Facteur pour femmes
1. Facteur pour femmes
Une BD de Didier Quella-Guyot et Sébastien Morice chez Bamboo Édition (Grand Angle) - 2015
09/2015 (09 septembre 2015) 108 pages 9782818934135 Format normal 254551
1914. Sur une île bretonne, tous les hommes sont mobilisés, sauf Maël : un rêve au milieu des femmes esseulées... La Première Guerre mondiale vide une petite île bretonne de ses hommes. Il ne reste plus que les enfants, les vieux et les femmes. Parce qu’il a un pied-bot, Maël n’est pas mobilisé. Il devient le seul homme, jeune et vigoureux, de l’île… bientôt facteur, bientôt amant…
Voilà encore un album qui n’avait pas attiré mon regard… C’est la récente parution du tome 2 qui m’a décidé.. Quelle bonne idée ! Voilà une histoire originale, des personnages attachants, un scénario surprenant et un travail graphique délicat aux couleurs douces.
Le point de départ est ingénieux : une île bretonne désertée de ses mâles partis à la guerre…tous sauf un, Maël. Il sera donc le nouveau facteur, un rôle qui va changer sa vie. Je vais volontairement en dire le moins possible sur cette histoire, mais vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Surpris comme je l’ai été devant cette histoire légère et dramatique à la fois, agrémentée des paysages bretons balayés par les embruns.
Cet album se lit d’une traite, on regrette même de l’avoir fini si vite…. Je comprends mieux pourquoi ce tome 2 me faisait de l’œil !
28 juin 1914.
Une île au large des côtes de Bretagne.
Un archiduc autrichien assassiné par un jeune étudiant serbe. En Bretagne, et sur une île de surcroît, personne n’en a rien à « kicker » ! Sarajevo ? Connais pas !
Les marins ont du thon à pêcher et les paysans voient que la moisson ne va pas tarder. Seul Félicien, l’instituteur, en lisant le journal, trouve qu’il y a là une sérieuse raison de se préoccuper. Plus vite qu’il ne s’y attendait, les gendarmes débarquent : mobilisation générale ! On sonne le tocsin. Tout le monde est rassemblé. Ordre à tous les hommes de 20 à 50 ans de rejoindre les dépôts pour être équipés et envoyés au front. Pour une fois, la France n’a pas oublié ses « finis terrae », ses terres du bout du monde. Certains hommes y voient une belle occasion de quitter l’île. Personne ne semble envier ce pauvre Maël. Il ne partira pas, lui ! A cause de son pied-bot, il est réformé. Encore un plaisir que le jeune homme ne connaîtra pas ! Il va continuer à vivre avec son veuf de père, brutal et alcoolique.
Très vite, un problème se pose : le facteur aussi a été appelé sous les drapeaux ! Impensable de vivre sans facteur, surtout que les nouvelles des soldats seront attendues avec impatience et qu’ils espéreront recevoir des lettres et des cartes de leurs proches. Le vieux maire a bien une idée : pourquoi ne pas confier la tâche au fils Gréhat ? Maël a un vélo et il sait lire et écrire ! A l’annonce de la nouvelle, le vieux malmène son fils car il prétend qu’il a besoin de lui pour les moissons. Il n’a pas le choix.
Maël est ravi de se voir confier cette tâche et attend tous les jours avec impatience le bateau venu du continent avec son courrier.
Les femmes se sentent bien seules depuis que tous les hommes sont partis. Beaucoup ne savent pas lire. Heureusement, le facteur est là pour leur faire la lecture et, au besoin, pour rédiger une lettre ou une carte. Peu à peu, il entre dans l’intimité de toutes ces femmes… D’autant plus qu’il n’hésite pas à ouvrir le courrier et à prendre connaissance des nouvelles… Il découvre comment se rendre indispensable…
Critique :
Sans les recommandations de mon libraire, je ne me serais pas attardé sur ce magnifique album. Un facteur pour femmes… Sur une île bretonne, en plus ! Non, mais…
Séduit par les dessins de Sébastien Morice et la finesse de son trait plein de douceur, j’ai craqué ! A défaut d’un bon scénario, je pourrais toujours me consoler avec les (très) jolies images de Morice. Et là… Grosse baffe ! Le scénario est admirablement construit… Il vire même au polar ! On s’attache à ce Maël qui, pour arriver à ses fins, coucher avec la plupart des femmes esseulées de l’île, ne va pas hésiter à se comporter comme une fripouille !
