Grass Kings
1. Tome 1
Une BD de
Matt Kindt
et
Tyler Jenkins
chez Futuropolis
- 2019
Kindt, Matt
(Scénario)
Jenkins, Tyler
(Dessin)
Jenkins, Tyler
(Couleurs)
Van Den Dries, Sidonie
(Traduction)
01/2019 (16 janvier 2019) 143 pages 9782754825092 Autre format 353951
Un bien étrange royaume dominé par trois frères, Bruce, le shérif au passé tumultueux, Ashur, le plus jeune et surtout Robert. Robert est devenu alcoolique à la suite de la disparition de sa fille des années auparavant. Depuis sa femme l’a quitté, et il est devenu asocial. Ce petit village cache de lourds secrets. Les morts violentes sont omniprésentes depuis la nuit des temps. L’arrivée de la femme en fuite du shérif du comté voisin, Humbert Jr, ravive les tensions. Robert voit en elle sa fille devenue adulte. Mais pour beaucoup, elle a été victime... Lire la suite
Difficile de cerner les contours de cette impressionnante BD. En fait il s’agit moins d’un polar que d’un western contemporain. Un western dont le saisissant décor à base de cabanes, containers et mobile homes abritent un troupeau de personnages sociopathes, abâtardis et ravagés. C’est là qu’il manque à mon avis la présence d’un héros "normal", extérieur à tout ça pour équilibrer un peu cette faune et donner plus de rationalité au scenario. En effet, j’ai juste eu un peu du mal à croire que de nos jours aux USA, puisse exister cet improbable "royaume" autonome… Mais passons, l’ensemble est immersif, vivant, et ça sent fort la vase, l’huile de vidange et la poudre ! Il en émane même une belle esthétique de fin du monde.
Côté graphisme, le trait jeté et tranchant de Jenkins est efficace même si ses aquarelles aux couleurs parfois bizarres sont souvent épaisses et font un peu crades. Cela dit je reconnais que visuellement ça fonctionne vraiment bien. Il se dégage de l'ensemble un esprit sauvage et tourmenté qui menace d’exploser à chaque instant. Tout ça m’a rappelé l’excellente série "Top of the Lake". Grass Kings est donc une œuvre au gros potentiel que je suivrai avec envie.
Dessin non abouti, esquisse coloriée voilà ce qui pourrait définir le dessin de ce roman graphique qui ressemble fort à la définition d’un manga et pourtant cela n’en est pas un. Passé cette étrange façon (pour moi) de mettre en image l’histoire qui nous est ici contée, on entre dans un super polar.
La communauté de Grass Kings vit un peu en autarcie à côté de la commune de Cargill qui subit la loi du Sheriff Humbert. Elle y abrite une population, venue de tous horizons, qui ne souhaite pas que l’on vienne marcher sur ses plates-bandes. Elle se repose sur sa propre police (non légale) menée par trois frères dont Robert, personnage central de ce roman.
Celui-ci a perdu sa fille Rose un jour d’inattention. La population pense que celle-ci s’est noyée. En draguant le lac de multiples restes de corps sont découverts et aussitôt la peur commune fait penser à un tueur en série.
Robert noie sa peine dans l’alcool. Un jour surgissant du lac, une femme débarque devant le perron de sa maison. Il s’agit de Maria la femme d’Humbert qui s’est enfuie à la nage de sa prison dorée de Cargill… De cette apparition va naître le retour à la raison de Robert et une implacable guerre entre Grass Kings et Cargill.
Sincèrement, je préfère la bande dessinée au roman graphique qui, je pense, sont deux arts proches et pourtant bien différents. Un dessin de Homs, Vallée ou Grenier (il y a plein d’autres exemples) me donne plus de plaisir que ce que présente Tyler Jenkins dans GrassKings. Mais il faut avouer que l’harmonie créée entre le scénario de Matt Kindt et les esquisses (je ne dirai pas peinturlurées car les couleurs ne sont pas criardes et ça serait méchant) « coloriées » de Jenkins est fameuse.
N’hésitez pas à lire cette excellente… pardon cet excellent roman graphique.