Fritz Lang le maudit
Une BD de Arnaud Delalande et Éric Liberge chez Les Arènes (Les Arènes BD) - 2022
03/2022 (24 mars 2022) 104 pages 9791037505866 Grand format 445684
Le noeud de la vie de Fritz Lang a lieu à Berlin durant l'hiver 1921. Une femme ouvre la porte d'un appartement et se fige devant un couple en pleine étreinte. En larmes, Lisa Rosenthal regagne sa chambre. Elle vient de surprendre son mari, Fritz Lang, avec une autre, Thea von Harbou, co-scénariste de ses films. Quelques minutes plus tard, un coup de feu retentit. Lisa est retrouvée morte d'une balle en pleine poitrine, tirée par le revolver de son mari. Suicide, dispute ou meurtre ? Une enquête de police est lancée. Fritz Lang est innocenté, mais... Lire la suite
Voici une BD qui va nous conter la biographie de Fritz Lang qui fut un grand cinéaste d'origine austro-hongroise. Ce dernier va devenir américain afin de fuir la folie meurtrière qui s'est emparée de son pays et de l'Europe.
Son œuvre fut assez grandiose en terme d'apport au cinéma mondial. Il développa des thèmes comme la manipulation des foules par un surhomme ce qui n'est pas sans rappeler la triste réalité de l'époque. Cela sera le « Docteur Mabuse » avec l'envie de possession et de pouvoir.
Il abordera également une esthétique expressionniste qu'on retrouvera dans la plupart de ses œuvres. Il faut savoir que son premier amour est la peinture qu'il abandonna pour le cinéma quand d'autres ont choisi une voie plus politique. Les beaux-arts mènent à tout ! Cette œuvre va d'ailleurs montrer en parallèle les deux trajectoires, celle du cinéaste et celle du futur dictateur. J'ai bien aimé cette démarche qui inscrit cette biographie dans son époque pour mieux la comprendre.
On se souvient de son film monument à savoir Métropolis qui fut un échec financier retentissant mais qui a assuré à l'auteur une postérité sans pareille. Le thème est totalement inédit comme un regard plongé dans le futur. C'est la vision prémonitoire d'une ville futuriste coupée en deux parties distinctes selon le rang social de ses habitants à savoir les riches et les pauvres.
On sait qu'il a participé à la Première Guerre Mondiale en qualité d'officier dans l'armée austro-hongroise alliée à l'Allemagne du Kaiser Guillaume II. Il y sera blessé par deux fois. Il commencera l'écriture pour le cinéma au cours de sa convalescence. Plus encore, il va se révéler assez compétent avec un goût assez raffiné.
Sa période allemande durera jusqu'en 1933 où il produira bon nombre de films muets. Son premier film parlant sera d'ailleurs « M le maudit » en 1931 ce qui est repris sous forme de clin d’œil dans le titre de cette BD.
A noter qu'il préférera quitter l’Allemagne nazie afin de ne pas se compromettre ce qui ne sera pas le cas de son épouse Théa qui rejoindra le parti nazi afin de permettre à l'Allemagne de reconquérir sa dignité perdue. Il faut également dire que la première épouse a préférer se suicider au pistolet en pleine poitrine en découvrant l'infidélité de son mari en plein ébat avec sa scénariste à Berlin en 1920.
Bref, l'ami Fritz a eu une vie pour le moins tourmentée ce qui se reflétera dans ses films avec des thèmes comme la mort, le suicide, la peur, la culpabilité et l'horreur. Fritz Lang a été reconnu par ses pairs et par le public comme un des cinéastes les plus importants du XXe siècle. C'est dire ! Il a réinventé le cinéma en lui donnant une autre dimension.
Parfois, une BD peut vous apporter des informations assez utiles pour comprendre le cinéma qui forme un grand pan de la culture mondiale. Un mot sur le dessin pour dire qu'il est superbe avec une bonne utilisation de la couleur à très bon escient. C'est un album assez captivant que voilà avec une âme et une direction très intéressante à savoir la construction d'un monstre pour un pays tel que l'Allemagne.
Une bande-dessinée revenant sur la première partie de la vie de Fritz Lang en Allemagne avant son exil aux Etats-Unis à la veille de la Seconde Guerre Mondiale.
Il sera question ici de son ascension en tant que réalisateur de films, de sa relation avec sa scénariste Thea von Harbou, du suicide de sa femme (est-ce bien le cas d'ailleurs ?), de Metropolis, de sa rencontre avec Goebbels… en parallèle de l'Histoire de l'Allemagne (Grande Guerre, montée du nazisme).
Les planches sont magnifiques et retranscrivent bien l'expressionisme allemand de l'époque. Certaines planches de cauchemar permettent d'introduire notamment le sinistre Hitler et ses idées national-socialistes.
Un 'one-shot' qui synthétise bien la biographie du cinéaste (sur une bonne partie), son époque et les idéologies qui y étaient en vogue. Nous n'aurons malheureusement pas de conclusion tangible à l'enquête au sujet du suicide de sa 1ère femme.