Falloujah
Une BD de Feurat Alani et Halim chez Steinkis - Les Escales (Témoins du monde) - 2020
03/2020 (05 mars 2020) 126 pages 9782365694308 Autre format 388001
Feurat est journaliste. En 2003, il part en reportage en Irak, à Falloujah. Mais Falloujah n'est pas une ville comme les autres, Falloujah, c'est aussi la ville de ses parents, la ville des vacances de son enfance, la ville parcourue par un fleuve dont il porte le nom... Le présent et le passé, le professionnel et le personnel, l'âge adulte et l'enfance s'éclairent réciproquement... Les souvenirs refont surface et c'est une autre Irak qui affleure, humaine, colorée, complexe, vivante. Et une ville qui vit, malgré tout, riche de son histoire, de... Lire la suite
J'avais pris ce titre Falloujah ma compagne perdue dans une autre interprétation comme le deuil d'un mari ou d'un fiancé. En réalité, nous allons suivre le parcours d'un journaliste correspondant à Bagdad qui retourne dans la ville de ses parents pour enquêter sur ce qui s'est passé en 2004 lors de la destruction de cette ville par les américains en campagne contre l'Irak.
Nous savons depuis que les armes de destruction massive de Saddam Hussein n'existaient pas et que tout était une affaire de pétrole. Beaucoup sont morts en croyant défendre un idéal de démocratie alors qu'en réalité, cela cachait de sombres desseins. Mais voilà qu'avec cette BD, j'apprends que les américains ont utilisé une terrible arme chimique et bactériologique à base de plutonium enrichi sur cette malheureuse ville.
On comprendra mieux à la fin pourquoi les habitants se sont alors tournés vers l’État islamique comme pour purger leur haine de l'occupant. Il est question de maladies graves et de malformations multiples dans les naissances. Les experts estiment que c'est pire que ce qui s'était passé à Hiroshima. Et dire que je n'en n'avais pas entendu parler. Il est vrai que les médias se concentre souvent sur des sujets bien plus futiles comme la traite des vaches dans le Lubéron...
Bien entendu, on ne peut que ressortir meurtri par une telle lecture car les faits sont démontrés par le journaliste au terme d'une enquête assez approfondies. Il y aura des témoignages assez accablants et une réalité du terrain qui ne ment pas. Je suis pourtant un occidental mais j'ai honte de ce qui a été fait en cachette à Falloujah. Du coup, on comprend mieux le titre à savoir Falloujah, ma campagne perdue.
Un roman graphique qui nous dévoile le monde tel qu'il est sans rien cacher de la vérité.
La documentation sur les crimes de guerre américains en Irak s'accumule année après année et on reste surpris chaque fois de voir, vingt ans après, comme on s'est habitué à l'indicible. La grande force de la BD est de poser des images sur les évènements, à la croisée exacte entre le documentaire vidéo et l'enquête journalistique. La vision du dessinateur est par définition personnelle et graphique. Le propos du scénariste est lui tout à fait documentaire, presque autobiographique puisque Feurat Alani reprend dans cet impressionnant ouvrage la technique du vétéran du journalisme BD rugueux, l'américain Joe Sacco.
Bien plus graphiques et didactiques que ce dernier, les auteurs de Falloujah nous racontent le retour du jeune étudiant Feurat Alani dans sa ville de Falloujah, là où réside la famille de son père, là où il a passé une partie de son enfance. C'était avant la première guerre d'Irak, avant Daesh, avant les crimes de guerre, les empoisonnements, les bébés sans bras, avant que ceux qu'il connaissait changent de visage, condamnés à la violence, à la guerre et à la haine.[...]
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https://blogs.mediapart.fr/edition/le-monde-de-la-bd/article/150121/la-salle-guerre-americaine-falloujah