Fable toscane & autres récits
Une BD de Sergio Toppi chez Mosquito - 2021
02/2021 (05 février 2021) 79 pages 9782352839026 Format normal 415543
Lombardie, Toscane, Sicile 5 récits Les choses cachées Les peuples anciens sont en paix. Le mal ressurgi sous la forme d'un énorme sanglier. Les hommes se rassemblent pour tuer la bête. Le chamane sait bien que le désir de tuer dort d'un sommeil léger et ne demande qu'à se réveiller. Une bête meurt, une autre s'éveille. Le manteau de Saint Martin 1258, des soudards massacrent de villages et dressent des bûchers pour combattre une hérésie naissante. Deux enfants s'enfuient dans la forêt, poursuivis par des spadassins. Ils pensent trouver le salut... Lire la suite
L'album s'ouvre sur "Les choses cachées" un récit sur l'irrépressible instinct de tuer chez l'humain, mais ici la victime est un sanglier, et le meurtre n'est qu'une partie de chasse. Banalité du mal, donc, et tout le tragique de l'effroi de la mort dans l'oeil du sanglier cerné par ses bourreaux saisis dans leurs paisibles travaux quotidiens.
Mais bourreaux !
Le récit suivant, "Le manteau de Saint Martin" offre quelques belles gueules d'assassins et de soudards pratiquant une autre traque : la chasse à l'homme !
Mais c'est avec "Fable de Toscane" que l'album expose plus longuement cette thématique existentielle. Le savetier de La Fontaine est ici menuisier, et l'iniquité de l'impôt des puissants le mène à une évasion spectaculaire dans le temps, avec une fin ouverte sur tous les possibles, et une morale à usage du lecteur ému.
Ce récit se décline en découpages classiques, une rupture avec les éclatements centrifuges habituels chez Toppi, et qui font danser la page : c'est qu'ici la fable est paisible et la narration chemine tranquillement au rythme de la vie bien réglée de ce héros, simple artisan. Une fable sur le temps comme échappatoire, un récit sur les bienfaits de la mort douce alors que l'injustice perdure pour les vivants.
Le récit suivant montre en gros plans successifs la peur qui saisit un village où rôde un incendiaire inconnu, mais que tous les villageois connaissent...
Quant au dernier chapitre, c'est une variation héroïque sur la Geste de Roland le preux, qui se termine en farce. Une chute qui cueille le lecteur à froid car jusqu'à la dernière page il baignait dans la chaleur des compositions hardies de Sergio Toppi, saturées du cliquetis des épées et des armures, portées par le tragique et le fantastique...avant que l'illusion disparaisse brutalement !
Jean-François Douvry