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Info édition : Contient un ex-libris de Dupuy et Berberian, intégré à l'album et réservé à la première édition dans le cadre de l'opération "Les coups de coeur d'Alfred".
Info édition : Ajout du code prix dans le pavé code-barre au verso. Absence de l'ex-libris offert au premier tirage.
Info édition : Logo "Vents d'Ouest" en noir sur la couverture.
Info édition : Edition spéciale pour "Des Bulles dans l'Océan".
Mettre en BD un sujet historique n’est pas chose facile...
Dans La Grippe Coloniale, il s’agit de mettre en lumière l’épidémie qui sévit dans la colonie réunionnaise, en 1919.
Cette BD, en deux tomes, a été réalisée par le scénariste Appollo et le dessinateur Huo-Chao-Si, familiers de l’île indo-océanique, au début des années 2000.
Le style d’Huo-Chao-Si, que j’aime beaucoup (les gesticulations des personnages et leurs grands sourires sont désopilants), me rappelle la patte sympathique des autres membres de son groupe - je pense aux auteurs de la revue réunionnaise Le Cri du Margouillat, dont fait partie Appollo mais aussi Li-An ou encore Téhem (Malika Secouss), ce dernier ayant d’ailleurs été chargé des couleurs du premier tome de La Grippe Coloniale – et me fait aussi penser à la fameuse nouvelle vague BD. Les personnages, au style particulièrement expressif, m’évoquent ceux de Blain (Isaac le pirate) – avec leurs nez étrangement longs - ou la désinvolture de ceux de Jouvray (Lincoln).
Ce qui saute aux yeux quand on observe les planches, ce sont ses contrastes de style, entre photo-réalisme des décors (cargos, maisons coloniales...) - non sans lien avec l’hygiénisme de ces villes nouvelles - et expressivité bédéesque des personnages – beaucoup plus vivants. Avec ces changements de style, Huo-Chao-Si accentue la force émotive des événements ou pointe les analepses. On retrouve ainsi une forme d’impressionnisme, qui tourne presque au fauvisme au climax du récit, ou des ambiances plus pâles, évoquant à rebours l’horreur des tranchées.
Enfin, La Grippe Coloniale est un livre particulièrement bien inspiré, avec une forte ambition historique. C’est une porte d’entrée idéale pour découvrir l’empire colonial français, au sortir de la Grande Guerre (1914-1918).
En effet, Appollo et Huo-Chao-Si racontent l’histoire de quatre frères d’armes, qui reviennent chez eux, à la Réunion, 5 mois après la fin de la guerre. Or, la vie n’est pas si heureuse à leur retour et ils sont loin d’être accueillis en héros :
- Le narrateur, Evariste Hoarau, cherche du travail, afin de subvenir à ses besoins et se réintégrer à la société. Il est finalement recommandé par son oncle auprès de l’un des rares médecins de la colonie. Ce qui l’entraîne à conduire les victimes de la « grippe coloniale » vers l’hôpital... ou plus généralement la fosse commune, en tant qu’auxiliaire médical.
- Camille de Villiers dit « Frankenstein » doit quant à lui accepter son nouveau visage. Avec cette gueule cassée, qui doit le faire souffrir affreusement, il fait peur à sa femme et se retrouve stigmatisé socialement par les autres colons.
- Monsieur Voltaire, vrai-faux tirailleur sénégalais (il est cafre), est confronté au racisme de ses contemporains, alors qu’il a risqué sa vie pour eux. Cruelle désillusion... Mais il n’est pas le seul citoyen de seconde ordre... A l’image de son amante finalement.
- Enfin Grondin, force de la nature, aura bien du mal à faire le deuil de ses proches, sombrant peu à peu dans l’alcool... Car, l’épidémie peut toucher tout le monde et le virus ne se soucie ni du sexe, ni de la couleur de peau, ni du niveau de richesse de ses victimes... On pourra en tirer des leçons...
Ainsi, l’ambiance coloniale de l’après-guerre, qui sied admirablement bien à cette BD pince sans rire – car, malgré la liesse de la victoire, la paix retrouvée et les fraternisations entre soldats blancs et noirs... la grippe espagnole fait entre 30 et 50 millions de morts dans le monde, les discriminations sont criantes dans l’empire colonial français et les femmes sont majoritairement cantonnées à un rôle de potiche, sans droit de vote - est intelligemment brossée.
Par cette BD, les auteurs ont su faire sentir diverses formes de domination coloniale - symbolisée notamment par le salacot des policiers et autres administrateurs peu scrupuleux – sans toutefois omettre les résistances potentielles, la complexité des situations, la diversité culturelle de l’île (origines géographiques, religions, nourriture, fêtes...) ainsi que ses particularités, comme la langue créole, qui finalement les rassemble.
C’est donc finalement une réussite sur le plan didactique et un diptyque fort sympathique à lire.