Une histoire très humaine… Où les personnages ne manqueront donc pas de défauts… Mais pas que !
Si vous avez la possibilité d’acheter le coffret comprenant les deux intégrales (4 tomes), n’hésitez pas : il est splendide et l’histoire en vaut la peine.
La Première Guerre Mondiale est abordée dans cette bd mais sous un tout autre angle : celui des femmes qui restent toutes seules pendant que les hommes sont au combat à s'entre-tuer. Quand on vit sur une île isolée du contient, c'est encore plus difficile. Voilà que vient un facteur qui distribue le courrier mais pas que. Trahison conjugale et passion seront au programme.
J'ai aimé cette douceur du trait. L'île bretonne est fort bien dessinée avec ces couleurs pastels. La narration est parfaite avec deux temps. Il y a un peu de poésie pour décrire l'amour de toutes ces femmes. On s'enivre avec ce facteur qui prend une revanche sur la vie. Il y a toute une subtilité qui fait la grandeur de ce récit.
Une oeuvre que j'ai grandement appréciée car touchante. On se souviendra du jeune Mael qui souffre d'une difformité et de solitude dans un monde qui ne lui a pas fait de cadeau mise à part la guerre. En effet, celle-ci va procurer une opportunité sur la découverte de l'amour et des femmes. Une lecture à recommander à tous les bretons mais pas que.
Première guerre mondiale, les hommes sont partis au front sauf Maël qui a un pied-bot. Il se voit attribuer la tâche de facteur. Au fil du temps et des lettres, le jeune homme va apprendre à connaître ses femmes qui l'impressionnent. Très vite, certaines femmes feront de lui leur amant. Très vite, Maël va se sentir pousser des ailes et commettre des actes peu moraux afin de rester l'homme de la vie de ces dames.
Le scénario se focalise donc sur l'histoire de ce petit facteur. L'intrigue est maîtrisée et prenante. La dernière partie de la BD est une surprise. Je ne m'attendais vraiment pas à cela. Certes, il fallait s'en douter quelque peu mais j'avoue que je n'ai pas forcément apprécié. Je ne peux vous en dire trop sans spoiler donc je vais m'arrêter là en ce qui concerne l'intrigue.
La BD met également des personnages de femmes en avant. Ces dernières se retrouvent seules, devant accomplir les tâches de leurs hommes. Au départ esseulées, elles vont très vite s'organiser. J'ai aimé les différentes personnalités féminines mises en avant.
Au milieu de toutes ces femmes, il y a Maël. Moqué depuis sa jeunesse pour son handicap, il voit les regards féminins changer à son égard. Timide et maladroit, il est touchant au début de la BD. Mais, il prend très vite confiance en lui et son caractère change. le doux naïf devient un vil manipulateur. Il se transforme en un personnage antipathique. Son évolution est intéressante car il appelle autant la pitié que la haine.
Le tout est servi par une esthétique sublime. J'ai apprécié les vignettes qui nous emplissent les yeux de beaux paysages. Les couleurs sont plutôt franches et tranchées et cela manque un peu de nuance de ce point de vue. En revanche, j'ai totalement adhéré au dessin. Le trait est précis et fin mettant l'accent sur les corps des personnages et leur mouvement. Tout au long de la lecture, le vent fait bouger les paysages et les robes, donnant l'impression au lecteur qu'il est véritablement sur cette île.
Superbe. Le dessin, les couleurs, l'histoire, originale. Petit bémol sur le contenu des lettres que l'Anastasie, la censure, devait encore plus maintenir dans le non-dit (c'est évoqué dans la bd). Mais franchement c'est pour pinailler car je me suis régalé.
