie y laissant à tout jamais son innocence et ses illusions perdues.
Stjepan Šejić, que je découvre avec ce tome "Harleen" mène d'une main de maitre tous les critères d'un bon comics . Le dessin est d'un réalisme surprenant, les traits et les expressions du visage sont époustouflants (rien qu'a voir la sublime cover), le découpage des planches sert à merveille l'action décrite/dessinée . La mise en scène digne du cinéma avec des cadrages permettant de mettre en valeur les émotions des protagonistes, l'arrière plan est utilisé non pas comme simple remplissage, mais comme complément d'art et de compréhension (en utilisant certaines icônes avec parcimonie comme par exemple la représentation de la justice derrière H.Dent , dans un sens et un moment précis) .
La colorisation est maitrisée, elle sert bien évidemment à adoucir ou assombrir l'environnement, mais aussi de rappel pour définir chaque personnage (exemple noir-rouge-blanc aussi bien pour Harleen en tant que psychologue ou Harley Quinn telle qu'on la connaît) .
Le scénario tend à toucher tous les domaines : La naïveté, la science, la philosophie, la cruauté, l'érotisme et j'en passe .
C'est violent sans être écoeurant (quoi que certaines scènes sont tout de même du registre de l'épouvante), c'est drôle par moment, sensuel et jamais sexuel, extravagant et lucide en même temps sur l'état de la société, de la place de la femme, de la réhabilitation des psychopathes, de la violence minimisée ou cachée en chacun d'entre nous sous l'effet de la foule ou d'un déclic parfois anodin etc..
C'est une écriture et un dessin intelligent, avec certaines métaphores ou jeux de mots bien pensés et placés dans le contexte .
Bien évidemment, avec un livre qui expose les origines d'Harley Quinn sous un nouveau jour, les personnages prépondérants seront elle-même et le Joker (Mr Jay) . Batman , Gordon et les vilains ne seront que secondaires , très discrets . D'ailleurs très peu d'action dans cet album qui se veut plus psychologique.
En conclusion
Une petite merveille dans le monde de DC, une entrée de choix pour découvrir Harley Quinn ou même le Joker . Et d'ailleurs si les super héros vous agacent, vous pouvez tout de même le lire car l'artiste à choisi de faire l'impasse sur les super pouvoirs et l'action . Ça ressemble plus à un thriller à la manière du "Silence des agneaux" avec cette relation docteur/patient .
On connait tous l’histoire d’Harley Quinn et, avant même d’ouvrir cet album, on sait donc comment celle-ci va se terminer. Son visage taché de sang en couverture ne laisse d’ailleurs guère de doute sur cette tragique issue. Pour autant, cette lecture fut très intéressante ; je dirai même qu’il s’agit de ce que j’ai lu de plus intelligent sur ce personnage qui n’a pas été épargné par le grand n’importe quoi ces dernières années (Harleen 2019, #1-3).
Dans l’esprit, sa caractérisation par Stjepan Sejic est à rapprocher de celle de Mad Love (Paul Dini et Bruce Timm) ou de Batman: White Knight (Sean G. Murphy). Et c’est heureux ; ses origines sont respectées et l’on est à mille lieues de son alter ego débile et racoleur des périodes "The New 52" et "DC Rebirth" scénarisées par Amanda Conner et Jimmy Palmiotti.
Ici, Harleen Quinzel n’est pas encore devenue Harley Quinn. C’est une jeune psychiatre en blouse blanche passionnée de criminologie et persuadée que l’on peut soigner les internés de l’asile d’Arkham (assurément un établissement de choix pour une première expérience professionnelle…). Evidemment, cette douce naïveté fait un peu sourire mais le lecteur est amené avec sérieux sur le terrain de la psychologie criminelle et on a envie d’y croire. Les entretiens débutent avec Zsasz, Poison Ivy, Killer Croc et consorts mais le Joker devient rapidement l’objet d’étude très particulier du Dr Quinzel.
Le développement du personnage et sa corruption progressive constituent le cœur de l’intrigue et sont donc très approfondies. On aurait même totalement pu se passer de Batman et de Double-Face qui n’ont que des rôles de figuration. Seul petit bémol, cette inflexion de sa personnalité est un peu rapide par moments ; mais il s’agit après tout d’un comics en trois épisodes et non d’un roman.
En ce qui concerne le dessin, il est de toute beauté. J’ai eu envie de reconnaitre en Harleen Quinzel l’une des deux filles de Sunstone, du même auteur, avant de me raviser… La conception du personnage montre en tout cas qu’il n’est nullement nécessaire de l’accoutrer de bas ou de collants, comme ce fut trop souvent le cas ces dernières années, pour qu’elle soit réussie.
Harleen de Stjepan Šejić est un de mes comics préférés !
La qualité d'écriture est très appréciable. Nous en apprenons davantage sur les éléments qui ont poussé ce personnage iconique à devenir un super-vilain. D'ailleurs le titre est très bien choisi car le récit est centré sur l'histoire de Harleen Quinzel et non pas sur les aventures déjantées de Harley Quinn.
Les dessins frôlent la perfection. Ils sont immersifs, envoutants et nous plongent au plus profond du récit. Les couvertures alternatives en fin d'album constituent de véritables tableaux à admirer sans modération.
D'autres personnages de la Bat-family sont à l'honneur ce qui donne encore plus de consistance à cette histoire.
En résumé, j'ai adoré ce comics qui a un côté très innovant qui n'est pas pour me déplaire !
Attention, choc! Si j’attendais cet album c’était au vu des superbes planches et couvertures révélées par l’édition américaine. Je ne connais pas Sunstone, la série « érotique » qui a lancé le croate mais avais été assez bluffé par la section qu’il avait illustré sur Batman Métal. Et c’est la profondeur du travail psychologique sur son personnage et son approche féminine qui marquent sur ce one-shot qui fera date, après un White Knight de Sean Murphy qui avait déjà bouleversé les canons scénaristiques et qualitatifs de DC en jouant déjà sur cette analyse psychologique des personnages de Batman, du Joker et de Harley Quinn.
Au-delà des dessins qui sont donc absolument sublimes de la première à la dernière page (très peu de déchets, y compris sur les arrières-plans, souvent délaissés dans l’industrie du comic), c’est donc la progression narrative qui impressionne, avec cette structure ternaire permettant de montrer simplement trois phases de ce qui va amener Harleen à tomber dans la toile du Joker. Si l’idée de départ du personnage créé par Paul Dini fascine, la nouveauté ici est l’absence totale de manichéisme. Alors que le Batman est quasiment absent du récit, on évite absolument de nous montrer le Joker en fou-dangereux mais plutôt en rock-star, en Apollon dont le docteur se méfie dès la première rencontre. La subtilité de son jeu est remarquable et la force expressive des visages de Sejic donne une fragilité constante à Harleen qui ne nécessite pas d’appuyer ce déséquilibre qui mènera inévitablement à la chute. De fait le rythme est assez lent, avec peu d’action hormis cette introduction marquante (qui jouera beaucoup dans la faille de l’héroïne), mais passionne de par la finesse de la progression qui infuse comme un goutte à goutte. L’auteur a l’intelligence d’utiliser d’autres personnages iconiques de Gotham sans pour autant se perdre dans des intrigues secondaires inutiles pour aérer la tension en rendant très crédibles l’évolution intérieure de la psy. [...]
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