Happy! (Urasawa)
4. No money!!
Une BD de Naoki Urasawa chez Panini Comics (Panini Manga) - 2010
10/2010 (13 octobre 2010) 320 pages 9782809414547 Autre format 116292
Suite à un âpre combat, Miyuki Umino et Choko Ryugasaki sont à égalité dans la finale de la Coupe Tokyo Cinderella. Un set chacune. Six jeux partout. Tout va se décider au tie-break. Qui des deux joueuses va l’emporter ? Une seule chose est certaine : la pluie battante qui s’est invitée sur le court ne va pas faciliter la fin de ce match.
Encore une remarquable "accélération" de l'intrigue diabolique dans ce foisonnant quatrième volume de "Happy!" qui voit Urasawa multiplier avec un sadisme savoureux les ennemis de la gentille - trop gentille - Umino, et dresser sur son chemin de plus en plus de menaces (contre son tennis, contre sa virginité - présumée -, contre sa vie amoureuse). On est en plein mélodrame sur-saturé de clichés façon romans à l'eau de rose, et la jouissance qu'on en tire est de plus en plus perverse, à l'image de ces images de jeunes fesses rebondies et de petites culottes dont Urasawa parsème son manga. Pourtant, on aurait tort de croire qu'Urasawa ne se vautre ici que dans la fange de la pire des littératures (encore que...), car chacun des rebondissements infâmes dont il parsème son récit sonne juste : "Happy !" pourrait à la limite être lu comme une radiographie sans pitié de la société japonaise gangrénée à tous les niveaux par l'argent et les abus de pouvoirs : depuis les hautes sphères du tennis où se livrent de sombres luttes d'influence jusqu'à l'univers pouilleux du petit commerce des quartiers pauvres, depuis le monde sans pitié des yakuzas trafiquant de la chair fraîche jusqu'au cloaque des paris clandestins, il n'y a dans "Happy !" aucune alternative à la turpitude humaine. C'est sans doute ce manque absolu de sentimentalisme qui fait de "Happy !" une exception brûlante au sein de l'oeuvre généralement humaniste d'Urasawa.