J'ai d'abord été attiré par les couleurs rappelant l'univers de Mathurin Méheux, puis par l'iconographie bretonnante. le cadrage et le découpage des cases sont audacieux -voir le jeu des ombres des hommes tendus par la lecture de l'affiche de la mobilisation générale-. Quelles images!
La toile de fond est l'effort de guerre supporté par les femmes de cette île imaginaire, qui sans casque et sans munitions, ont aussi souffert de 1914 à 1918 (voir le film Les gardiennes). Cette évocation de la Grande Guerre est également faite de manière indirecte à travers la lecture des lettres des poilus.
Cette histoire de la revanche sur la vie du "petit" facteur est tout simplement une B.D. magnifique!
PAs d'avis sur cette BD qui est tout sauf ordinaire ???? Je parle des chroniqueurs !! Ils dorment ou quoi ??
Enfin une BD qui sort des sentiers battus, d'une finesse, d'une certaine poésie si rare (à par certain scénarii de Zidrou) et avec un dessin qui sort des formatages "PC" actuels !! Un must de chez must !!! Allez les gars, prenez votre plus belle plume et écrivez nous qlq chose même si c'est un peu tard... Vous chroniquez des BD débiles, alors que celle-ci mérite TOUTE votre attention !!!
Cela faisait un moment que je tournais autour de cet album. Et puis, je l'ai acheté dans sa version toilée, de très bonne qualité, comme savent le faire les éditions Bamboo.
Et puis ce one shot (j'arrête , le plus possible, de me lancer dans des séries interminables) est signé de Morice et Quella-Guyot, les auteurs d'un très original et remarquable "Papeete 1914" consacré, entre autre, à un épisode de la Grande Guerre.
Justement, nous replongeons ici , non dans les tranchées, mais dans cette période vécue sur une île bretonne, ressemblant étrangement à l'ïle de Houat (pour ceux qui connaissent)
A travers Maël, facteur ad hoc, nous découvrons le quotidien de cette île où tout les hommes sont partis combattre, tous sauf un, Maël qui saura à travers des astuces et des mensonges, réconforter ces femmes seules.
La grande qualité de cette histoire réside dans ce personnage de Maël, pour lequel, au fil de la lecture, nous éprouvons de moins en moins de sympathie; mais aussi dans le chapitre de conclusion, qui donne envie de relire l'ensemble sous un nouvel éclairage. C'est osé, malin et surtout très intelligent, cette conclusion.
Reste un autre point positif de l'album que j'avais, je crois déjà souligné lors du précédent diptyque, la qualité du dessin ...de véritables cartes postales parfois...un dessin magnifique doublé de couleurs fort réussies, cet album ne fait que ravir le breton, amateur de bd que je suis.
La guerre de 14 vue autrement..........lisez-le.
Une histoire joviale en clin d’œil revanchard dans laquelle s'invite également les turpitudes propres à l'âme humaine. Des dessins somptueux et lumineux tout en contraste avec les évènements dramatiques qui se jouent sur le front. Un bien bel album, très original qui vaut assurément le coup d'être lu.
Histoire très originale de la guerre de 14 vue d'une Ile de Bretagne, où les femmes après le chagrin du départ se sentent finalement libérées et responsables, et si la guerre était pour elles une parenthèse enchantée, où les besoins de la nature vont se reporter sur le petit facteur pied-bot finalement assez mignon. Mais les conventions de la vie sont cruelles et la fin nous le rappelle.
Très bonne histoire magnifiée par un magnifique dessin, que la BRETAGNE et ses femmes sont belles sous le crayon de MORICE. À ne pas manquer.
De magnifiques dessins et de jolies couleurs pour cet album atypique. L'histoire l'est tout autant. L'entrée en matière est surprenante et manque un peu de finesse, tant dans l'action que dans les dialogues mais cet album n'est pas pour autant inintéressant.