Even (Zidrou/Alexeï)
Even
Une BD de Zidrou et Alexeï chez Delcourt - 2021
06/2021 (09 juin 2021) 79 pages 9782413013266 Grand format 425098
Dans un monde où la ségrégation n'est plus raciale ni religieuse mais esthétique - les beaux d'un côté, les moches de l'autre - l'Erospital du Dr. Sidibe devient le théâtre d'une enquête menée par la journaliste Seymour. EvEN traite de thérapie sexuelle, du contrôle de l'intime par l'autorité. Mais il constitue avant tout une histoire d'amour, amours brisés ou impossibles... mais amour toujours.
cette Bd qui n'est pas érotique et qui tente de traiter le sujet m'a autant déçu par ses dessins que son scénario. l'histoire fait de séquences est en final inaudible. Décevant
Je ne connaissais pas Zidrou comme auteur de BD dite érotique. Je suis agréablement surpris et j'admire quand un auteur sort de sa zone de confort pour explorer d'autres choses.
On se situe dans un monde où le Ministère de la santé de la Communauté Européenne a décidé de s’immiscer dans la vie sexuelle de ses habitants afin de les rendre plus heureux. Il s'agit également de s'occuper des cas de déviances (c'est à dire quiconque ne parvient pas à s'épanouir sexuellement). Bref, l'objectif est d'améliorer le bien-être socio-affectif de chaque citoyen éco-responsable.
Bien entendu, dans le cadre de ce programme, chaque cas est traité différemment et ce quelque soit nos préférences sexuelles. C'est sous le contrôle de spécialiste psychologies dénommé des orgasmologues. Tout un programme sanitaire qui œuvre à notre bien-être collectif !
Even nous entraîne dans les méandres, les fantasmes et les pulsions d'une dystopie sexuelle. A noter que ce monde est sujet à la ségrégation entre les beaux individus et ceux dénommées les Ugs autrement dit les moches (ugly). C'est bien une autre forme de dictature qui n'est ni religieuse, ni politique mais esthétique. Quand on vous dit qu'il faut rester jeune et belle, maigre de préférence et manger du bio sans gluten !
Il y a un côté récit d'anticipation et de science-fiction à cette œuvre assez singulière qui pourrait ressembler à un épisode de l'excellente série « Black Mirror » pour ceux qui connaissent. Elle peut trouver des résonances dans le fait que la santé peut justifier des incursions et surtout des privations de libertés individuelles surtout dans un monde en proie à une crise sanitaire inédite.
L'enchaînement des différentes séquences est parfois assez déroutant pour la compréhension. Il s'agit de faire une pause et bien reprendre le fil. A noter un final que j'ai jugé pour ma part assez peu convaincant.
Au final, c'est une œuvre assez audacieuse sur une bonne idée de départ qui a été exploitée assez maladroitement. Pour autant, l'ensemble demeure satisfaisant.