L'essai
Une BD de Nicolas Debon chez Dargaud (Long Courrier) - 2015
05/2015 (07 mai 2015) 80 pages 9782205074390 Grand format 243914
Avec L'Essai, Debon signe un histoire complète qui, entre fiction et réalité, met en scène l'histoire vraie d'une communauté anarchiste. Dans son nouveau one shot, Nicolas Debon s'inspire de l'histoire vraie d'une communauté anarchiste installée dans les Ardennes en 1903. Fonctionnant sur le principe de liberté et sur les préceptes libertaires, la communauté de L'Essai illustre à merveille l'espoir d'un modèle de société différent et exempt de toute autorité, dans une France plongée dans la misère.
L’essai est une bd qui raconte une histoire vraie, celle d’une expérience de type phalanstère. J’avais entendu parler de ces communautés qui souhaitent vivre en autarcie sur un autre modèle que celui que la société nous a imposé. C’est un peu le repaire de tous les anarchistes et les communistes qui refusent le système capitaliste.
La question serait de savoir si un lecteur typiquement capitaliste pourrait adhérer à cette lecture. Bien entendu, le terme capitaliste n’est pas galvaudé puisque nous vivons tous dans ce système depuis 4 siècles. Il ne faut pas oublier que les anarchistes ont commis des attentats meurtriers à la fin du XIXème siècle en balançant des bombes dans les cafés parisiens. D’ailleurs, ce fut le cas du frère de l’initiateur de ce projet. Je n’invente rien.
On va avoir droit à un essai manqué. Il y avait quelque chose d’excitant à monter une ferme du genre kolkhoze dans un endroit vierge. Les principes sont toujours bien sur le papier : ni autorité, ni maître. Or, à un moment donné, le fondateur voudra se comporter comme un tyran en imposant sa volonté au groupe. Oui, de généreuses idées qui ont conduit à la pire abomination avec le nazisme à savoir le communisme. On sait comment ont terminé les opposants et les innocents.
Bon, on va mettre ces considérations politiques de côté pour ne se concentrer que sur la bd. Celle-ci ne se concentre que sur les faits à savoir la construction de ces bâtiments et de ses terrains qu’il va falloir labourer pour faire les premières récoltes. Quand on va revenir sur les personnages, ceux-ci vont nous apparaître comme totalement étrangers car la mise en scène les avait d’abord exclus. Il n’y a pas de psychologie propre. On n’arrive pas à avoir un ressenti.
Sinon, pour le reste, je dirai que cette colonie a manqué de chance au niveau du climat qui a été plutôt très hostile. Par ailleurs, je doute que l’autarcie soit une solution contre la mondialisation. Le repli sur soi n’est jamais une solution.
Nicolas Debon s’empare dans « L’essai » d’un fait réel étonnant – la naissance d’une communauté libertaire en 1903 – avec beaucoup de sincérité.
Son style graphique très coloré, bien adapté aux grands espaces, dépeint à merveille la forêt ardennaise. Ce qui donne un album superbe, intéressant et bien documenté.
Le problème vient de la narration à la première personne. C’est monocorde, neutre, descriptif, factuel et chargé parfois d’obscurs aphorismes anarchistes. Personnellement cela m’a laissé en dehors de cette histoire pourtant féconde, en ayant l’impression de lire un reportage illustré. Aucune émotion ni psychologie n’affleure jamais pour impliquer le lecteur et faire vivre tous ces protagonistes dont on ne saura finalement rien, alors que c’était un paramètre essentiel pour comprendre et s’approprier cette histoire.
Ayant ressenti exactement la même froideur scénaristique pour « L’invention du vide », je ne suis pas sûr que ce talentueux dessinateur sache raconter une histoire. Frustrant.
Un dessin magnifique et une histoire passionnante tirée d'un fait réel. Ou comment au tout début du XXème siècle, des anarchistes qui rejetaient la société, affluèrent de toute la France (et même d'autres pays d'Europe) dans les Ardennes, pour fonder une communauté autosuffisante et régie par leurs propres lois, celles du travail et de l'entre-aide.
Un joli conte utopique qui a réellement existé et fonctionné, rendant cette bande-dessinée d'autant plus intéressante. Les dessins, de leur côté, sont superbes pour retranscrire les dures conditions de vie de l'époque, dans ces régions rurales assez hostiles du nord de la France.
Graphiquement atypique, cet album très réussi met en lumière une tentative méconnue d'utopie "thomasmorienne" dans le nord de la France. Fascinant.
Très bon album qui a le mérite de nous faire découvrir une histoire méconnue racontée à la première personne, ce qui nous frustre un peu puisqu'on ne connaît pas le destin du narrateur. C'est un très bon reportage, sans pathos ni romantisme, et pourtant il passe le souffle de l'utopie qui nous laisse un goût amer.
Les dessins surtout au début rendent très bien la dureté mais la beauté de la nature, donnent de la chair au travail et au partage, et nous glacent avec la neige et le vent.
Un beau récit auquel on aurait voulu croire.