La favorite
Une BD de Matthias Lehmann chez Actes Sud (Actes Sud BD) - 2015
03/2015 (15 avril 2015) 148 pages 9782330047788 Autre format 243807
Orpheline, Constance est élevée par ses grands-parents, dans une maison bourgeoise de la Brie, à l’écart du monde. Le grand-père écoute Gustav Mahler dans un fauteuil, un verre à la main, maudissant le sort qui s’est abattu sur la famille il y a bien longtemps. Un sort qui a fait de lui un lâche et a poussé sa femme, qu’il hait, à punir et à battre cet enfant pour la moindre peccadille, et surtout à l’habiller en fille de bonne famille, alors que Constance est un garçon... C’est à l’arrivée des nouveaux gardiens de la maison et de leurs deux enfants,... Lire la suite
Il n’y a rien de pire que la maltraitance des enfants, ces petits êtres innocents qui peuvent être souillés par la méchanceté des adultes. En l’occurrence, on fait la connaissance d’une petite fille d’aspect et de sa grand-mère plutôt acariâtre qui n’hésite pas à la battre avec son martinet ou la mettre au grenier sans la nourrir. Le décor est planté d’emblée dans cette vaste demeure bourgeoise au cœur de la France profonde. On va alors entrer petit à petit dans la psychologie de ce petit personnage qui essaie de vivre dans les limites qui lui ont été fixé.
Et puis, il y aura le choc d’une première révélation. Puis, cela ira en crescendo afin de distiller l’horreur de la situation. La fin dévoilera tout et la lecture deviendra plus pénible émotionnellement pour peu qu’on s’intéresse au sort des enfants. Fort heureusement, il y aura des moments plus comiques comme l’apparition d’un certain président de la république adepte des au-revoir et qui n’hésite pas à s’inviter à la table des français moyen.
Le procédé graphique utilisé est celui de la carte à gratter. Depuis les œuvres de Thomas Ott, j’aime beaucoup. Cela colle d’ailleurs à merveille avec la noirceur assumé de ce récit. On ne regardera plus les personnes âgées de la même manière. Le mal peut se cacher partout.
Le titre intrigue un peu. Après cette lecture, on se rend compte que finalement, ce n’est peut-être pas aussi bien que cela d’être le favori. On peut en payer le prix. Au final, cela sonne comme un fait divers qui s’est sans doute déjà produit. L’auteur a réussi un tour de force avec cette œuvre intensément psychologique et qui parait presque authentique. La dernière page tournée, on est encore sous le choc.
La chronique semble avoir été écrite par quelqu'un qui n'a lu que les premières pages de l'album.
Dans la BD, l'auteur présente finalement l'histoire comme réellement survenue dans les années 70.
La tentative de rendre compte des tourments de l'enfant est assez réussie et les dessins souvent saisissants. On remarque aussi quelques maladresses (comme l'insistance sur la part de responsabilité du grand-père – évidente – et le lien suggéré avec son homosexualité réprimée...).