Gentlemind
2. Gentlemind - Épisode 2
Une BD de
Juan Díaz Canalès
et
Antonio Lapone
chez Dargaud
- 2022
Díaz Canalès, Juan
(Scénario)
Valero, Teresa
(Scénario)
Lapone, Antonio
(Dessin)
Lapone, Antonio
(Couleurs)
02/2022 (25 février 2022) 64 pages 9782205087246 Grand format 440025
New-York, 1940. Navit, une jeune artiste désargentée, hérite d'un journal de charme quelque peu désuet : Gentlemind. Combative, intelligente et audacieuse, elle s'improvise patronne de presse et se lance le défi insensé d'en faire un magazine moderne. Hantée par le souvenir de son amant disparu sur le front en Europe, elle doit affronter la réalité d'une société américaine en plein âge d'or mais résolument machiste...
Il est certain que le dessin d'Antonio Lapone ne fera pas l'unanimité. Il est exagérément anguleux et extrêmement chargé. Il s'en dégage parfois une impression de fouillis visuel pas toujours agréable.
La mise en couleur plutôt terreuse - hormis les rouges - est utilisée comme un simple élément graphique. Elle est belle mais n'aide pas à distinguer convenablement les différents plans des cases.
En clair, la lisibilité a été délibérément négligée et c'est un choix assumé de l'auteur. On adhère ou pas.
Pour autant le rythme et l'énergie débordent des pages et donnent un souffle certain au récit. Cette densité permet de restituer les ambiances effervescentes des rédactions de presse périodique de cette époque, de l'après-guerre au milieu des 70's. C'est ce que nous montre le scénariste, l'excellent Juan Diaz Canales : même les magazines de divertissement comme "Gentlemind" n'ont pu ignorer les douloureux bouleversements sociaux qui ont agité les Etats-Unis. On le voit à travers les nombreuses couvertures qui jalonnent l'album et résument à elles seules ces 3 décennies bouillonnantes qui auront emporté avec elles les restes d'un monde masculin, blanc, conservateur et bien pensant. L'amorce du changement à venir se dessine (littéralement) à la une de toutes ces revues ; jusqu'à la conclusion que j'ai trouvé efficace et réussie. C'est un travail d'écriture très fin, ambitieux et intelligent.
Cela dit je reconnais que je n'ai pas retrouvé le même plaisir que pour l'épisode 1, surtout à cause de certains personnages, devenus aigris et antipathiques, que je ne suis pas arrivé à cerner.
Il me semble malgré tout que les qualités l'emportent sur les défauts. C'est une BD au thème singulier, traité de façon très originale, qui mérite largement qu'on s'y attarde.