La folle histoire de la mondialisation
Une BD de
Isabelle Bensidoun
et
Enzo
chez Les Arènes
(Les Arènes BD)
- 2021
Bensidoun, Isabelle
(Scénario)
Jean, Sébastien
(Scénario)
Enzo
(Dessin)
Bonini, Sandrine
(Couleurs)
Follin, Élise
(Couleurs)
04/2021 (23 avril 2021) 245 pages 9791037502797 Format normal 422664
Un essai en BD, au cœur de l'actualité, accessible à toutes et tous. Après Economix, la nouvelle BD économique. Alors que la crise du coronavirus a révélé à tous que la France avait dû importer des masques et des médicaments, la mondialisation est contestée comme jamais. Les citoyens refusent de plus en plus les traités internationaux type CETA, veulent des circuits courts et des relocalisations. Mais la France est encore plus mondialisée qu'on ne le croit : la moitié des biens que nous consommons est importée. Les machines et les équipements électriques... Lire la suite
J'ai souvent entendu parler de la mondialisation mais pas vraiment dans de très bons termes. Je suis plutôt du genre à m'intéresser à l'économie sans porter de jugement hâtif. Il me faut comprendre ce qui reste assez abstrait pour moi avant de me faire véritablement une idée précise.
La mondialisation a entraîné la baisse de la pauvreté dans le monde et un pouvoir d'achat accru pour les habitants d'un pays donné et cela est un fait aussi indéniable qu'elle a entraîné une hausse des inégalités. Bref, il y a également de bons aspects à la mondialisation qu'il convient de souligner pour rester honnête dans ce débat. Il faut savoir que ce phénomène a été en expansion à partir du XIX ème siècle à la faveur d'une centaine d'année sans guerres majeures (1815-1914) entre les puissances capitalistes. On peut dire également que c'est parfois un facteur de paix.
Cependant, si la mondialisation détruit des emplois dans certains secteurs, elle en crée dans d'autres. Rien n'est vraiment aussi simple. C'est pourquoi un journaliste plutôt ouvert Enzo sur la question interroge deux spécialistes de l'économie Isabelle Bensidoun et Sébastien Jean afin d'expliquer ce phénomène qui cristallise les passions.
Dans la dernière partie, les auteurs vont se pencher sur ce qui ne va pas. Là encore, c'est traité avec une parfaite neutralité qui rend la réflexion assez crédible. On arrive à la conclusion qu'il y a encore beaucoup de travail à réaliser pour construire le monde de demain en respectant l'environnement.
La crise sanitaire actuelle et ses conséquences sont justement bien abordées. En effet, pourquoi n'avions nous pas de masques ou de test anti-COVID ou encore de médicaments ? Ah oui, on avait confié la fabrication à la Chine d'où est parti ce fameux virus. La mondialisation a révélé toutes nos failles.
C'est un essai économique en BD et ce n'est jamais très facile de réaliser cela en 220 pages. Il y a des passages où il faudra s'accrocher mais l'effort de vulgarisation a bien été réalisé. Ce sont trois grandes parties avec de petits chapitres qui répondent à des questions simples : la France construit-elle encore des voitures ? Faut-il relocaliser la production ? La mondialisation, terreau du populisme ? Peut-on dompter la finance ?
Le côté aride sera évité et c'est une bonne chose. Je trouve que c'est un travail d'investigation assez honnête. A noter que j'ai bien aimé la décortication de la marinière d'Arnaud de Montebourg qui se revendiquait 100% française. On se rend compte que nous vivions désormais dans un monde interconnecté et qu'un produit est l'assemblage d'éléments provenant du monde entier.
On apprendra également que c'est la France socialiste de François Mitterrand qui a été le véritable promoteur de la mondialisation au sein de l'Union européenne alors qu'on tape sur Margaret Thatcher ou Ronald Reagan. Il faut rendre à César ce qui est à César. Bref, il y aura des sujets qui fâchent.
J'ai bien aimé également le fait que les auteurs ne s'arrêtent pas à la dimension économique de la mondialisation mais abordent également les répercussions politiques ou culturelles par exemple ou son aspect historique. Bref, c'est à découvrir absolument !