La grande évasion (Delcourt)
4. Fatman
Une BD de David Chauvel et Denys chez Delcourt - 2013
01/2013 (03 janvier 2013) 70 pages 9782756027869 Grand format 178941
Aucune cellule, aucune prison ne résistent à Carl Douglas, alias Fatman, le roi de l'évasion. Ce talent brut au flegme tout britannique et à la carrure XXL est recruté de force par des gros bras venus de New York. Ces derniers le somment de faire évader le parrain de leur famille mafieuse, emprisonné à perpétuité dans un établissement de haute sécurité. Ils ignorent que Fatman n'obéit qu'à lui-même...
Lorsque j’ai commencé ma lecture de Fatman, j’ai été interloqué par la petite scène présentant une femme au bord de la crise de nerf prête à tuer son mari mais qui refreine ses ardeurs meurtrières. On enchaîne sur la personne de Fatman, un gros lard qui se vautre sur son fauteuil en regardant des séries tv débiles tout en se goinfrant de chips ce qui ne confère pas à la sympathie. En outre, il fallait deviner que cette scène se passe en Angleterre.
On va lourdement insister sur le périple de ce personnage qui s’envole un peu forcé aux States pour accomplir un nouveau contrat en rapport avec le thème de l’évasion. J’ai senti alors une certaine lourdeur qui conférait à l’ennui. Il ne se passe pas grand-chose. Les scènes sont entrecoupées avec celles de la femme qui visiblement veut faire la peau du monde entier.
Pour autant, arrivé à mi-parcours alors que le décor est largement planté, il y a tout un mécanisme qui se met en place pour nous délivrer une fin magistrale. Bref, je me suis mis à apprécier cette bd. Notre Fatman se fait même voler la vedette. Il y a une part d’inattendu dans une mécanique pourtant parfaitement huilée d’où l’intérêt.
Bon tome 4 de cette série Evasion. Scénario captivant de bout en bout avec deux histoires parallèles et un dénouement assez inattendu. Les dessins sont réussis avec une mention toute particulière pour le personnage de Fatman , très charismatique et qui reste zen en toutes circonstances.
Une bonne histoire à la narration bien construite comme Chauvel sait le faire désormais. On ne quitte pas l'histoire. Certains passages pourront paraître rocambolesques (l'accident avec la dépressive/névrosée) d'autres plus inadéquats (quoique) en l'espèce du vieux mafioso qui voit dans la rencontre avec l'inconnue une planche de salut maritale. Mouais, pourquoi pas, c'est le choix des auteurs.
Une intrigue originale mais surtout un excellent scénario. Au lieu de le faire linéaire, les flash-back et forward s'enchaînent parfaitement maîtrisés, sans jamais nous perdre. Les dialogues directes et crus sont un régal et les moments de silence nous mettent dans l'attente d'une réaction qu'on voudrait aussi immédiate qu'un cliché. Mais rien. Et c'est au moment où on est sur le point de l'oublier qu'elle(s) arrive(nt). Le dessin un peu faible ne nuit pas à ce petit régal.
Carl Douglas, sujet britannique à qui l'auteur tente (sans vraiment y parvenir) de donner un style british, est tout a fait dans son rôle, et le scénario est intéressant. Le dessin est pas mal, mais tout de même statique. Peu de possibilités de s'immerger dans les bas fonds New-yorkais ni dans la pègre italo-américaine, une surprenante femme déprimée qui finira par décider de la conclusion...Un fourre tout sans véritable suspense, mais Fatman sauve cet album, tant il apparaît aussi adipeux que sympathique...