Faire le Mur
Une BD de
Maximilien Le Roy
chez Casterman
(Univers d'auteurs)
- 2010
Le Roy, Maximilien
(Scénario)
Le Roy, Maximilien
(Dessin)
Le Roy, Maximilien
(Couleurs)
Emery, Maxence
(Autres)
Gresh, Alain
(Préface)
03/2010 76 pages 9782203028791 Format comics 108496
Camp de réfugiés d’Aïda, Cisjordanie, été 2008. Mahmoud Abu Srour est un jeune Palestinien de 22 ans, qui survit en tenant une petite épicerie. Il s’évade par le dessin et ses lectures, captif d’une immense prison à ciel ouvert : toute la Cisjordanie est une nasse sans issue, cernée par unmur presque infranchissable de 700 kilomètres de long… Son sésame pour une autre vie rêvée : Audrey, une jeune française de 19 ans, venue en Palestine pour comprendre ce qui s’y passe. Mahmoud en est amoureux, et espère la séduire en lui proposant de passer deux... Lire la suite
Faire le mur est l’une des premières bd qui aborde la question palestinienne en me montrant leur point de vue. Il est vrai que jusqu’à une période récente, abreuvés par les médias occidentaux, je croyais naïvement que c’était des terroristes qui voulaient détruire l’état d’Israël. Je ne voyais qu’un monde bipolaire : les méchants contre les gentils. Durant la Seconde guerre mondiale, c’était même très facile de faire ce partage manichéen. De même pendant la guerre froide. Et puis et surtout, les juifs avaient bénéficié de la compassion mondiale liée à la découverte de l’holocauste. Tout le monde avait marché …
Cette lecture n’aura pas été inutile car elle ouvre véritablement les yeux sur ce conflit qui s’éternise depuis plus de 60 ans. Actuellement, la population palestinienne est brimée et parquée autour d’un mur honteux censé protéger des colons. Le mot est lâché : il s’agit bien d’un vaste programme de colonisation. Quel serait alors le prochain stade ? L’extermination de tout un peuple ? Il est vrai que depuis quelques temps, la position des gouvernements occidentaux s’est infléchie. Ce n’est manifestement pas assez pour éviter cet apartheid d’un nouveau genre.
Alors, oui, j’aimerais vivre sur une planète responsable qui éviterait toute forme de conflit. Cela serait le meilleur des mondes. Il faut bien admettre que cette utopie n’existe malheureusement pas. Faut-il alors bien choisir son camp pour ne pas se tromper ? Certainement. Une autre attitude consisterait à les renvoyer les uns comme les autres le dos au mur. Etant moins mâture, j’en avais marre d’entendre parler du Moyen-Orient à la TV ou à la radio. Cela m’harassait littéralement. Je me disais qu’en France, juifs et arabes arrivaient bien à vivre ensemble dans une apparente harmonie, pourquoi cela ne serait-il pas le cas là-bas ? Alors, peut-on mettre sur le même pied d’égalité oppresseur et opprimé ? Je ne le pense pas. Cela serait une manière d’éviter de voir le problème en face et de préférer la fuite en ne prenant pas position. Cependant, il faut toujours avoir en tête qu’un opprimé peut se révéler un jour un puissant agresseur. Rien n’est facile en ce bas monde.
Et puis, il ya ce mot qui cache bien des réalités différentes : terroriste. Depuis un certain 11 Septembre, il y a eu une croisade à travers le monde pour faire la chasse aux terroristes. Du coup, les Etats ont utilisé ce mot pour mâter toute rébellion qui était gênante pour la pérennité de leur régime. C’est encore le cas de nos jours avec toutes les dictatures à travers le monde. Un terroriste tue aveuglément des civils. C’est ce qu’on leur reproche essentiellement. Cette bd va nous apporter des éléments de réponse même si le postulat de base demeure le fait qu’on doit condamner toute forme de terrorisme. Encore une fois, on n’est pas dans le meilleur des mondes !
Je dois bien avouer que la démonstration a été plutôt convaincante. Je ne me transformerai pas en combattant de la liberté pour autant, rassurez-vous ! L’œuvre est plutôt mal dessinée mais ce n’est pas ce qui compte en l’espèce. Il y a une narration qui nous prend tout de suites par les tripes et qui nous emmène sur un terrain insoupçonné. J’ai essayé de croire que cela se voulait objectif. Cela ne sera pas le cas notamment pour certaines affirmations qui sont fausses après vérification.
Cependant, le témoignage de ce jeune palestinien est touchant car il ne fait pas dans la charité ou la compassion à deux balles. J’ai eu la vision qu’avec des gens de bonne volonté des deux côtés, il était possible de construire une paix durable dans un Etat qui les engloberait en respectant leur particularisme et leur culture. A mon sens, la fausse route a été de croire qu’une même terre pouvait regrouper deux Etats différents. On peut toujours avoir de l'espoir d'un monde meilleur ! Cette oeuvre y contribue en tout cas !