Cette bd est intéressante car elle évoque deux faits historiques jusque là peu traités:
- le difficile retour des coloniaux dans leur pays après avoir combattu pour leur mère patrie durant la première guerre mondiale. Il est vrai que le cinéma leur a rendu hommage tout récemment avec le film "Indigènes". C'est chose faite dans le monde de la bande dessinée.
- la grippe espagnole qui a été la plus désastreuse des épidémies tuant plus de 30 millions de personnes dans le monde dans un laps de temps très court. Près d'un milliard de malades également ! Il faut savoir que les colonies ont été les dernières touchées, le virus étant d'abord apparu pour la première fois en 1917 en Chine avant de se propager à travers le monde, la démobilisation des soldats aidant.
Je n'aime pas du tout les têtes des différents personnages trop grotesques à mon goût ainsi que le dessin trop simpliste. Mais ce n'est qu'un détail tant le propos historique réalisé avec intelligence prend ici le pas. La réalité sociologique de l'île de la Réunion y est superbement évoquée avec un regard spontané.
Très très bon ... Scénario original et personnages attachants au service d'un dessin surprenant mais très fort.
A conseiller sans hésitation aucune
Je n'ai été ni emballé par l'histoire, ni séduit par le dessin. Je trouve que le dessin (très caricatural) ne s'accorde absolument pas avec le ton du scénario (assez dramatique). Graphiquement domine une impression de pauvreté (beaucoup de cases vides d'arrières-plans), voire de bâclé. Reste le thème de cette BD (les ravages de la grippe espagnole sur l'île de la Réunion au lendemain de la Première Guerre Mondiale) qui a le mérite d'être instructif (pour ma part je ne connaissais absolument pas ce fait historique). Insuffisant toutefois pour faire de LA GRIPPE COLONIALE une bande-dessinée à recommander.
Un superbe 1er album. Je l'ai relu aujourd'hui et il faut bien dire que le délai
pour la suite et long (voire foutage de ......).
Allez, un effort pour continuer une belle histoire !!! On attend Cylcone la peste.
Très bonne surprise que cette grippe coloniale qui utilise de manière assez innatendu le thème du retour des poilus. En effet, ces poilus rentre chez eux, à la Réunion. Et pour ajouter encore un peu d'exotisme à la BD, se mèle à tout ça un thème assez peu usité dans la BD (pas que dans la BD soit dit en passant), celui de la grippe espagnole ! Cet ensemble de problématique était très clairement casse gueule tant il y aurait à dire sur le colonialisme, le retour des poilus, le comportements des autorités sanitaires et politiques facent à l'épidémie de grippe espagnole, etc.
A l'arrivée, les auteurs échappent à toutes les ornières avec brio ! En effet la BD ne sombre jamais dans le moralisme, la caricature ou le misérabilisme à deux balles. A la place on a le droit à toute une série de portraits de personnages très drôle et émouvants qui se débattent tous dans un univers que les métropolitains connaissent finalement très mal, y compris moi : les DOM/TOM. Et ça c'est bien dommage ! Qui me paye un voyage à la Réunion que je corrige tout ça au plus vite ;o)))
Je constate de plus en plus que la collection Equinoxe de chez Vents D'Ouest devient un vrai label de qualité. Les titres se multiplient avec éclats, et "La Grippe Coloniale" ne faillit pas à la règle.
Le scénario d'Appollo est assez original. A la fin de la première guerre mondiale, l'auteur nous parle, ici, de quatres soldats français qui reviennent du front. Ils rentrent chez eux, à la Réunion. Leur retour à la terre ne se fera pas sans mal. Les tensions sociales et raciales qui sont vives, l'incompréhension de leurs congénères, le décalage dont ils sont les victimes par rapport à la vie paisible de cette île et surtout le sentiment de rejet qu'ils éprouvent quotidiennement. Tout ces ingrédients donnent le ton de cet album, mais là où cela devient intéressant c'est que celui-ci est traité avec beaucoup d'humour. Les différents personnages sont très attachants : Grondin, le costaud au grand coeur, Camille, l'aristocrate défiguré, Voltaire, le tirailleur sénégalais et coureur de jupons, et pour finir Evariste, le plus futé de la bande.
Le graphisme de Huo-Chao-Si est très actuel, et plutôt influencé par Blain, Sfar, etc... On voit clairement que l'auteur a travaillé sur ces décors et ces personnages avec coeur et enthousiasme. Ce qui est un peu logique, car si j'ai bien lu, ce dessinateur est originaire de La Réunion. Ce détail est important, car grâce à cela l'album est plus crédible dans sa présentation générale.
Les couleurs de Tehem collent très bien avec le récit. Les tons sont peu agressifs, ce qui donne un cachet supplémentaire à cette bd.
Une fois de plus, j'ai été séduit par un titre de cette collection. J'en suis ravi.
Un album à lire en savourant cet instant de bonheur !