Les frères Rubinstein
1. Shabbat Shalom
Une BD de
Luc Brunschwig
et
Étienne Le Roux
chez Delcourt
- 2020
Brunschwig, Luc
(Scénario)
Le Roux, Étienne
(Dessin)
Chevallier, Loïc
(Dessin)
De Cock, Elvire
(Couleurs)
Gregson
(Lettrage)
04/2020 (26 aout 2020) 70 pages 9782413023920 Grand format 387623
De 1927 à 1948, la vie de deux frères juifs d’origine polonaise, nés pauvres dans un coron du Nord de la France. Salomon, l’aîné, débrouillard et hâbleur, rêve de cinéma. Moïse, le cadet, intelligent et timide, réussit brillamment son parcours scolaire. Peu soucieux de leur identité religieuse, les évènements en feront d’abord une bénédiction avant d’entraîner Moïse au-delà des portes de l’enfer…
Personnellement je n'aime pas les dessins les personnages n'ont aucunes émotions et je les trouvent figés l'histoire c'est du déjà vu donc désolé ma note est très mauvaise .
NB/Je sais c'est dur de noter l'histoire mais bon ici ce n'est pas l'histoire que je note mais bien le graphisme et le scenario .
C'est l'histoire des frères Rubinstein sur une période s'étalant de 1927 à 1948. Il est vrai que je ne connaissais pas ce récit qui se situe à une époque troublée par la montée du nazisme et surtout par la Seconde guerre mondiale.
Au rayon des bémols, il y aura des dialogues en plusieurs langues étrangères et non traduit ce qui ne va pas faciliter la compréhension du lecteur. Je comprends le besoin d'authenticité mais cela nuit un peu à l'ensemble.
On suit également ce récit sur trois époques différentes ce qui est également assez difficile à suivre pour relier la chronologie des événements. On passe d'un flash-back à l'autre sans crier gare.
Au niveau graphisme, c'est excellent car j'aime ce style de dessin réaliste. Rien à redire.
Sinon, pour le reste, il y aura de terribles scènes très cruelles où les nazis ne faisait pas de quartier. Cependant, au-delà de cela, c'est la terrible injustice de l’école qui a donné le palmarès au fils du riche bourgeois local qui m'a le plus touché. Le professeur va expliquer que la justice n'est pas l'important et qu'il faut se soumettre à la loi du plus riche ?
Au final, un très bon début.
1942… Ou 1943…
Un train de la mort. Destination finale : Sobibor !
Moïse Rubinstein brûle une allumette dans ce wagon à bestiaux où il est parqué avec des dizaines d’autres juifs. Il veut revoir la photo prise juste avant qu’il ne monte dans l’avion qui devait le ramener en Europe et où son frère, Salomon, se tient à ses côtés. Son frère qui lui déconseille fermement de retourner en Europe : « L’Europe de 1938, elle en veut plus des juifs ! »
Il se rappelle leur entrée fracassante à Hollywood et leur rencontre avec Sam Garfunkel, important personnage des milieux du show-business, juif lui aussi. Mais surtout, il revoit ses parents, leur maison dans un coron, en France, en 1927, le jour où il s’apprêtait à sortir major de sa promotion de l’Académie Lambertin, son père lui faisant la surprise de lui tailler un costume dans son plus beau tissu pour l’occasion. Brillantissime élève, nul doute qu’il allait l’emporter… Oui, mais…
Critique :
Attention : chef-d’œuvre ! J’ai eu l’occasion de lire beaucoup de très bonnes bandes dessinées ces dernières années. Celle-ci s’en vient rejoindre les meilleures car elle rassemble toutes les qualités pour en faire une merveille du neuvième art.
Le scénario qui nous raconte la vie des deux frères Rubinstein va s’étaler sur plusieurs albums. Sept ? Dans celui-ci, le premier, Luc Brunschwig nous raconte l’histoire de deux frères que tout oppose physiquement, mentalement, moralement… Tout ? Non ! Ils s’aiment et Salomon ferait n’importe quoi pour protéger son petit frère. Salomon est le débrouillard par excellence, l’optimiste, celui qui croit fermement en l’avenir et qu’il peut influencer celui-ci. Moïse est un intellectuel pur. Un cerveau ! Mais il n’a pas la force de son frère et surtout, il lui manque sa débrouillardise. En voulant redonner à son frère Moïse la juste place qu’il mérite, Salomon va entraîner une série de malheurs qui frapperont cruellement sa famille.
Luc Brunschwig nous remet en mémoire que les sentiments antisémites n’étaient pas propres à l’Allemagne de l’entre-deux-guerres. En France aussi, cette haine du juif était bien établie. Dans les corons de l’époque où vivaient les mineurs, nombre d’entre eux étaient Polonais. Rappelons-nous que les Polonais, comme les Russes, pratiquaient régulièrement des pogroms à l’encontre des juifs vivant sur les mêmes terres qu’eux… Dans ce brillant scénario, de « bons » citoyens français vont vouloir rendre justice sans trop se soucier des autorités. Ce qu’ils feront n’est guère éloigné de ce qu’accompliront les nazis, plus tard, en Allemagne, après l’accession au pouvoir d’Adolph Hitler. A ma connaissance, aucun fait similaire à celui conté dans ce récit ne s’est produit en France, même si les sentiments antijuifs étaient très développés. Gardons un esprit critique, en particulier lorsqu’il s’agit d’une BD « historique ».
Les dessins d’Etienne Le Roux donnent aux personnages des personnalités vraiment fortes et crédibles. Loïc Chevalier crée des décors de toute beauté et Elvire De Cock apporte la touche de couleur qui complète magnifiquement ces tableaux.
Que vous aimiez l’aventure, l’histoire, ou tout simplement de splendides planches de BD, cette histoire est faite pour vous !