L'enfer est vide, tous les démons sont ici
Une BD de Marie Bardiaux-Vaïente et Malo Kerfriden chez Glénat - 2021
09/2021 (01 septembre 2021) 126 pages 9782344040041 Autre format 431871
L'héritier du procès de Nuremberg. Adolf Eichmann est l'un des grands architectes de la « solution finale » mise en place par le IIIe Reich. Après la guerre, celui qui a mis tant d'acharnement à organiser et optimiser l'annihilation des juifs parvient à s'exiler en Amérique du Sud où des agents du Mossad le capturent en 1960. Son procès à Jérusalem, l'année suivante, est un événement historique : pour la première fois, les juifs vont eux-mêmes juger officiellement un de leurs bourreaux. Le monde entier a le regard braqué vers la capitale israélienne... Lire la suite
Le sujet est sérieux puisqu'il s'agit du procès du célèbre nazi Adolf Eichmann qui a été enlevé en Argentine par les agents du MOSSAD pour être jugé devant une cour de justice en Israël sous la direction de David Ben Gourion alors premier Ministre. C'était un geste politique fort pour ce jeune état en quête d'unification par rapport à la mémoire commune de l'horreur absolue.
La délicate question qui divise est : fallait-il nécessairement appliquer la peine de mort dans une telle configuration face à un monstre qui joue le fonctionnaire zélé dans le genre « j'ai tué des millions de juifs car c'était mon boulot de fonctionnaire d'obéir aveuglément ». C'est là où on pourrait avoir des envies de meurtres.
En France, en droit pénal, nous avons ce qu'on appelle la théorie des baïonnettes intelligentes qui permet à un fonctionnaire de ne pas appliquer un crime lorsqu'il est gentiment demandé par le hiérarchique. Il y a des moments où il faut savoir dire « non » surtout dans des cas aussi extrême.
Par ailleurs, on apprendra que l'état d'Israël n'a plus jamais appliqué la peine de mort après l'exécution d'Eichmann. L'abolition de la peine de mort est un absolu qui ne souffre d'aucune exception.
Cette BD est d'une rare intelligence sur un sujet qui divise encore la société israélienne. A noter que j'ai beaucoup aimé ce qu'avait écrit Primo Levi à ce moment là. Ce n'est point du pardon mais de l'humanité dans un monde qui en manque cruellement.