Fondu au noir
Une BD de
Ed Brubaker
et
Sean Phillips
chez Delcourt
(Contrebande)
- 2017
Brubaker, Ed
(Scénario)
Phillips, Sean
(Dessin)
Breitweiser, Bettie
(Couleurs)
Moscow☆Eye
(Lettrage)
Headline, Doug
(Traduction)
11/2017 (29 novembre 2017) 306 pages 9782756095042 Format comics 315323
Un film noir dont les scènes doivent sans cesse être retournées... Un scénariste de cinéma traumatisé, alcoolique et détenteur d'un terrible secret... La mort suspecte d'une starlette... Un directeur de studio hystérique prêt à tout pour boucler ses films avant l'effondrement de l'âge d'or du cinéma. "Fondu au noir" est un thriller hollywoodien où il est question de course à la célébrité, de sexe et de mort !
On est dans le Hollywood de la fin des années 40, en plein maccarthysme.
Charlie, scénariste pour un Studio célèbre mais ayant perdu toute inspiration à la guerre, n'est plus que le prête-nom de son "ami" (devrait-on dire meilleur ennemi...) Gil, scénariste black-listé ne pouvant plus exercer.
Au matin d'une nuit de fête comme seule Hollywood sait les organiser, Charlie se réveille dans une villa avec la starlette, étoile montante du Studio, morte à côté de lui... Bien sûr, assassinée...
Dans les vapeurs d'alcool consommé ce soir-là et, sans modération, le reste du temps avec Gil, les deux décident de trouver le/les coupable(s) alors que le Studio pour ne pas faire de vagues qui nuiraient à sa réputation déclare un suicide.
S'en suit un polar noir. Puissant. Au point de faire 360pages! Les dessins sont magiques, avec des à-plat en nuances de gris dignes de photos du studio Harcourt.
Le problème, pour moi, c'est justement cette longueur. Rien n'est lent, non! Tout est intéressant même certaines digressions! Simplement on n'est plus dans la lecture d'une BD "détente", il faut suivre en permanence le script tellement ça va vite en alternance entre la vraie (de la BD!) et des retours sur les tournages en cours ou l'histoire des protagonistes.
Cet album mériterait facilement 4 ou 5 étoiles, mais ces longueurs me font me limiter à 3. Désolé!
Si Criminal reste ma série préférée de l’infatigable duo formé depuis près d’une vingtaine d’années d’Ed Brubaker et de Sean Phillips, Fondu au noir figure aussi en bonne place parmi mes indispensables. C’est en entendant de nouveau parler de l’affaire Weinstein que j’ai eu l’envie de ressortir cet album de ma bibliothèque. En effet, bien que le comics se déroule à la fin des années 40, les agissements qui y sont décrits paraissent encore tristement actuels, notamment l’emprise exercée par des hommes de pouvoir sur de jeunes actrices (The Fade Out 2014, #1-12).
Il s’agit d’un polar situé en 1948 au cœur du cinéma hollywoodien. Après la mort suspecte d’une actrice, deux amis scénaristes commencent à s’interroger et à enquêter sur leur milieu et sur les personnages qui y gravitent tel un panier de crabes. Outre une enquête plutôt classique, sans détour et donc facile à suivre où se mêlent alcool, sexe et gabardine, plusieurs thèmes propres à l’univers cinématographique y sont abordés, comme l’écriture ou plutôt la réécriture incessante d’un film, le fonctionnement infernal d’un studio ou encore la liste noire de Hollywood au temps du maccarthysme naissant.
Le scénario de Brubaker est très prenant, intéressant de bout en bout et on ne s’ennuie pas instant. Le dessin de Phillips est sombre à souhait et participe pleinement à créer l’ambiance de polar. L’édition est également soignée : au lieu d’être inutilement saucissonnés en plusieurs volumes, les douze épisodes sont ici réunis en une intégrale et forment un bel objet comme cela devrait toujours être le cas en VF pour les mini-séries.
"Fondu au noir" se caractérise d’abord par un dessin réaliste très efficace malgré quelques légères disproportions ici ou là chez certains personnages. Le lecteur n’a aucun mal à ressentir ce pouvait être la Côte Ouest en 1948, l’âge d’or des studios de cinéma et la Chasse aux Sorcières... Paillettes, belles bagnoles, impers et chapeaux… rien ne manque !
Le scenario – une enquête brumeuse – est classique et sans réelle surprise. Malgré les 330 pages, la lecture est plutôt fluide car l’intrigue s’enrichit progressivement détail par détail, sans se perdre dans trop de ramifications.
L’originalité vient du côté obscur du rêve hollywoodien, hanté de cauchemars, d’alcools et de petits arrangements véreux…Ce ton désenchanté apporte une dimension vénéneuse à l’ensemble et peut en effet rapprocher cet album de James Ellroy ou "Mulholland Drive". Seule la voix off omniprésente d’un narrateur m’a semblé un brin terne et inutile mais passons ; c’est clairement une très bonne BD !
Cette brique est un magnifique hommage aux polars noirs des années 50. L'immersion dans l'univers glauque de l'industrie du film hollywoodien de l'après guerre. Starlette en quête de gloire, producteurs tout puissant, scénariste de l'ombre,(...), les acteurs de cette tragédie sont nombreux et évoluent dans un atmosphère à la Lynch. L'atmosphère m'a en effet fait pensé à Mullholland Drive, l'aspect fantastique en moins.