Extases
1. Où l'auteur découvre que le sexe des filles n'a pas la forme d'un X...
Une BD de
Tripp, Jean-Louis
chez Casterman
- 2017
Tripp, Jean-Louis
(Scénario)
Tripp, Jean-Louis
(Dessin)
<N&B>
(Couleurs)
Tripp, Jean-Louis
(Préface)
09/2017 (06 septembre 2017) 268 pages 9782203121928 Autre format 308734
Et si le dernier continent à explorer était celui de l'intime ? Les relations amoureuses, les pratiques sexuelles, les émotions, les sensations, les sentiments, comme autant de territoires à arpenter et à cartographier... C'est le parti pris d'Extases, la série autobiographique de Jean-Louis Tripp. Du petit détail trivial au sublime, du physiologique au métaphysique, de la jalousie qui consume à l'échangisme joyeux, toutes les facettes qui façonnent la sexualité sont évoquées.
Quand il y a quelques années, Aurita Aurélia avait réalisé Fraise et Chocolat, les loups ont crié en meute au scandale car ce fut l’une des premières bd autobiographiques qui parlait de sexe dans son intimité la plus crue. Aujourd’hui, quand Jean-Louis Tripp fait exactement la même démarche, on crie au chef d’œuvre et au génie. On loue également avec une certaine ferveur ce côté dévoilement de sa vie intime qui était analysé comme crade et dérangeant voir tabou chez Aurita. Je cherche toujours à comprendre cette différence de traitement qui n’est malheureusement pas motivée que par le talent.
Certes, on n’attendait pas cet auteur sur ce registre après l’aventure du Magasin général. Je dois dire que c’est un véritable pari audacieux qui est gagné haut la main. Il y a encore certaines personnes qui conseillent à cet auteur un stage de formation en dessin en achetant des bd sur Amazon afin de se perfectionner. Sic ! Je dois bien dire qu’elles sont complètement à côté de la plaque et dans l’ignorance la plus totale du monde de la bande dessinée. Même moi qui suis pourtant difficile et critique, je dois admettre que le trait est parfaitement maîtrisé. En effet, le dessin est réellement de toute beauté avec une certaine sensualité surtout pour les corps féminins.
Il n’est pas trop question d’amour mais surtout de sexe. C’est un peu normal à l’âge de la découverte de son corps et de celui des autres. Les expériences vécues par l’auteur sont peu communes et c’est vrai que c’était assez intéressant. De là, je n’irai pas à conseiller cela à mes enfants comme une lecture obligatoire ou un passage obligé car il y a une barrière que les psychologues du monde entier conseillent de ne pas franchir dans la relation parentale. Après tout, à chacun de faire la découverte du plaisir. C’est vrai qu’il y a quand même un côté voyeur à pénétrer dans l’intimité de la vie sexuelle d’un auteur. Je ne m’inquièterai pas pour le nombre de ventes qui va sans doute exploser.
Le ton demeure léger comme pour mieux faire passer la pilule. Il y a également de la tendresse et pour tout dire un certain talent. On ne s’ennuie pas une minute tant les thématiques sont traitées de manière tout à fait originale dans l’approche. J’ai beaucoup aimé ce côté regard sur le corps de l’autre qu’il soit féminin ou pas. Toutes les expériences possibles ont été tentées ce qui confère une certaine maturité d’esprit. Les connaisseurs peuvent parler sauf à considérer que l’intimité ne doit pas se dévoiler afin de respecter la vie privée. Je suis un adepte de la liberté donc cela ne me pose pas de problème.
C’est frais et c’est adulte : tout ce que j’aime dans la bd. Oui, malgré toutes mes critiques, force est de reconnaître une œuvre d’une rare originalité dans l’approche d’un sujet pour le moins érotique. On ne fera pas la fine bouche.
Faut-il encore vous présenter Jean Louis Tripp ? Il est l’un des auteurs (avec Régis Loisel) de la célèbre série « Magasin Général » qui a été commencée en 2006 et de nombreuses fois sélectionnée à Angoulême.
A la fin de ce long cycle, Tripp nous explique en introduction de cet album s’être senti déstabilisé aussi bien professionnellement que personnellement. Il nous livre donc un album plus intime qui reprend l’autobiographie de sa vie sexuelle. Au départ, nous avons eu quelques réticences à suivre (pour la énième fois) les émois amoureux d’un jeune garçon, avec l’idée d’avoir déjà, de trop nombreuses fois, lu ce genre de témoignage initiatique d’adolescent… Mais, c’était sans compter sur la sensibilité particulière et le brio de cet auteur. Comme nous le constatons à chaque fois, plus le récit de vie est intime et plus il nous touche en devenant universel.
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L'idée est séduisante, osée. Le résultat est un album qui s'abstient de toute provocation, ni vulgarité, on peut dire des gros mots sans être vulgaire, témoins Brassens ou Renaud. L'époque est là, bien rendue, les années soixante-dix, après une certaine libéralisation des moeurs et des mentalités, mais avant le sida.
Mais bon... l'album est long, et on finit par être un peu saturé de dessins de sexes et de branlettes, ça finit par être un peu lourd. Pas sûr d'acheter la suite...
« Extases » c’est d’abord l’album de la liberté, de la liberté sexuelle telle que l’a vécu Jean Louis Tripp à l’heure où le SIDA ne sévissait pas. Mais c’est aussi celui de l’amour joyeux, fou voire gai (sans jeux de mots, bien que sur certaines pages….vous verrez).
Est-ce du courage, de la folie ou un défi, en tout cas, Jean Luis Tripp se met à littéralement à nu dans cette nouvelle série (qui comprendra 3 ou 4 albums) qui retrace sa vie sexuelle depuis son enfance ou adolescence. Quelle vie sexuelle, mon dieu ! Il se livre sans tabou. De la découverte de l’onanisme à la partouze (mais qu’est-ce qu’il lui reste donc à découvrir pour les prochains volumes ?), tout y passe, y compris la candaulisme, l’amour libre, l’échangisme, l’expérience homosexuelle….
Mais ce premier opus est aussi drôle (ah ! le sympathique satyre bien membré est assez réussi !) et Jean-Louis Tripp nous livre des dessins exagérés de pénis et autre organes, qui ne donnent pas à cet album une connotation pornographique (on est assez loin du genre bd dite pour adultes), mais au contraire apporte un côté assez pédagogique sur les questions sexuelles.
Comme beaucoup, j’avais découvert Jean Louis Tripp avec la série « le magasin général », qui rétrospectivement, avec le personnage Marie, brise aussi les tabous de l’époque. Je trouve évidement que son dessin est très proche de celui de cette série, à tel point que je me demande quel était l’apport de Loisel comme dessinateur.
La narration est fluide, même si parfois elle ne suit pas toujours la chronologie, et le fait de passer de la description narrative à la confession (avec le passage au « je » au bout de quelques pages) donne un côté encore plus fort au récit.
C’est certainement l’album de la rentrée.
Quel courage et quel album. Du courage, il en faut pour se mettre à nu de la sorte et porter son intimité au regard de tous (amis, voisins, famille, lecteurs, milieu pro...). Tout ce petit monde va jazzer (ou pas d’ailleurs) à la lecture de cette savoureuse BD. Parcequ’elle est savoureuse cette BD... Savoureuse, rafraichissante, drôle et excitante. Bravo pour ce début d’autobiographie et vite vite vite le tome suivant.